Des épouses de militaires se sont rassemblées vers 8 heures ce lundi 26 mai 2008 devant l’Etat-major des forces françaises à Djibouti afin de manifester leur mécontentement contre la baisse incessante depuis le 1er janvier 2007 de l’indemnité de résidence à l’étranger, la hausse des prix et l’instauration de nouvelles taxes. Elles ont adressé une lettre le 2 avril 2008 au Président de la République, au Ministre de la Défense et à l’ambassadeur de France à Djibouti demeurée sans suite.
Sur les photos parvenues au siège de l’Adefdromil, on peut constater la présence d’une centaine de femmes de militaires agitant des banderoles revendicatives.
C’est la première fois que des femmes de militaire osent manifester publiquement leur mécontentement dans un pays étranger.
Chute vertigineuse de l’IRE.
Du 1er janvier 2007 au 1er mars 2008, l’IRE a connu une chute vertigineuse passant de -4% à -18%. C’est ainsi qu’en un an et demi un caporal chef et un adjudant ont vu leur solde amputée respectivement de 442 euros et 547 euros par mois. Devant une telle évolution du pouvoir d’achat, que penser de la formule du chef suprême des armées : « travailler plus pour gagner plus !
Une base de calcul sur le coût de la vie en Ethiopie ?
La base de calcul de l’IRE tient compte de l’indice qualité de la vie (qualité du dispositif de soins, de l’insécurité éventuelle, de la dureté du climat et de l’éloignement) et de l’indice change-prix indexé sur le panier paraît-il de la ménagère… en Ethiopie ! L’indice qualité de la vie représente 3/5 de la Base de calcul de l’IRE et l’indice Change de prix 2/5.
Un climat social dégradé à Djibouti.
L’attentat du café de Paris, l’affaire du juge assassiné Borrel, la récente présence américaine, ont contribué à une certaine dégradation du climat social vis-à-vis des ressortissants français : manifestations anti-françaises, insultes, jets de pierres, tracasseries administratives… Au niveau des soins médicaux, il convient de souligner une pénurie importante de médecins spécialistes et des délais d’attente prohibitifs. Et le climat de Djibouti de type tropical semi-désertique n’est pas là pour arranger les choses ! Les pluies sont rares et irrégulières et la température maximale est de 48°. Ceci entraîne fréquemment des coupures d’eau et d’électricité. Quant aux prix des produits et des services, ils sont en perpétuelle augmentation : électricité 34%, denrées alimentaires 15%, école 8%…
Une imposition toujours plus lourde.
En ce qui concerne Djibouti, une convention intergouvernementale du 28 avril 1978, toujours en vigueur sur le plan fiscal prévoit que les militaires affectés à Djibouti sont imposés localement sur le revenu par l’Etat djiboutien. Les taux fixés par le gouvernement de Djibouti sont appliqués à une base d’imposition égale à 80% de la solde globale mensuelle, à l’exclusion des indemnités spécifiques (…). L’IRE de toute évidence devrait faire partie de ces indemnités spécifiques.
Malheureusement non !
En effet, en application de la convention intergouvernementale et pour améliorer l’assiette d’imposition de la contribution, dont la république de Djibouti est bénéficiaire, une simple instruction du ministre de la défense réintègre l’indemnité de résidence à l’étranger dans les sommes imposables localement à Djibouti.
Il paraîtrait que la manne ainsi collectée par l’administration militaire servirait à payer une partie de la location des installations militaires françaises à l’Etat Djiboutien. Bref, la République ferait, comme souvent, des économies sur le dos de ses soldats. Car, il est certain que les affectés sur ce territoire paient davantage d’impôt sur le revenu qu’en métropole ! C’est ainsi par exemple qu’un caporal-chef paie 7000 euros d’impôts en deux ans à la République de Djibouti et un adjudant 9000 euros …
La non intégration de l’IRE dans la base d’imposition pourrait être un début de réponse à l’amélioration de la condition militaire à Djibouti.
Dernières nouvelles.
Suite à la manifestation d’hier qui a rassemblé 120 personnes, les portes paroles des conjoints ont été reçues par l’adjoint des FFDJ ainsi que par un représentant de l’ambassadeur de France. Elles se sont engagées auprès de ces derniers afin que la presse française ne soit pas mise au courant jusqu’au 15 juin, date à laquelle une prochaine rencontre avec le Général commandant les FFDJ et l’Ambassadeur de France est prévue. Si à l’issue de cette dernière réunion, les épouses n’obtiennent pas gain de cause, de nouvelles manifestations seront organisées.
Voir aussi :
> L’indemnité de résidence à l’étranger
> Regroupement de conjoints de militaires Interarmées en séjour à Djibouti