Guerre des boutons entre le GIGN et le Raid (Jean Guisnel)

La polémique qui a surgi sur l’efficacité de l’intervention du Raid n’a rien d’étonnant. Retour sur une guéguerre médiatique et stérile.

C’est à chaque fois la même chose ! Lorsqu’un assaut musclé est donné, la polémique s’enclenche. Ou plus exactement, lorsque l’autorité politique choisit pour conduire un assaut spectaculaire et médiatique une force qui n’est pas le Groupe d’intervention de la gendarmerie nationale (GIGN), aussitôt la controverse s’amorce. Elle est généralement lancée par ceux qui estiment que les gendarmes d’élite sont meilleurs que les policiers d’élite, et surtout que ces derniers n’ont rien à faire dans l’univers des unités antiterroristes. Ou alors, seulement s’ils appliquent les méthodes et les moyens des gendarmes, voire s’ils agissent sous leur autorité opérationnelle.

Boulette

Passant pour le porte-parole de la gendarmerie dans l’entourage du candidat socialiste François Hollande, le député du Finistère Jean-Jacques Urvoas a ainsi commis une boulette d’anthologie. Dans un tweet diffusé durant l’assaut des policiers contre Mohamed Merah, cet ancien strauss-kahnien n’y est pas allé avec le dos de la cuiller : « Si je comprends bien, le Raid n’est donc pas capable en 30 heures d’aller chercher un individu seul dans un appartement ? » L’indignation de l’UMP et des syndicats de police ainsi que le désaveu de François Rebsamen, chargé des affaires de sécurité au PS et hypothétique ministre de l’Intérieur d’un gouvernement de gauche, ont immédiatement suivi. Sur son blog, Urvoas a fait amende honorable en écrivant : « Mon tweet précédent était malvenu et inadapté au contexte. Force est restée à la loi. Hommage au courage des hommes du Raid. » Sauf qu’on voit mal comment ce champion de la gaffe va pouvoir continuer à prétendre au poste de secrétaire d’État qu’il lorgne…

Sur son blog, le journaliste Jean-Dominique Merchet est plus explicite. Il détaille avec un luxe de précisions techniques les raisons qui font qu’à ses yeux et à ceux de ses interlocuteurs, il y a eu échec. « L’erreur la plus souvent pointée porte sur la manière de pénétrer dans l’appartement, mercredi à 3 heures du matin. Les policiers ont utilisé un bélier pour défoncer la porte d’entrée, derrière laquelle Merah semble avoir placé un réfrigérateur. Cela donne le temps à Merah d’ouvrir le feu et de repousser le premier assaut. (…) ‘Dans un cas comme ça, on ne frappe pas à la porte, même avec un bélier’, assure un spécialiste. Car il existe d’autres moyens d' »effraction » : en clair des explosifs. » On l’aura compris : le GIGN aurait été bien meilleur, et les policiers du Raid sont des nuls.

Dégelée

Comme d’habitude, c’est le créateur du GIGN, le préfet Christian Prouteau (celui de la fameuse cellule antiterroriste de l’Élysée !), qui joue les professeurs d’école de police. Dans une interview au quotidien Ouest-France , il assène :

À lire également