Amélioration de la condition militaire

L’Association de défense des droits des militaires remercie
le Colonel (er) Roland CANDY pour la qualité de l’article sur
l’amélioration de la condition militaire qu’il a bien voulu
lui adresser pour publication sur son site.

Dans cette étude, le Colonel CANDY lance un vibrant appel
aux différentes associations de retraités militaires
afin que celles-ci s’unissent autour d’objectifs communs. Il
préconise « une coordination autonome des
revendications de la profession militaire ».

Le constat effectué sans complaisance et les moyens
exposés pour pallier les déficiences du pouvoir
hiérarchique en matière de condition militaire
recouvrent les préoccupations de l’ADEFDROMIL et son combat
depuis sa création. Le cas échéant, nous nous
inscririons tout naturellement dans cette dynamique de
coordination.

Les Associations sont-elles condamnées à l’inertie
?

1. LA CONDITION MILITAIRE EN QUESTION.

Pour faire simple, on peut dire que cela ne va pas au mieux ; en tous les
cas, pas assez bien pour motiver un courant d’engagements et de
rengagements qualitativement satisfaisant.

Depuis des décennies, garanties et protections
(considération honorable, carrière,
rémunérations, reclassement ou reconversion), en un
mot, les compensations accompagnant les sujétions
spécifiques de la condition militaire (mobilité,
disponibilité, précarité de l’emploi pour la
plupart, acceptation du risque vital et d’une
pénibilité provoquant souvent une usure
prématurée, limitation des droits civiques, etc.)
n’ont fait que se réduire relativement aux progrès
sociaux constants dont ont bénéficié les
autres citoyens et plus particulièrement les agents civils
de l’Etat.

Les gouvernants de toutes tendances usent avec un étonnant
réalisme politique de cette inégalité rampante. En
trente cinq ans, le temps d’une carrière complète, le
format de nos armées est divisé par trois (par cinq pour
l’armée de terre), sans que cela suscite la moindre turbulence.
Les militaires professionnels sont seuls à en subir les
méfaits sociaux (réductions brutales des perspectives de
carrière et difficiles ou impossibles reconversions).

2. REPRESENTATION DES INTERETS PROFESSIONNELS.

La profession militaire demeure totalement privée de moyens de
communication externes autonomes. Il n’est donc pas surprenant que les
attentes du personnel ne puissent être entendues que du
gouvernement et de son administration. A la fois juges et parties, ces
derniers se font un devoir d’éluder ou d’étouffer les
revendications, même légitimes, pour ménager les
deniers de l’Etat.

Qui assure la défense et l’amélioration de la condition
militaire ? Qui dispose de suffisamment d’audience pour amener le
gouvernement à accorder à cet objectif un niveau de
priorité et d’urgence suffisant ?

Le statut général des militaires de 1972 répond
simplement : LE CHEF « qui doit rendre compte » et les
organes consultatifs du commandement (CSFM, représentants des
catégories, etc….). Or le chef, comme l’ensemble de la
technostructure civilo-militaire de la Défense ne peut et ne doit
être que l’exécutant et l’informateur fidèle du
pouvoir politique.

En fait, cette délégation à la
hiérarchie de la représentation des
intérêts des militaires offre au pouvoir assez de
recul pour lui permettre de différer ses réactions
aux attentes et aux humeurs du personnel et parfois même de
les oublier ; processus impensable avec les autres agents de
l’Etat.

Cet expédient use insidieusement la crédibilité et
l’autorité de la hiérarchie puisqu’elle ne peut aboutir.
L’érosion de la confiance en est sensiblement aggravée.
Mais ce dispositif permet d’assurer une gestion quasi
discrétionnaire en période de forte mutation de
l’institution. La « neutralité » des médias,
l’indifférence de l’opinion et donc de la classe politique, sont
ainsi préservées de vaines tracasseries.

Les troubles sociaux dans la Gendarmerie et d’autres moins
médiatisés, ont amené le pouvoir à «
commander » un rapport à une commission constituée de
hauts fonctionnaires et d’officiers généraux. Les travaux
très strictement orientés et encadrés de cette
commission ne préconisent pas de modifications fondamentales,
notamment pour la concertation sociale.

