Dans votre article « le métier militaire encore attractif », vous relatez les différents aspects qui amènent à réfléchir sur l’attractivité du métier de militaire : recrutement qualitatif, évolution de carrière, injustice financière et sociale, changement des « règles du jeu »…
Je me permettrai de compléter (rapidement) votre « regard » sur la situation en faisant quelques rappels et remarques sur un métier en perte de vitesse (et pour causes !).
En effet, suite à un article (1) paru dans Terre Magazine, je répondais (2) à son auteur en exprimant le grand regret de voir beaucoup trop de nos « chefs » se focaliser sur le bon déroulement de leur carrière au détriment de la protection des droits de leurs subordonnés.
J’évoquais également le problème de la hiérarchie : chefs « carriéristes » aux comportements de plus en plus déviants, dépréciation des grades, etc.
L’armée professionnelle ne doit plus admettre le diktat de « chef » dont les propos et les actes sont souvent anachroniques et peu réalistes…
Chaque jour qui passe me conforte dans mes opinions par mes observations tant les exemples sont nombreux … (mais si !)
Mais un autre sujet qui fâche pointe son nez depuis quelques temps déjà : les dispositions concernant la reconversion des militaires ! (Voir dernier article sur IDPNO – une cerise sur le gâteau !).
Pour avoir « bénéficié » (terme généreux mais pas de circonstance !) de la reconversion ainsi que quelques-uns de mes camarades, j’ai pu constater les lacunes du fameux principe édicté par l’EMA : « la reconversion est le deuxième volet de la professionnalisation ».
SBO (3), STRE (4) sont autant de noms barbares à l’efficacité douteuse. Je peux vous assurer qu’en matière de dialogue de sourd on ne fait pas mieux ! Les jeunes engagés soucieux de préparer leur reconversion dans les meilleures conditions expriment leur mécontentement parce qu’ils ont la nette sensation d’être dirigé vers une impasse.
Plus grave quand on sait que les crédits à la reconversion ont diminué de plus de 13% par rapport à 2002, on est en droit de se poser de sérieuses questions pour l’avenir du recrutement dans les armées! Toujours beaucoup de paroles, moins d’efficacité dans les actes et sur le terrain !
Et que penseront ces jeunes engagés quand ils sauront que nos généraux (et autres officiers supérieurs) sont soignés « aux petits oignons » en matière de reconversion ? On parle de faire des économies ? Mais qui trinque encore ? A vo’t bon coeur Messieurs et à vo’t santé !
Remettons d’abord les « choses » à leur place et rendons à César ce qui lui appartient.
S’ils ne veulent pas être condamnés pour « non assistance à subordonnés en danger », les chefs responsables (s’ils se définissent ainsi) devront agir en inculquant certes le respect de la hiérarchie à tous les échelons mais également en mettant un point d’honneur à préserver les droits de leurs subordonnés quoiqu’il en coûtât et au risque de déplaire « aux résidents permanents des tours d’ivoire ».
Mais au regard des dernières « évolutions » du fameux nouveau statut des militaires, les « résidents » en question vont pouvoir préserver leurs intérêts ! Pire, ils continueront à marteler que les « vessies sont bien des lanternes » car appliquer la « politique de l’autruche » est un art qu’ils ont su développer à merveille selon le bon vieux principe du « faites ce que je dis, pas ce que je fais ».
En faisant allusion au devenir de notre armée, je me souviens qu’un général de haut rang avait écrit en substance ceci : « nous sommes au milieu de la rivière, nous n’avons pas encore atteint l’autre rive car le courant est fort… » On se demande si ce général n’est pas resté trop longtemps sur le bord de la rive !
C’est une grande erreur de sous-estimer et négliger les plus anciens d’entres nous car nous avons besoin de leur expérience et leur sagesse afin que les jeunes, qui sont à l’écoute de ce qui se dit et se fait dans notre beau métier, puissent encore vouloir partager cette foi malgré tout.
A vouloir ignorer ce « fameux bassin de pollution » dénommé si joliment par le ministère de la Défense, on ne peut plus s’étonner des difficultés rencontrées dans le recrutement !
Chef peu scrupuleux du bien-être des subordonnés ? Inégalités de salaire au regard de la fonction publique ? Reconversion aux moyens limités ? Statut des militaires bâclé ? Volte-face en matière de règles…
Vous avez dit avoir la foi ?
(1) entre sophisme et antinomie
(2) la raison du plus « chef » n’est pas toujours la meilleure
(3) SBO : session bilan orientation
(4) STRE : session technique recherche d’emploi
Lire également :
Indemnité de départ des personnels non officiers (IDPNO) : la grogne !
Le métier militaire : encore attractif ?