En 2015, lors du vol de munitions sur le site de Miramas, François Cornut-Gentille avait révélé au grand public que 7 % des sites militaires devant être inspectés en 2014 par la DRSD (direction du renseignement et de la sécurité de la défense) ne l’avaient pas été.
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En 2016, ce sont 38 % des sites militaires inscrits au programme d’inspection qui ont échappé au contrôle de la DRSD. Plus d’un sur trois.
Rappelons que la France est sous le régime de l’état d’urgence ; que les dirigeants politiques ne cessent de nous rappeler que la France est en guerre. On n’ose imaginer ce que le taux serait en temps de paix !
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Pour justifier cette dégradation, la DRSD parle de « difficultés persistantes ». Et d’évoquer « des départs non prévisibles intervenus en 2016 au sein de l’effectif des inspecteurs spécifiquement formés sur ce périmètre ». Les difficultés persistantes sont donc des départs imprévus au cours de l’exercice 2016. On ne saurait être plus confus.
Dans la brochure diffusée fin juillet 2017 par le Ministère des armées et présentant les principales mesures 2018 de restructuration, il est précisé, pour ce qui concerne la DRSD, des « créations de postes civils et militaires au profit de l’ensemble des entités centrales et territoriales de la DRSD », pour immédiatement indiquer « en particulier de sa direction centrale ». L’affectation de ces créations de poste vient contredire le besoin d’inspecteurs de terrain exprimé dans le rapport annuel de performance 2016 rendu public en juin 2017.
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Au final, malgré son changement de nom intervenu en octobre 2016, la DRSD ne semble pas être en mesure d’assurer sa mission de sécurisation des sites militaires. Aucune aide ne peut être attendue des forces. En juillet 2017, le général Lanata, chef d’état-major de l’armée de l’air, indiquait qu’« à la suite des diminutions d’effectifs décidées dans le cadre de la révision générale des politiques publiques (RGPP), 40 % des sites de l’armée de l’air ne disposent plus de personnel de protection dédié. Devant la bascule du contexte sécuritaire en 2015, nous avons été contraints de renforcer considérablement la protection de nos bases, alors que nous ne disposions plus des fusiliers commandos, spécialistes de la protection, en nombre suffisant. Les rythmes imposés aux unités de protection suscitent de graves difficultés de fidélisation : 70 % des fusiliers commandos militaires du rang ne renouvellent pas leur premier contrat et quittent l’institution. De ce fait, nous sommes obligés de recourir à des tours de garde par le personnel de toutes spécialités pour assurer la sécurité et la protection de nos emprises. Ce personnel prélevé sur les unités fait ensuite défaut dans les ateliers de réparation des avions, dans les tours de contrôle, dans les centres de commandement, ce qui limite notre capacité à réaliser les missions et à nous entraîner, et provoque des tensions supplémentaires, alors que la pression des opérations génère déjà un absentéisme important. Tout ceci finit par peser sur le moral des aviateurs »
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Tout va donc bien.
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