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M. le président. La parole est à M. Philippe Vitel, pour le groupe Les Républicains.
M. Philippe Vitel. Monsieur le ministre de la défense, le rôle des hélicoptères dans nos opérations extérieures est de plus en plus important. Totalement engagées dans des environnements hostiles, les machines souffrent – comme souffrent d’ailleurs nos soldats, auxquels vous me permettrez de rendre hommage. (Applaudissements sur les bancs du groupe Les Républicains et sur plusieurs bancs du groupe de l’Union des démocrates et indépendants et du groupe socialiste, écologiste et républicain.)
Cela conduit à des taux de disponibilité que vous-même qualifiez d’« insupportables ». Pour les 303 hélicoptères de l’aviation légère de l’armée de terre, il n’est que de 38 % ; il atteint même 30 % pour les Puma, 26 % pour les Caracal, 24 % pour les Tigre et 21 % pour les Cougar. Seuls cent hélicoptères décollent au quotidien, pour un contrat opérationnel de cent-quarante-neuf machines. La situation de la marine n’est guère plus enviable, puisque, sur les dix-sept Caïmanlivrés, dix sont immobilisés pour maintenance et un pour des problèmes structurels.
Quelles sont les causes de cette situation inquiétante ? Elles sont multiples, et très bien détaillées dans les rapports produits par nos collègues François Lamy et Gwendal Rouillard. À l’évidence, les contrats de soutien sont sous-calibrés par rapport aux besoins réels et des goulets d’étranglement existent dans le circuit industriel de la maintenance, ce qui accroît les durées d’immobilisation, jusqu’à les doubler. L’organisation de la chaîne du maintien en condition opérationnelle est, quant à elle, bien trop complexe, car elle fait intervenir un trop grand nombre de partenaires publics et privés.
Monsieur le ministre, devant ce terrible constat, vous avez décidé de lancer un plan d’urgence, dont, à l’évidence, l’on ne ressent pas encore bien les effets. Pouvez-vous éclairer la représentation nationale sur les réformes que vous avez engagées et sur la situation actuelle de notre capacité de manœuvre aéroterrestre, dont nous savons tous qu’elle contribue grandement au succès des opérations extérieures et qu’elle constitue une priorité pour nos armées ?(Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe Les Républicains.)
M. le président. La parole est à M. le ministre de la défense.
M. Jean-Yves Le Drian, ministre de la défense. Monsieur Vitel, nous connaissons, l’un et l’autre, très bien le sujet. Vous avez exposé les causes de la situation actuelle. La première raison est la dégradation structurelle de la disponibilité de ces machines depuis de nombreuses années. La deuxième raison est leur forte sollicitation dans des milieux extrêmement hostiles. Le taux de disponibilité n’est donc pas bon.
M. Pierre Lellouche. Et en cinq ans, qu’avez-vous fait ?
M. Jean-Yves Le Drian, ministre. J’ai eu l’occasion de vous dire, à plusieurs reprises, en commission, que j’étais très mécontent de cette situation ; je le répète ici. Dans un premier temps, j’ai pris une série de mesures : d’abord, renforcer les moyens du maintien en condition opérationnelle – MCO – ; ensuite, demander l’acquisition de plusieurs Tigre et NH90 supplémentaires.
Néanmoins, vous l’avez bien dit, la principale question n’est pas celle de la vétusté – elle est marginale – mais celle des délais, avec la lenteur des visites et des approvisionnements en pièces détachées ;…
M. Pierre Lellouche. Il y a aussi le problème des crédits !
M. Jean-Yves Le Drian, ministre. …bref, la chaîne ne marche pas. Les mesures que j’avais prises antérieurement ne suffisaient donc pas.
J’ai par conséquent décidé, comme vous le savez, de lancer un plan de restructuration, une véritable révolution culturelle et technique dans la chaîne du maintien en condition opérationnelle de ces machines, qu’il s’agisse des industriels, des services ou des armées. Ces mesures sont engagées mais il faudra beaucoup de détermination, tant les habitudes en la matière sont tenaces. Or les hélicoptères sont un outil indispensable au combat moderne.
J’ajouterai un dernier point. Une des raisons des difficultés actuelles, c’est la diversité du parc. Dans l’avenir, il faudra mettre fin à cette dispersion et unifier les parcs : c’est ce que nous allons faire, avec l’hélicoptère interarmées léger. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe socialiste, écologiste et républicain.)
M. Pierre Lellouche. Il faut aussi augmenter le budget de la défense !
Source: Assemblée nationale, Compte rendu intégral.Séance du mercredi 08 février 2017