Officiellement, le scénario est rodé. La Haute Autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité (Halde) a bien travaillé et les Français sont demandeurs d’une politique offensive contre les discriminations.
Le socialiste Malek Boutih devrait succéder à l’ancien président de Renault, Louis Schweitzer – par ailleurs président du conseil de surveillance du Monde -, dont le mandat arrive à échéance le 8 mars. A condition que M. Boutih, qui s’est entretenu du sujet avec M. Sarkozy, franchisse le pas. « Cela fait trois fois qu’on lui propose un poste et, à chaque fois, il recule à la dernière minute », met en garde un proche de l’Elysée.
En réalité, il existe depuis des mois un débat pour savoir s’il convient de laisser la Halde fonctionner comme aujourd’hui ou de la rattacher, voire l’intégrer, à la future fonction de « défenseur de droits », créée par la révision constitutionnelle de 2008. La fonction n’existe pas encore: elle est subordonnée à l’adoption d’un projet de loi organique, qui a été présenté au conseil des ministres en septembre 2009.
M. Sarkozy ne souhaite pas s’exposer personnellement sur le sujet. Mais il verrait d’un bon œil que le Parlement, notamment le Sénat, revienne en arrière lors de l’examen de la loi organique et réintègre la Halde dans le giron du « défenseur des droits ». « L’Elysée a fait savoir à la garde des sceaux, Michèle Alliot-Marie, qu’il fallait qu’elle se montre ouverte sur les amendements », indique un proche de M.Sarkozy. Le Sénat examinera le texte à partir du 31mai et l’Assemblée devrait faire une première lecture fin juillet.
Le débat n’est pas que juridique. M. Sarkozy s’agace depuis plusieurs mois de l’influence grandissante de la Halde qui, sous la présidence, de M. Schweitzer, a réussi à s’installer dans le paysage: elle n’a pas hésité à bousculer les entreprises, notamment sur la création du CV anonyme. Elle a su également favoriser l’émergence d’une jurisprudence contre les discriminations et a, plusieurs fois, rappelé à l’ordre le gouvernement sur des dispositions qu’elle jugeait discriminatoires.
La personnalité de M. Schweitzer, que M. Sarkozy ne manque pas une occasion de critiquer, pèse aussi. Depuis des semaines, M.Sarkozy fustige les délocalisations que l’ancien directeur de cabinet de Laurent Fabius a opérées lorsqu’il dirigeait Renault, à la différence de Peugeot.
Le président de la commission des lois du Sénat,Jean-Jacques Hyest (UMP, Seine-et-Marne), explicite les critiques contre l’institution. «Ils se sont mis au-dessus du Parlement et du Conseil constitutionnel, en 2007, dans l’affaire des tests ADN sur les candidats à l’immigration. Ils ont poussé le bouchon un peu loin», explique M. Hyest.
L’Elysée ne veut pas susciter de tollé politique en touchant à une institution devenue emblématique. «Il ne faut pas que cela apparaisse comme un souci d’étouffer la discrimination», explique un conseiller de M. Sarkozy.
Le « défenseur des droits » a été instauré par la réforme constitutionnelle de 2008 sur une proposition de Jack Lang. L’ancien ministre socialiste s’est inspiré du modèle espagnol d’ombudsman et a fait adopter son concept qu’il avait à l’origine baptisé « défenseur du peuple » par la Commission Balladur sur la réforme de la constitution. A l’origine, il était envisagé d’y regrouper toutes les autorités indépendantes, mais l’exécutif a fait machine arrière au fil des mois.
Pour l’heure, le texte du gouvernement ne fusionne que les fonctions de médiateur de la République, de défenseur des enfants et de la Commission nationale de déontologie de la sécurité. Il n’est pas question d’y réintégrer la commission nationale informatique et liberté (CNIL) ni le contrôleur général de privation des libertés, qui contrôle les manquements graves aux droits de l’homme.
En revanche, le sort de la Halde, qui a réussi à conserver son indépendance, n’est pas scellé. La revendication d’extension de ses pouvoirs attesterait que son rôle se confond en partie avec celui de…..
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