La jeunesse d’Albert

Albert, un Breton du terroir, un fils de paysan, né en 1934 (73 ans), nous raconte sa jeunesse, jusqu’à l’âge de 23 ans où il acheva son service militaire obligatoire en Petite Kabylie. En 1956 et 1957, cet homme bon et sensible participa contre son gré à la guerre dite de « pacification et de maintien de l’ordre », un épisode atroce qui cache bien son nom. Il est revenu dans sa belle province, la Bretagne, traumatisé par l’expérience vécue en Algérie, comme la plupart de ses camarades de régiment.

Il témoigne, il nous dit ce qu’il a vécu : la dure vie dans le bled, les marches forcées sur les djebels, les ratissages du terrain, les contrôles des villages : Béni-Ourtilane, El-Maïn, Bouhamza, Freha, Djahnit, Ouled Sidi Idir, les combats, les traquenards et les atrocités perpétrées par l’un et l’autre camp. Mais aussi, cet homme pacifique, soumis aux ordres de ses supérieurs et contraint d’obéir, réprouvait dès le départ une guerre qu’il juge perdue d’avance – on ne lutte pas contre un peuple qui combat pour la liberté et aspire se libérer du joug de la colonisation -, et il ne cache pas sa sympathie pour les population kabyles victimes de la guerre. A ces « pauvres parmi les pauvres », les soldats français, qui

avaient souvent faim et soif, prenaient encore leurs maigres réserves de nourriture, et augmentaient leur dénuement. Pendant qu’il « crapahutait » dans les djebels, et qu’il assistait, contre son gré, à des scènes pénibles, Albert fit la promesse de témoigner.

Quarante huit années après son retour en France, il témoigne, mais, en son âme et conscience, il ressent toujours le poids énorme de la barbarie. Combien de jeunes du contingent, victimes de la guerre d’Algérie, ont osé témoigner ? Presque pas ! Le mal reste tapi au fond de leurs mémoires, plus

insidieux qu’un serpent. Certains se sont suicidés, la plupart se sont tus, renfermant à tout jamais leurs terribles  souvenirs ; ils en souffriront jusqu’à la mort.  A partir du récit d’Albert, j’ai écrit un livre de témoignages Il s’intitule : « La Jeunesse d’Albert ».

Ceux qui ont vu le film « Ennemi intime », apprécieront.

Ce livre vient d’être édité chez LIV’EDITIONS, au Faouët. (56320) BP 15.

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