Après l’affaire de Joigny, Stop à Stop Discri ? (Jacques BESSY, Président de l’Adefdromil – Aide aux Victimes)

Pour faire suite aux articles parus début 2014 sur le site de l’ADEFDROMIL et concernant le harcèlement sexuel en Gendarmerie, la vénérable institution, volontariste  comme toujours, a souhaité prendre le problème à bras le corps.

C’est ainsi qu’elle a créé au sein de l’IGGN (l’inspection générale de la gendarmerie, alias les bœufs carottes) un service appelé Stop-Discri et ayant vocation à recevoir les signalements de militaires s’estimant harcelés sexuellement et/ou moralement.

Le ministre de la défense a créé, quant à lui, la cellule Thémis, placée au sein du Contrôle général des armées et dédiée aux seuls signalements pour harcèlement sexuel.

Le risque d’une telle cellule interne à une administration, qui vit en vase clos dans ses casernes, c’est de dissuader les potentielles victimes de témoigner, car elles peuvent craindre de ne pas y recevoir l’écoute espérée.

Elles peuvent aussi avoir peur que leur signalement ne se retourne contre elles. Elles connaissent le poids de la parole de la hiérarchie locale. Elles imaginent que l’enquête diligentée puisse ne pas être totalement impartiale, qu’elle minimise les faits et surtout leurs conséquences, qu’elle recherche et trouve des fautes qui leur seraient imputées.

Effectivement, le positionnement de cette cellule auprès de l’IGGN lui donne une coloration répressive. Les victimes ont d’abord besoin d’écoute préservant dans un premier temps leur anonymat, comme cela se pratique, sauf erreur, avec les psychologues de terrain de la Gendarmerie. Au lieu de leur permettre  d’exprimer d’abord leurs interrogations, leur souffrance,  on leur demande immédiatement d’acter ce qu’elles ont vécu dans un écrit électronique visant à déclencher des enquêtes. Manifestement, l’aspect psychologique de ces affaires n’est pas pris en compte, et de plus ce n’est pas à l’institution de décider si tel ou tel type d’affaire justifie une enquête administrative ou judiciaire. Il y a clairement dans cette démarche un risque de dérive « totalitaire ».

Nous pensons qu’il aurait été plus efficient, pour la Gendarmerie, de rejoindre la cellule Thémis du ministère de la défense, en y détachant des personnels comme cela se pratique à la Commission des Recours des Militaires. Il n’y a pas de CRMG !

Mais, il est vrai que la Gendarmerie aime bien  « faire sa petite soupe dans son petit coin » comme disait le Général de Gaulle. Peut-être même que son nouveau positionnement : seule force militaire dans un ministère de l’intérieur peuplé de fonctionnaires syndiqués, contribue au développement de cette autonomie, qui éloigne chaque jour un peu plus la Gendarmerie du reste du ministère de la défense.

Rien d’étonnant alors que des gendarmes féminins qui, à tort ou à raison, ressentent un mal-être dans leur emploi et leur unité, ne souhaitent pas raconter leurs histoires à Stop Discri. Cela est même parfaitement compréhensible.

L’Adefdromil-Aide aux victimes leur rappelle donc qu’elle est à leur écoute et en mesure de les conseiller et les guider en toute discrétion.

Nous sommes tenus au secret professionnel et nous avons une expérience certaine de ces dossiers.

Nous recommandons, par conséquent, aux personnels féminins servant dans la Gendarmerie et souhaitant signaler  leurs problèmes de harcèlement, de ne pas hésiter à nous contacter par courriel.

Nous sommes à leur disposition. Nous sommes à leur écoute.

04/02/16

 

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