« Défense et sécurité : la place des armées »

ASSOCIATION de SOUTIEN à l’ARMEE FRANCAISE                                                      19 juin 2010

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« Ne pas subir »

(Maréchal Jean de Lattre de Tassigny)

Lettre de l’ASAF 10/06

« Défense et sécurité : la place des armées »

Le livre blanc sur la Défense et la Sécurité nationale, paru il y a près de 2 ans, fait référence au « continuum défense et sécurité » montrant ainsi qu’il n’y a pas de cloisonnement entre ces deux domaines. Cela signifie qu’aujourd’hui, la défense de la France et la sécurité des Français sont davantage liées qu’autrefois, même si ce n’est pas nouveau. Pour autant ces deux notions demeurent  très distinctes et ne doivent en aucun cas être confondues.

Des différences fondamentales entre armées et forces de sécurité

Il serait absurde en effet de confondre l’environnement, les missions, les moyens et les hommes qui agissent dans ces deux espaces. L’armée, qui assure la défense du pays, intervient essentiellement à l’étranger, dans l’espace aérien et les approches maritimes de la France, compte tenu des moyens nécessaires, tandis que la police et la gendarmerie agissent, sauf cas très particuliers, sur le seul territoire national.

Le soldat se bat contre un adversaire organisé et souvent bien armé sur des théâtres où l’état de droit est très dégradé, voire inexistant, tandis que le policier et le gendarme interviennent sur le territoire de la République, dans un cadre juridique clair, face à des hommes qui ne respectent pas la loi.

Un délinquant n’est pas un ennemi ; son traitement ne nécessite pas les mêmes moyens. Ceux dont disposent les armées sont naturellement sans commune mesure avec ceux des forces de sécurité intérieure. En effet, les besoins ne sont pas du même ordre.

Certaines  capacités militaires adaptées aux situations de catastrophe

Pour autant, les armées – 220 000 soldats, marins et aviateurs – qui assurent la défense de la France et de ses intérêts stratégiques dans le monde, ainsi que la protection des Français hors de nos frontières, agissent déjà régulièrement en coordination étroite avec les forces de sécurité intérieure – 250 000 policiers et gendarmes – et avec les unités de sécurité civile – 260 000 hommes – tels que les pompiers et les unités spécialisées dont certaines, d’ailleurs,  sont constituées…de militaires.

Certains moyens, destinés à être utilisés lors des opérations de guerre dans des zones disposant d’infrastructures sommaires, sont particulièrement bien adaptés lors des catastrophes naturelles ou industrielles. Nous l’avons vu récemment à Haïti et en  Vendée. Les véhicules tout-terrain, les hélicoptères légers et de transport, les engins de travaux publics et les équipements de dégagement d’itinéraires dont dispose l’armée de terre, sans oublier les bâtiments de la marine nationale spécialisés pour lutter contre la pollution ou pour débarquer des matériels et du fret en l’absence d’infrastructures portuaires, se révèlent être d’un grand intérêt et sans toujours d’équivalents civils.

Les armées disposent enfin de capacités remarquables de soutien sanitaire d’urgence (avions médicalisés, navires-hôpitaux et hôpitaux de campagne modulaires) bien adaptés pour compléter les moyens civils d’urgence existants.

L’armée n’a pas à se substituer aux forces de sécurité intérieure

Mais il est reconnu par tous que les armées n’ont pas vocation à  intervenir sur le sol national de façon permanente. Elles ne doivent agir que lors de crises, de manière  ponctuelle en renfort et non en substitution des moyens civils.

Aussi, on est en droit de s’interroger sur les raisons pour lesquelles les forces armées fournissent en permanence, depuis les attentats de Londres, en juillet 2005, plus d’un millier de soldats pour patrouiller dans les grandes villes et les aéroports dans le cadre du plan Vigipirate, alors que cette  tâche incombe normalement aux forces de sécurité intérieure. Auparavant, lors des vagues d’attentats terroristes des années 85 et 95 puis des attaques de New-York et de Madrid, ces interventions militaires avaient un sens car elles correspondaient à une  réaction à l’apparition brutale d’une menace avérée. Application exagérée du principe de précaution ou simple solution de « confort » pour les forces de sécurité, quelle qu’en soit la raison, la présence de soldats en armes est devenue banale et a perdu toute signification, et ce, au moment où les armées éprouvent des difficultés à satisfaire leurs propres besoins pour les opérations extérieures.

On comprend qu’en situation insurrectionnelle, ce n’est pas le cas aujourd’hui, l’armée puisse fournir des moyens, non plus seulement de soutien (santé, génie, transport aérien) mais également de renseignement, voire de combat. Il s’agirait alors d’une situation dans laquelle les forces de sécurité intérieure seraient dépassées et n’auraient pas les moyens de coercition suffisants pour restaurer la sécurité et assurer le bon fonctionnement des institutions.

Préparer la coopération en cas de crise intérieure grave

Rappelons que l’armée, grâce à ses composantes sous-marine et aérienne, est en mesure de mettre en œuvre 24 heures sur 24 l’arme nucléaire qui constitue aujourd’hui encore la garantie de notre indépendance. Elle dispose d’armes conventionnelles puissantes lui permettant de remplir toute une gamme de missions seule ou avec nos alliés. Elle dispose enfin de moyens importants pour agir sur le territoire national en appui des forces de sécurité et, en cas de troubles graves, directement pour  restaurer l’intégrité du territoire, assurer la protection et garantir la liberté de circulation des Français.

Défense et sécurité demeurent deux responsabilités centrales de l’Etat. Cependant, les moyens pour les assurer ne relèvent pas de la même logique et ne sont pas de même nature.

Pourtant il n’est plus possible de les dissocier ;  il est même indispensable de bien identifier les domaines et responsabilités de chacun  pour préparer l’emploi coordonné de la police et de la gendarmerie avec l’armée dans l’hypothèse d’une crise intérieure grave dont il serait irresponsable de ne pas en prévoir le risque dès aujourd’hui.

Note de l’Adefdromil:

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