Je viens de recevoir en tant que président de l’Adefdromil, un courrier du contrôleur général des armées (cr) Jean-Eugène Duval, par ailleurs auteur d’une douzaine de livres historiques d’un très grand intérêt [1]
Voici ce que mon correspondant écrit de Dien Bien Phu le 3 mars 2009:
« Par le plus extraordinaire des hasards, je me trouvais à Dien Bien Phu (les vietnamiens n’ajoutent jamais PHU qui signifie, dit-on, District : ils ne parlent que de Dien Bien) le mardi 3 mars 2009. Pourquoi, me direz-vous ? Tout simplement parce que venu, seul, au Vietnam du Nord, je voulais tenter de comprendre ce qui s’était passé à Langson, Cao-Bang, BaKan, Thai Nguyen et tant d’autres lieux où je n’avais pas mis les pieds. Je ne sais si j’ai compris, mais je vais d’abord vous dire ce que j’ai vu à Dien Bien, localité où j’ai découvert l’étrange conflit littéraire ou épistolaire entre l’Adefdromil et le général Pichot de Champleury, autorité supérieure de la légion étrangère.
Dien Bien est devenu depuis 1954, un village à la façon américaine de l’Ouest : une grande rue et surtout des échoppes dont certaines équipées d’un accès internet.
Dien Bien (le champ de bataille) se trouve sur la route de Lai Chau, à gauche en sortant de l’aérodrome.
Mais ce que le général Pichot de Champleury ignore peut-être c’est que en sortant de l’aéroport à droite vous arrivez à un chantier dans l’axe du pont sur la rivière traversant le village : les autorités vietnamiennes, nationales ou locales à moins qu’il ne s’agisse d’un financement international, construisent un monument quelque peu pharaonique (ça me fait penser à l’opéra Aida à Bercy) qui sera sans doute prêt pour le 8 mai 2009, date de grande célébration, je pense….
Sans en savoir plus sur ce monument (chantier non ouvert au public), on peut dire qu’il parle de lui-même tant sa place, sa conception sont évidentes…
La comparaison de Jules Roy est à retenir pour Dien Bien : une cuvette ou pot de chambre dont le fond est occupé par les Français et les bords « élevés » par les Viets !
Actuellement (3 mars 2009) le fond de la cuvette est vert : le riz pousse et il fait chaud, très chaud même (j’ai dû enlever mon chandail en débarquant de l’avion).
Les fameuses collines sont au mieux des « taupinières », ou, à la rigueur, si l’on veut, les contreforts bas du site, car la montagne est là, présente, en arrière-plan!
Certaines collines sont encore, aujourd’hui 3 mars 2009, pelées par suite des combats.
Le PC de Castries a été reconstruit ; j’ai vu au musée de la Révolution à Hanoi, une des tôles incurvées du PC initial : c’est une pièce de musée, avec son trou d’obus, elle démontre la violence des combats.
Je me suis rendu au cimetière des vietnamiens, parfaitement entretenu, alors que un ex-légionnaire, sans doute peu aidé par l’Administration ad hoc en France fait de son mieux pour assurer le maintien du site : il est vrai que les traces des morts sont sur le long chemin de la captivité !
Quoi ajouter pour vous informer : les jeunes du patelin et de tout le Vietnam du Nord ignorent que les Français ont bataillé pour cette terre ! Par contre, les Américains qui, dit-on, n’ont pas laissé un bon souvenir ont, comble de l’Ironie, marqué leur passage d’une trace sonore et trébuchante : le dollar est devenu la monnaie usuelle du Vietnam, de préférence au dong dont votre portefeuille est très vite gonflé.
Après ces très brèves nouvelles, venons-en au « dialogue de sourds » entre l’Adefdromil et le général Pichot de Champleury.
N’ayant lu que quelques phrases extraites du dit rapport, je ne ferai que m’en tenir à l’histoire.
Je constate que le général Pichot de Champfleury a forte tendance à amalgamer mais que dit en effet l’ordonnance de 1831 ?
Le général n’est pas sans savoir que la loi du 9 mars 1831 et l’ordonnance du 10 mars 1831 ont été abrogées par une ordonnance de décembre 2004.
Que l’ordonnance créant la légion étrangère – qui ne peut, à l’origine, servir en métropole – a été justifiée par les grandes difficultés rencontrées en Algérie par l’armée française débarquée en 1830 aux ordres de Monsieur de Bourmont – est antérieure de 3 ans au statut des officiers de l’Armée de terre et de l’armées de mer (1834).
Il y a deux textes de cette époque sur la légion : la loi du 9 mars 1831 et l’ordonnance du 10 mars 1831. L’article 3 de l’ordonnance précise que « la légion Etrangère sera assimilée aux régiments français » etc…
Le statut de 1872, « n » fois modifie, n’abroge pas ce texte. Il en est de même du statut de 2005.
Les articles 4, 5, 6, 7 et 8 de l’ordonnance traitent de l’engagement mais à cette époque de 1831.
Faut-il ajouter que, sauf erreur de ma part, ce dont on voudra bien m’excuser du fait que je suis loin de France, le décret mettant en œuvre le nouveau règlement de discipline générale concocté par le général Gambiez et son équipe, est, lui aussi, me semble-t-il, entièrement applicable à la légion étrangère. Ce décret de 1966, valable pour toutes les armées, a été abrogé, remplacé par un décret de 1975, lui aussi abrogé etc. »
Retour en France le 11 mars 2009 : sauf information incomplète, je constate que l’autorité ministérielle a laissé le général Pichot de Champleury partir seul à l’assaut, au front, disait-on jadis; en réalité, dans l’esprit de beaucoup de militaires, semble-t-il, c’est tout simplement reconnaître « de facto », par l’intermédiaire d’un officier général, l’existence de l’Adefdromil, association interdite par le cabinet du ministre en novembre 2002[2] dont je ne suis pas et n’ai jamais été membre. » Signé : Eugène-Jean Duval. Contrôleur général des armées (c.r).
- – L’armée de terre et son corps d’officiers 1944-1994 – ADDIM 1996.
- – La couverture du risque en milieu militaire – ADDIM 1997
- – Nota: cet organisme d’édition a été dissous par décision ministérielle de M Richard.
- – Regards sur la Conscription 1790-1997 – FED – diffusion par la Documentation française 1998
- – Etapes de la citoyenneté des militaires – Société des écrivains (ouvrage à compte d’auteur) 2000
- – La Révolte des Sagaies – Madagascar 1947 – éditions de l’Harmattan 2002
- – Le sillage militaire de la France au Cameroun 1914-1964 – éditions de l’Harmattan 2005
- – Aux sources officielles de la colonisation française – tome 1 – éditions Theles
- – Aux sources officielles de la colonisation française 1870-1940 – Editions de l’Harmattan 2008
- – Aux sources officielles de la colonisation française 1940-2008 A Paraître en 2009
- – A la croisée des chemins – Editions Theles 2008.
Ce dernier ouvrage a fait l’objet d’un article sur le site sous le titre « une bien curieuse rencontre avec l’histoire », et d’une fiche bibliographique signée du général de l’armée de l’air (c.r) Sarazin dans le numéro de janvier 2009 de la Revue de la défense nationale.
Outre de nombreux articles dans la revue de la défense nationale, le principal article paru sur le site a pour titre : « le piège de la Spécificité ».
[2] Note n°01611119/cabinet signée Philippe Marland.
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