Nouvel espace statutaire (Par Régis de Kercorbès)

Lors de la séance plénière de la 84ème session du Conseil de la Fonction Militaire (CSFM) Le ministre de la Défense et des Anciens combattants, M. Gérard Longuet, est intervenu sur les différents dossiers en cours concernant plus particulièrement la réforme des retraites et son impact sur les armées et la transposition du « nouvel espace statutaire »  de la catégorie B au sous-officier des armées.

Après une lecture attentive de l’intervention du ministre, force et de constater que la partie « retraites » n’était qu’une explication pédagogique d’une évolution sans appel des statuts des personnels militaires. Restant sur la base de la cohésion nationale, du « statu quo impossible » pour éviter tout risque de « lobby », et enfin du respect de la loi « comme toutes les autres catégories d’agents publics », il serait effectivement irresponsable d’y trouver (maintenant) à redire…

Cependant, si l’on accepte ici le raisonnement du Ministre, l’argumentaire ne doit pas perdre de sa valeur et de son sens aux abords du nouvel espace statutaire.

Pourtant, beaucoup de questions restent en suspend sur les contours exacts de « Notre projet » que le ministre confirmait avoir « validé », transmis quinze jours avant son intervention, et dont la substantifique moelle serait peut-être livrée en juin prochain…

Sans prendre le temps d’aborder dans les grandes lignes « Notre projet », l’entrée en matière de M. Longuet ne laisse aucune place à l’ambiguïté. Si le Premier Ministre a effectivement donné son accord de principe sur l’application du nouvel espace statutaire, il a également demandé que « la grille des gendarmes » ne soit pas transposée intégralement mais adaptée à nos « spécialités ».

Comparant gestion des sous-officiers des armées et sous-officiers de gendarmerie, notamment dans le premier des grades, le ministre a brossé en quelques mots ces fameuses spécialités qui semblent si rédhibitoire à une juste et (L)égale transposition. On pourrait donc à l’envie caricaturer un peu plus les disparités existantes en soulignant certains avantages d’un autre âge : gratuité du logement des militaires de la gendarmerie, calcul de la pension incluant certaines primes…etc.

En effet, les mots employés par le ministre ont un sens et peuvent prêter à interprétation.

On doit convenir que gendarme est un métier spécifique et qu’une majorité de sous-officiers resteront à ce premier grade jusqu’à la retraite. L’âge venant n’est effectivement discriminant que pour l’accès à certaines unités d’interventions d’élites également en impératif de jeunesse.

Cependant, pour marcher sur les pas ministériels, la « gestion de stock » qui caractérise la Gendarmerie (se reporter à la définition du dictionnaire concernant le stockage..) assure une certaine sécurité aux personnels qui accèdent à l’entrepôt…

Le sous-officier des Armées quant à lui évolue dès le départ dans un environnement de précarité, sans cesse évalué, noté, examiné, ausculté… On peut rejoindre également M. Longuet sur l’aspect tardif de la « carrièrisation ». L’effort financier fait par chaque personnel dans le cadre du logement contribue également à fragiliser cette catégorie.

L’évidence voudrait donc que le nouvel espace statutaire, mouvement d’ensemble pour la fonction publique, fasse enfin la part belle à la parité et au juste équilibre. Les corps militaires se doivent simplement d’être assimilés aux catégories de la fonction publique, comme le prévoit LA LOI.

A contrario, on assiste à un début de balkanisation des sous-officiers. Une gendarmerie, en état de fusionnement forcé avec la police, bénéficie (encore ?) d’un traitement de faveur. Ainsi, la publication des nouvelles grilles a été faite sans retard au CFMG, puisque validées dès le 04 février 2011…

Comment ne pas penser alors que les sous-officiers des armées sont encore une fois sous-considérés ! Comment ne pas trouver cynique que les efforts de jeunesse, de remise en question, d’excellence, de renouvellement, soient facteurs bloquant pour une juste parité, une prétexte à tergiversation et à lâches reculades ?

Le mois de juin 2011 devrait permettre d’étalonner à sa juste « valeur » le respect que les institutions et ses représentants portent aux armées et à ses sous-officiers en particulier.

Le temps est à la cohésion, le bon sens l’impose, la loi l’exige.

Les sous-officiers sont et restent la colonne vertébrale des armées… attention scoliose en vue !

