Coups, gourde renversée, pause en plein soleil. Joszef Tvarusko (allias Matus Talas, son nom de légionnaire), un Slovaque de 25 ans du 2e régiment étranger de parachutistes (REP), est mort le 5 mai 2008, victime d’un «coup de chaleur» au terme d’une longue journée de marche, après avoir reçu des coups, été laissé en plein soleil et privé d’eau en dépit de ses plaintes répétées.
Quatre de ses supérieurs sont poursuivis pour «violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner, commises en réunion». Tous ont été radiés de l’armée et encourent 20 ans de réclusion criminelle.
Sept ans après les faits, ils ne sont que deux dans le box des accusés : le lieutenant français ………………….., 33 ans, et le caporal roumain Petru Sabin Suciu (allias Adrian Steanu), 31 ans. Un mandat d’arrêt a été lancé fin 2008 contre les deux autres, le sergent chilien Omar Andrès Martinez et le caporal mexicain Wigberto Hernandez Canceco.
Ce jour de 2008, à Djibouti, il fait alors 38°, sans un souffle d’air dans une vallée encaissée : les légionnaires doivent progresser vers un pic rocheux et Talas s’était plaint dès le matin de douleurs au genou.
Le Slovaque, considéré comme un élément faible voire tire-au-flanc qui n’a pas sa place dans une unité d’élite comme la Légion étrangère, est poussé à continuer, reçoit des coups et est contraint de rester au soleil pendant les pauses.
Un militaire «en léger surpoids»
Après le déjeuner, l’encadrement, excédé, fait mine de l’abandonner. Le lieutenant ………………. renverse sa gourde dans le sable, lui prend sa dernière bouteille et aurait alors interdit qu’on lui donne de l’eau, selon plusieurs témoins.
Talas s’écroule sur un buisson d’épineux dans la dernière ascension, une pente à 70 %. Son corps a alors atteint la température de 43°.
L’instruction avait reconnu que le décès, dû à un «coup de chaleur d’exercice», ne trouvait pas sa cause dans la déshydratation relative de Talas, mais dans la prolongation d’un effort disproportionné par rapport à ses capacités.
Toute la question sera donc de déterminer si les violences subies, en particulier la privation d’eau chez un militaire en léger surpoids, ont prolongé cet effort finalement fatal.
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