POLICE D’ETAT, GENDARMERIE D’ETAT ( par Jacky Mestries)

S’il en était besoin aux yeux de certains, le rapport de la Cour des Comptes sur la sécurité ne peut plus être contesté sur sa neutralité après la lecture élogieuse  de celui de la gestion de l’Elysée

Une deuxième lecture du rapport sur la sécurité conduit à penser que les comptables se prononcent pour une seule force de sécurité composée d’une Police d’Etat et une Gendarmerie d’Etat se partageant le territoire national.

Pourtant cette organisation souhaitable à leurs yeux est en parfaite contradiction avec tous les constats que la Cour fait tout au long de son étude.

Elle nous affirme que Gendarmerie et Police sont bien distincts dans leur organisation, leur fonctionnement et je dirais même sérieux dans la gestion globale, mais pourtant, elle souhaite approfondir une homogénéisation qu’elle pense nécessaire.

Quelle force doit intégrer l’autre ? J’ai dans l’idée que les comptables pensent plus pertinent d’intégrer la Police dans la Gendarmerie et non l’inverse.

Le prochain rapport de la mission de M Moyne-Bressand et Mme Escoffier va remettre tout cela dans l’actualité. Prenons un peu d’avance.

Nous avons regardé le document de la Cour des Comptes ici et ici et avons donné notre point de vue, mais cependant sans trop nous attacher à la particularité de la Gendarmerie.

Je vais avoir l’audace de prendre à témoin la très neutre Cour des Comptes pour affirmer que s’il est une force de sécurité à préserver c’est bien la Gendarmerie.

Dés le paragraphe sur l’organisation des forces de sécurité, la Gendarmerie marque un point. Elle a su se préserver d’une trop forte tendance à la centralisation pour laisser un rôle opérationnel suffisant aux Commandants de Régions. Nous avons vu les responsables locaux de la Police parfaitement incapables aujourd’hui d’adapter l’action au besoin réels, trop dépendants de résultats chiffrés, trop dispersés par une multitude d’objectifs tous plus prioritaires les uns que les autres et surtout défini à Paris.

Je ne vous cache pas que c’est un peu hypocritement que je vais fonder une autre différence entre police et Gendarmerie sur les résultats des services d’enquête. Du côté de la Gendarmerie, le taux d’élucidation est passé de 32 à 41 %, tandis que la police plafonne à 35 %.

L’augmentation du nombre des gardes à vue côté gendarmes à été de 82 %. Pas étonnant lorsque l’on connaît les coutumes des gendarmes. Auparavant, ils s’arrangeaient pour en réduire le nombre au strict minimum. Connaissant bien leur population, ils savaient ce qu’il fallait faire et avec qui. Je pense que cette augmentation va leur être préjudiciable, mais je suis persuadé aussi qu’ils vont rapidement revenir aux pratiques raisonnables qu’on lui connaissait.

Autre accessit décerné à la Gendarmerie, mais cette fois dans le domaine de la lutte contre les trafics de stupéfiants. La Gendarmerie a orienté son action en s’attaquant au patrimoine des délinquants.

Comme partout lorsqu’un patron a deux services à sa dispositions, que l’un va bien et que l’autre va mal, il a tendance à vouloir en demander un peu plus à celui qui va bien quitte à lui rogner quelques moyens. C’est ce qu’a fait le ministère de l’Intérieur dans sa gestion des personnels et des moyens. La Gendarmerie a payé le prix fort de la baisse des effectifs constatée entre 2006 et 2010. Elle a vu partir 3.4% des effectifs, tandis que la police n’a perdu que 1.6%.

Dans le même ordre d’idée les gendarmes semblent avoir été moins gourmands. Pendant que les revenus des policiers augmentaient de 11 %, ceux des gendarmes suivaient loin derrière avec une augmentation de 2.3% seulement. Mais on sait depuis longtemps que ce gouvernement tient les gendarmes à distance au point d’ailleurs de les avoir évacué de leur garde rapprochée.

Dans le contexte économique actuel, puisqu’on nous le dit, nous frôlons la faillite, il y a fort à parier que les gendarmes attendront encore un peu leurs nouvelles grilles indiciaires. Ce sont les plus facile à faire taire, ils peuvent bien faire preuve de patience encore un peu pendant que d’autres sont véritablement dans le besoin.

Véritablement solide dans son administration, il n’est pas fait de reproches à la Gendarmerie tandis que la légèreté semble de mise côté police où l’on a pris des mesures indiciaires en 2010 sans en connaître le coût.

Malgré tous ces avantages, nous apprenons aussi que les policiers ne font pas leur travail avec une présence sur le terrain de seulement un tiers de leur temps alors quel es gendarmes affichent 67 % au compteur, mais promettent, en plus, une réserve importante.

Dans les lieux les plus touchés par l’insécurité, il y a un policier pour 500 habitants sans compter bien sur les renforts de gendarmes mobiles et de CRS. Côté Gendarmerie c’est un gendarme pour 800 habitants.

Nous ne savons pas officiellement à quoi tient cette différence sauf à la rapporter aux temps de disponibilité des fonctionnaires et militaires. Cela n’est pas dit explicitement, mais le travail de la Cour des Comptes nous conduit au constat qu’un gendarme fait le travail de prés de deux policiers.

Il faut sûrement moduler un peu tout ça pour s’approcher de la réalité, et examiner au cas par cas les effectifs que la gendarmerie engage lorsqu’elle reprend une zone exclusive Police pour se faire une idée plus précise.

A moins que j’interprète mal les recommandations de la Cour des comptes, cette autorité tourne la page d’une police et d’une gendarmerie nationale.

Police d’Etat et Gendarmerie d’Etat serait l’appellation se rapprochant le plus de la réalité. Ces forces, en attendant une fusion plus que logique, se partagent le territoire national de façon cohérente.

C’est exactement la vision qu’en a le pouvoir exécutif mais il a du renoncer à poursuivre son plan, probablement pour des raisons budgétaires. En effet, cela ne saurait se faire sans intégrer les commandements des forces jusqu’au niveau du département et plus rien ne justifierait la moindre différenciation sur le plan statutaire.

Dans les faits, il serait probablement nécessaire de doubler les effectifs des militaires des brigades, des brigades de recherche et des brigades motorisées.

Le choix de rassembler police et gendarmerie dans une seule force de sécurité pour tout le territoire national est un choix politique. Les décision définitives doivent être prises parce qu’il n’est plus possible de faire travailler des gens sans limites et d’accorder avantages sur avantages à d’autres.

Source: site lagrognegend

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