Cet article a 8 commentaires

  1. JMestries

    Bonjour
    Excellent article qui marque en effet la différence de traitement entre militaires.
    Une chose semble se confirmer cependant, c’est bel et bien le départ des gendarmes de la condition militaire. Les derniers préparatifs se mettent en place puisque le ministre de l’Intérieur vient d’ouvrir le dialogue sur la dernière phase de cette mutation. Il s’agit de la création d’un corps unique pour remplacer les corps d’officiers de police et de commissaires. pour compléter la démarche, les syndicats des gardiens de la paix réclament aujourd’hui directement la fin des escadrons de gendarmerie mobile.
    J’espère que les gendarmes ne verront pas dans votre constat une attaque les desservant. Il ne s’agit que d’un constat. Aujourd’hui ils servent de locomotive à la condition militaire. Vous devez intégrer que cette locomotive va disparaître.
    En tout cas, en tant qu’ancien gendarme, je ne peux que souhaiter que la condition militaire soit considérée comme une particularité. Il est impensable de comparer un militaire à un secrétaire de mairie ou un cadre de préfecture.

  2. Méchain

    Il y a quelque chose d’indécent dans le propos de cet article. La gendarmerie a été évincée du ministère de la défense en grande partie grâce au lobbying de l’armée de terre. En 1994 les armées ont refusé le combat de la parité que les gendarmes entendait mener et il est est résulté le déclassement global de la fonction militaire gendarmes inclus. Les transpositions d’appellations des grades à la police sont venus entériner le déclassement opérés depuis 1948. les sous-officiers sont les grands perdants dans cette affaire. Alors entendre les armées se plaindre aujourd’hui est totalement indécent. Vous avez abandonné les sous-officiers depuis longtemps messieurs les généraux de l’armée de terre. Ce n’est pas en tapant sur les gendarmes qui sont aussi largement déclassés que vous pourrez effacer vos responsabilités qui sont dans cette affaire énormes.

  3. Méchain

    Il y a quelque chose d’indécent dans le propos de cet article. La gendarmerie a été évincée du ministère de la défense en grande partie grâce au lobbying de l’armée de terre. En 1994 les armées ont refusé le combat de la parité que les gendarmes entendaient mener et il est résulté le déclassement global de la fonction militaire gendarmes inclus. Les transpositions d’appellations des grades à la police sont venus entériner le déclassement opéré depuis 1948. Les sous-officiers sont les grands perdants dans cette affaire. Alors entendre les armées se plaindre aujourd’hui est totalement indécent. Vous avez abandonné les sous-officiers depuis longtemps messieurs les généraux de l’armée de terre. Ce n’est pas en tapant sur les gendarmes qui sont aussi largement déclassés que vous pourrez effacer vos responsabilités qui sont dans cette affaire énormes.

  4. DUVAL

    Pour ma part, j’ai recherché sur internet l’intervention du MINDEF… avant de commenter ! et j’en arrive au même constat. Il s’agit ici d’une excellente analyse de propos effectivement tenus. Mon seul regret, n’avoir pas pris connaissance plus tôt du compte rendu de la session.
    Merci pour cet article, pédagogique et éclairé mais qui restera j’en ai peur sans effet…. Mais que font les membres du CSFM ???????

  5. Méchain

    Je pense que Duval veut laisser entendre qu’il n’apprécie pas ce que j’ai dit. Et bien il doit apprendre à lire. Le propos de l’article est bien ce à quoi il fait référence et non l’auteur de l’article. Les faits sont têtus et ce n’est pas l’amnésie si commune au Mindef lorsqu’elle arrange qui peut autoriser à se couvrir du manteau de la vertu quand on a laissé se développer une situation et porte des responsabilités énormes dans la situation actuelle. La gendarmerie est que cela plaise où non totalement déclassée grâce à la passivité du mindef. Les sous-officiers des armées sont eux abandonnés depuis longtemps et il est bien temps de se réveiller maintenant…C’est à mourir de rire et pitoyable. Ne comptez plus sur la gendarmerie pour vous protéger.

  6. DUVAL

    Je remercie M. Méchain pour ses commentaires de hautes qualités. Clarté, justesse, modération du propos, fine analyse en adéquation du sujet abordé. En cette période de préparation d’examen, un exemple de composition indépendante voire un sujet d’étude. Bravo, continuez !

  7. xérés

    Ce mr Duval est vraiment trés professoral, encore un personnage de petit « maître » et pourtant terriblement déplacé. Je crois connaître le commentateur et je peut dire qu’il sait de quoi il parle ayant été au coeur de la bataille de la parité en 1994 et 1995. Cher mr Duval vous gagneriez sans doute à devenir plus humble….

  8. RENDI

    Merci pour cet article clairvoyant. J’ai eu du mal à trouver l’intervention du ministre mais c’est fait. Je serais aussi attentif au mois de juin… mais je crois aussi que la messe est dite !!
    Des jours sombres se profilent…. alors plus que jamais COHESION !
    Un gendarme ancien de l’armée de l’air ( 4 ans)

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