Le rôle de représentation que s’étaient
attribués de manière progressive et informelle de
nombreuses associations de militaires (écoles) et d’anciens
militaires depuis des années est même clairement
écarté : « La raison d’être d’une
association professionnelle (ndr : ou de professionnels) est
précisément de fédérer les forces
individuelles des associés pour constituer une force
corporative organisée, suffisante pour faire au besoin
pression sur l’autorité hiérarchique (ndr : en fait
sur le pouvoir à travers les médias, l’opinion et les
élus) dans le but de défendre les droits et les
intérêts professionnels des associés (ndr : et
de l’ensemble des militaires concernés).

Ainsi, pour la commission, les associations qui se mêleraient de
défendre les intérêts de la condition militaire ne
seraient rien d’autre que des « syndicats sous couvert
d’associations ». Les militaires en activité ne devraient
donc pas y adhérer ou en demeurer membres ! En bref, sur cette
question essentielle pour l’avenir de notre profession, rien ne doit
changer. C’est un constat incontestable de REGRESSION.

3. LE RECOURS AUX ASSOCIATIONS DEMEURE.

La condition professionnelle des militaires a des implications directes
ou indirectes sur la quasi totalité des objectifs que se sont
fixées les associations. Si elles devaient choisir
dorénavant de ne plus s’y intéresser ou de n’en traiter
qu’avec l’administration, de la manière la plus confidentielle,
elles perdraient toute attractivité en même temps que la
confiance de leurs adhérents. C’est peut être le but
visé par le pouvoir politique.

Mais heureusement, il n’en demeure pas moins que les
retraités, membres de ces associations, ont toute
liberté de réfléchir, de se concerter, de
s’exprimer et d’agir dans la défense de leurs jeunes
camarades en activité ; c’est LEUR DEVOIR, même s’ils
ont déjà beaucoup donné et si
l’évolution des retraites n’est plus liée à
celle des soldes. Mais surtout, bien plus que la reconnaissance de
leurs mérites passés, ce nouvel engagement
désintéressé est à LEUR HONNEUR.

Nul ne peut douter de leur mesure, de leur ténacité et de
leur courage. Aucun pouvoir ne peut s’y opposer ouvertement sans risque
d’en être blâmé par l’opinion publique.

Il ne s’agit pas, bien sûr, de fomenter de vaines agitations, de
battre l’estrade pour se rendre intéressant, mais d’organiser
méthodiquement et durablement l’examen contradictoire de la
condition militaire, en la comparant point par point à celle des
autres agents de l’Etat et plus globalement à celle de l’ensemble
des salariés.

On peut imaginer un processus d’étude et de communication pour :

Aider les adhérents à faire le point plus justement
à l’aide d’une information factuelle puis
interprétée (analyses comparatives, synthèses,
diffusion et sondages ciblés).
Echanger des informations avec l’Administration.
Sensibiliser l’opinion publique sur la réalité de la
situation perçue par les associations (dire ce qu’il est
politiquement correct de taire) en appelant l’attention des
médias et de tous les relais d’opinion sur les
différences d’appréciation.
Mener une action permanente de lobbysme auprès des élus,
de la même manière.
Communiquer périodiquement observations et requêtes (ou
revendications !) au Ministre ou à toute autre autorité
de l’Etat.

Les associations ne peuvent agir en ordre dispersé que pour des
objectifs très limités (et peu coûteux pour le
budget). La majorité d’entre elles s’efforce de conjuguer leurs
efforts sur des objectifs communs.

La constitution d’une COORDINATION AUTONOME DES REVENDICATIONS DE
LA PROFESSION permettra un jour, n’en doutons pas, de dire à
l’opinion, aux « politiques » et au gouvernement, ce
qu’ils ne veulent pas entendre.

NUL NE PEUT NOUS DISSUADER D’AGIR
LE DEVOIR DE SOLIDARITE NOUS LE COMMANDE

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