Question écrite n° 05506 de M. Alain Dufaut (Vaucluse – Les Républicains) publiée dans le JO Sénat du 07/06/2018 – page 2778
M. Alain Dufaut attire l’attention de Mme la ministre de la culture garante de l’indépendance des médias, sur l’atteinte flagrante et violente à la liberté de la presse qui s’est déroulée récemment en France.
En effet, le 25 mai 2018, l’affiche de la une du Point titrant « Le dictateur, jusqu’où ira Erdogan ? » a fait l’objet de réactions brutales et inadmissibles de la part de ses partisans, en plein centre ville de la commune du Pontet, située en Vaucluse, et également, à Valence.
Intimidations, insultes, harcèlements auprès des kiosquiers sont les méthodes employées par ce mouvement pour empêcher la liberté de la presse de s’exercer dans notre pays.
La société JC Decaux a dû retirer la une. À son arrivée, l’employé s’est fait cerner par les partisans du président turc. La scène a été filmée et partagée sur les réseaux sociaux, suscitant de nombreuses réactions de politiques et de journalistes, s’inquiétant d’une atteinte à la liberté de la presse.
L’affiche a été réinstallée le samedi après-midi, sous la protection de la police municipale et de la gendarmerie. Mais la tension n’est pas retombée après cette opération, car moins d’un quart d’heure plus tard des partisans du président turc dénonçaient à nouveau cette affiche jugée « insultante ». Après des négociations, le maire a finalement toléré que les militants puissent accoler une affiche « publicité mensongère » à proximité de la une.
La liberté de la presse est l’un des principes fondamentaux de notre démocratie que le sujet concerne notre pays ou un autre. Il n’est pas acceptable que des sujets extérieurs à notre Nation se transposent sur notre sol.
Au delà des déclarations de principe des uns et des autres, il lui demande quelles suites elle entend donner concrètement à ces affaires graves de non-respect de la liberté de la presse.
Réponse du Ministère de la culture publiée dans le JO Sénat du 27/09/2018 – page 4902
La pression exercée, au mois de mai 2018, dans plusieurs villes du Sud de la France, par des groupes militants pour faire retirer les affiches de la « Une » du Point consacrée au Président turc est inacceptable. L’article 11 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 dispose que « La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’Homme ». La liberté d’expression et la liberté de la presse sont au fondement de la démocratie. Partout où elles sont menacées, c’est la démocratie qui se trouve en danger. C’est la raison pour laquelle le Président de la République et la ministre de la culture ont, dans les jours qui ont suivi ces incidents, condamné de la manière la plus ferme les pressions exercées sur les kiosquiers des villes affectées par ces événements. La liberté de la presse ne repose pas seulement sur la liberté éditoriale des titres qui informent les citoyens. Elle repose également sur le travail des femmes et des hommes grâce auxquels ces titres sont, chaque jour, mis à la disposition du public. Le réseau de vente de la presse au numéro est indispensable à la libre circulation des opinions et des idées et doit être protégé contre toute agression extérieure. Partout où, sur le territoire de la République, des marchands de journaux subiront les menaces des ennemis de la liberté, les agents de la force publique seront présents pour faire cesser de tels troubles. Ainsi en a-t-il été au mois de mai dernier. Loin d’une « déclaration de principe », c’est une réponse, concrète, à des événements dont la gravité est constatée par tous, au-delà des oppositions partisanes. Plus largement, le Gouvernement continue de veiller à ce que la liberté de la presse, l’indépendance des médias et la libre distribution des titres soient garanties et puissent continuer à donner toute sa vitalité à la démocratie.
Source: JO Sénat du 27/09/2018 – page 4902