L’artilleur Soubelet, raconte comment il a été victime d’un obus à retardement.
Tout ce que l’Adefdromil- Aide aux victimes se doit de dire
Curieux de savoir comme beaucoup si le livre du général Bertrand Soubelet : « Tout ce qu’il ne faut pas dire » est un: « pamphlet contre le système», comme le présente L’Essor de la Gendarmerie ou simplement un coup de clairon comme l’annonce Valeurs actuelles en préambule de son article témoignage : « Un général sonne l’alarme », nous nous sommes procurés l’ouvrage de 220 pages en demi-format A4, vendu 14 euros.
Tir de salve sur l’Assemblée nationale.
A l’analyse, l’époque où Bertrand Soubelet était capitaine d’artillerie avant de devenir gendarme, donne un fil conducteur à sa mésaventure.
Le 18 décembre 2013, l’officier d’artillerie (lourde ?) Bertrand Soubelet avait réglé au millimètre près le tir de sa batterie sur un objectif facile à atteindre : la commission parlementaire constituée pour rendre un rapport sur la lutte contre l’insécurité.
Même s’il ne le précise pas, on peut penser que son intervention n’avait été soumise ni à l’approbation du directeur de cabinet du ministre de l’intérieur, ni à celle du directeur général de la gendarmerie.
Que pouvait-on attendre de cette commission ? Hormis un rapport, pas grand chose ! Car, il y a déjà eu tellement de rapports peu ou pas suivis d’effets sur l’insécurité, les effectifs, la répartition des zones de compétence entre la Gendarmerie et la Police, etc. Le directeur des opérations et de l’emploi ne pouvait l’ignorer. Et puis, la sécurité est un sujet éminemment politique sur lequel le pouvoir exécutif entend exercer son autorité totale. Le rapport d’une commission ne constitue qu’un document d’information.
Le général Soubelet, qui dit avoir acquis « une connaissance du monde politique plus importante que la plupart de (ses) pairs » (page15), aurait dû se souvenir qu’en France lorsqu’on veut enterrer un problème, on crée une commission.
Il aurait dû aussi avoir à l’esprit la devise non écrite de tous les corps constitués, Assemblée nationale comprise : pas de vagues !
Mais le général pense que son discours est de nature à influer notablement sur le cours des choses. Alors, «( il) ne cherche pas à faire œuvre de diplomate. » (page 21). Il ne se sent pas tenu au « devoir de réserve »… « (Sa) parole est donc libre » (page 21.
Il reconnaît qu’il est « incisif » ( page 21). Il qualifie lui même son analyse « d’iconoclaste » (page 22).
Il faut revoir l’audition filmée de Bertrand Soubelet pour bien ressentir l’impression que son discours parfois dramatisé pouvait laisser aux parlementaires.
Lui qui a côtoyé, nous dit-il, tant de personnes dans le monde politique n’a-t-il jamais pensé que son discours pourrait faire l’objet d’une exploitation politique ou politicienne ? Naïveté ou inconscience ? Qu’un lieutenant monte à l’assaut en casoar et gants blancs, on le comprend. Mais, un général quatre étoiles ?
Le 18 décembre au soir, la mission était accomplie. On peut penser que le général Soubelet était content de lui, de son intervention et de la certitude d’avoir fait mouche (page 27).
Il a dû passer de bonnes fêtes de fin d’année 2013
Obus à retardement.
Malheureusement dans les projectiles tirés, il y avait au moins un obus à retardement, non prévu par l’ancien artilleur. Fâcheux !
Le 7 janvier 2014, un article du Figaro, qui fait suite à une dépêche de l’AFP, met le feu aux poudres.
Face aux médias, le pouvoir politique tente de minimiser l’incident : « l’incident est clos » dira Manuel Valls, ministre de l’intérieur et Christiane Taubira, ministre de la justice répondra à un député de l’opposition qu’il essaye « de faire un mauvais usage de la déclaration d’un général ».
Mais le mal est fait, même si c’est « à l’insu du plein gré » du général. Le pouvoir politique ne peut donner une impression de faiblesse.
Deux jours plus tard, le général Denis Favier lui annonce son départ de la fonction de directeur des opérations et de l’emploi et lui propose d’être nommé inspecteur général de l’administration. Refus de l’intéressé, qui accepte finalement d’être nommé à la tête de la gendarmerie de l’outre-mer à l’été 2014 : un beau poste, qui n’est pas un placard. Mais ce n’est pas l’avis du général pour qui « cette nouvelle affectation est une sanction » (page 31). Manifestement, il n’est pas parvenu à tourner la page. Le Basque est rancunier.
Fin de la première partie.
Cet article a 2 commentaires
Aurait-il du taire à la représentation nationale ce qu’il savait ? Forfaire à l’Honneur ? Etre un « béni oui-oui » afin de préserver sa carrière ? Peut-être aurait-il du être entendu à huis clos ?. Enfin, si ce que disent les généraux, sensés être au fait des problèmes de leur compétence, n’intéresse personne, à quoi bon les interroger ? Il a mis l’honneur de servir au dessus du bonheur de plaire et on lui fait le reproche d’être irrespectueux au lieu d’être courtisan.Que vaut-il mieux ?!….
Il y a l’art et la manière…Personne ne lui a demandé de se taire.. selon ce qu’il écrit. Cela aurait pu être le cas s’il avait jugé utile de soumettre le contenu de son intervention à l’approbation de son ministre.
Il y a des généraux sensés (pas tous !) et il y a des généraux censés être au fait des problèmes…
Les commentaires sont fermés.