Suicide d’un élève de Saint-Cyr : Le Drian ordonne une «enquête de commandement»

Alors que l’enquête sur le suicide d’un élève-officier de l’École de Saint-Cyr en février au camp militaire de La Courtine (Creuse) a été requalifiée en «provocation au suicide», le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian a ordonné une «enquête de commandement» pour éclaircir les circonstances du drame, a-t-on appris aujourd’hui auprès de l’entourage du ministre.

Cette enquête sera menée par des généraux cinq étoiles, les plus hauts gradés de la hiérarchie militaire, qui rendront compte directement au ministre, a-t-on précisé de même source.

Distincte de l’enquête judiciaire, cette enquête de commandement a pour but de déterminer d’éventuels dysfonctionnements et de trouver les moyens d’y remédier, a-t-on expliqué.

Le parquet de Guéret avait annoncé plus tôt mercredi que l’enquête sur ce suicide, survenue au camp militaire de La Courtine (Creuse), venait d’être requalifiée en «provocation au suicide».

«Le suicide ne fait matériellement pas de doute», a indiqué à l’AFP le procureur de la République, Sébastien Farges, mais «l’enquête a évolué car les motivations sont curieuses».

Le jeune homme, âgé de 22 ans, avait été retrouvé sans vie avec son arme dans le bâtiment de logement du camp militaire, avait annoncé le 9 février l’armée de Terre dans un communiqué.

D’après les premiers éléments de l’enquête, la thèse du suicide avait d’emblée été privilégiée, le jeune homme ayant annoncé trois jours auparavant la mort de son père et ne semblant pas s’en remettre.

Selon le magistrat, «le jeune homme a annoncé tout autour de lui qu’il était déprimé en raison de la mort de son père. Sa hiérarchie lui avait même proposé quelques jours de congé pour assister aux funérailles, ce qu’il avait refusé», a précisé Sébastien Farges.

Or, le père du jeune homme, domicilié au Cameroun, «n’est pas mort», a indiqué le procureur, confirmant une de nos informations. La mère du militaire réside à Haguenau (Bas-Rhin).

Le procureur a indiqué avoir requalifié l’enquête pour «recherche des causes de la mort» en «provocation au suicide». «Nous n’avons aucune raison de penser que quelqu’un a délibérément poussé ce jeune homme au suicide, mais en basculant sur une enquête pénale, nous avons un cadre d’enquête plus large et plus efficace que la simple recherche des causes de la mort», a précisé le magistrat.

Contactée par l’AFP, la mère du militaire, Weyneshet Lavocat, a indiqué avoir pris un avocat et déposé plainte «pour savoir les raisons exactes du décès de mon fils». «Il n’avait aucun problème, Saint-Cyr se passait bien, il se préparait à son choix d’affectation, le plus dur était déjà fini», a-t-elle affirmé. «La thèse avancée c’est la mort de son père, mais son papa est bien vivant!», a-t-elle ajouté, disant ne pas croire à la thèse du suicide.

L’élève-officier, qui avait le grade de sous-lieutenant, était en troisième et dernière année à l’École spéciale militaire de Saint-Cyr à Coëtquidan (Morbihan). L’école forme des officiers destinés à encadrer les unités opérationnelles de l’armée de Terre, puis à assumer des responsabilités de conception et de direction au sein des régiments et états-majors.

Source: http://www.dna.fr/

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Cet article a 2 commentaires

  1. Rodolphe

    Les enquetes de commandement sont des enquêtes parallèles qui sont sensées aider le commandement à répondre au politique ou au judiciaire.
    Dans la réalité, une enquête de commandement est un beau parapluie que la hiérarchie ouvre dès que ça commence à puer.
    Laissons faire les pro pour les enquêtes!

  2. Michel

    Très surprenant rebondissement dans cette affaire!

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