Les militaires en mal de logement

Extrait du journal Le Parisien du mercredi 10 mars 2004.

Creil/Base aérienne

Si les militaires sont de plus en plus nombreux à venir travailler sur la base aérienne, ils désertent massivement le Bassin Creillois. L’absence de logements adaptés et une mauvaise réputation justifieraient ce paradoxe. C’est un fait, la commune sur laquelle est implantée la BA 110 n’attire pas les militaires et leurs familles.
Aujourd’hui, le commandement de la base souhaite infléchir cette situation pénalisante pour l’économie et la vie locales.

Mais le phénomène ne date pas d’hier. « Cela fait au moins trois généraux qui se succèdent à la tête de la base et qui ont les mêmes soucis de logement », avoue le maire Christian Grimbert. « Nous avons de plus en plus de mal à loger notre personnel pour des raisons d’environnement », explique le général Marc Leduc, qui commande la BA 110 et les 2600 militaires qui y travaillent. « ils ne veulent pas habiter Creil, à mon avis à tort car la région a de sérieux atouts. »

Ceux qui ont les moyens mettent les voiles vers l’extrême Sud du département, sur les secteurs de Chantilly et Senlis. Et d’autres encore choisissent carrément de ne pas s’installer dans l’Oise. Dans le jargon militaire, on les appelle les « célibataires géographiques ».Ils sont 850 actuellement à avoir laissé leur famille sur leur précédent lieu de mutation et à prendre régulièrement le train pour la rejoindre. « C’est beaucoup trop », estime le général. Creil perd des habitants potentiels, et c’est autant d’investissement humain dans la vie locale et de pouvoir d’achat qui part en fumée pour la commune.

Véritable ville dans la ville, la base aérienne est devenue un élément essentiel dans le Bassin creillois, depuis sa réouverture en 1990. A titre d’exemple, 7,5 millions d’euros sont chaque année dépensés localement par la BA 110 simplement pour son entretien. Et le développement du site ne va faire qu’accentuer cette situation. « La base a vocation à pérenniser l’existant et à accueillir de nouvelles unités dans les cinq années à venir », annonce le général Marc Leduc. Cent cinquante à 200 personnes devraient venir grossir l’effectif d’ici à 2009.

« Chaque unité déjà stationnée à Creil va grossir un peu. Nous allons intégrer une structure de maintenance pour l’escadron Vercors. La direction du renseignement militaire va répartir ses services entre Paris et Creil. Et à l’échéance 2006, la base devrait compter un escadron d’hélicoptères de la gendarmerie. » Une croissance qu’il faudra maîtriser. « Tous ces gens devront être accueilli et intégrés dans le tissu local », s’inquiète le commandant de la base. En développant des projets immobiliers mieux adaptés, le général espère ramener davantage de militaires vers Creil. « C’est mieux pour la ville et c’est mieux pour le personnel. »

Un projet de réhabilitation de l’îlot Cornet

La base dispose actuellement d’un parc immobilier de 638 logements conventionnés. Des appartements et des pavillons qui ne correspondent guère aux aspirations des militaires d’après l’encadrement de la BA 110. C’est pourquoi le général Marc Leduc espère vivement voir aboutir des projets mieux adapté à la demande. La réhabilitation de l’îlot Cornet à Creil, du nom de l’ancienne carrosserie installée sur les lieux, pourrait constituer un premier pas. La zone visée par l’opération immobilière se situe entre la rue Victor-Hugo, la rue Beauvoisis et le quai d’Amont.

Mais avant de lancer des travaux, il s’agit de rassembler les parcelles concernées qui appartiennent aujourd’hui à trois propriétaires différents : la municipalité de Creil, le ministère de la Défense et un particulier. Sur ces terrains inoccupés, implantés au coeur d’une tranquille zone résidentielle, la ville et la base aérienne espèrent voir se construire de nouvelles habitations. « Des petits bâtiments collectifs et des maisons individuelles », précise le maire, Christian Grimbert, qui voit dans cette idée « une opération de diversification de l’habitat ». Car l’îlot Cornet ne serait pas réservé aux militaires. « Nous ne voulons pas de ghetto, souligne le général Marc Leduc. L’idée est de construire des logements adaptés à la population qui veut vivre dans des habitations agréables et proches du centre-ville ». Environ soixante logements, partagés entre les militaires et les nouveaux habitants, pourraient être ainsi créés. Reste à trouver celui qui supportera le poids financier de ce projet. « Des promoteurs se sont déjà montrés très intéressés », confie Christian Grimbert

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