L’Adefdromil n’a pas encore reçu de réponse officielle au programme d’action qu’elle a adressé à tous les candidats déclarés à l’élection présidentielle d’avril prochain.
Toutefois, dans une interview exclusive donnée à la revue « DEFENSE » de l’Union des anciens Auditeurs de l’IHEDN datée de janvier, février 2007, M. SARKOZY s’exprime sur les problèmes de défense.
L’Adefdromil cite pour ses lecteurs les points forts de ce document. Les titres et sous-titres sont ceux de notre rédaction. L’intégralité du texte est téléchargeable à l’adresse :http://www.cybel.fr/html/Communaute/defense/125/sarkozy.pdf
DES PRINCIPES.
La globalité de la Défense.
La ligne de partage traditionnelle entre sécurité intérieure et sécurité extérieure me semble en grande partie dépassée. D’une certaine façon, cela oblige à un retour aux sources, c’est-à-dire à l’esprit de l’ordonnance organique de 1959 qui affirme que la défense a pour objet d’assurer en tous temps, en toutes circonstances et contre toutes les formes d’agression la sécurité et l’intégrité du territoire ainsi que la vie des populations.
L’alliance avec les Etats Unis.
La sécurité de l’Europe et la stabilité de certaines régions du monde peuvent difficilement s’envisager indépendamment du dialogue et de l’alliance avec les Etats-Unis.
La consolidation de l’effort européen de défense et l’OTAN.
La consolidation de l’effort européen de défense doit être la première préoccupation.
L’OTAN n’a pas vocation à se transformer en une organisation concurrente de l’ONU. Elle doit rester une organisation de défense de nature militaire, centrée sur la sécurité du continent européen. Une organisation de défense sans ancrage géopolitique n’a pas de sens, et n’a donc pas d’avenir. Dans ces conditions, il n’y a pas à choisir entre l’Europe de la défense et l’OTAN. Ce n’est pas l’une sans l’autre ni l’une contre l’autre, mais bien l’une avec l’autre. Le renforcement de la défense européenne doit rester une priorité. Au moment où l’Europe et sa sécurité ne sont plus forcément au centre des préoccupations stratégiques américaines, les Européens doivent être plus autonomes dans la protection de leurs territoires et de leurs populations, de même que dans la défense de leurs intérêts fondamentaux sur la scène internationale. Mais personne de sérieux ne soutient aujourd’hui que nous pourrions pour autant nous passer de l’Alliance Atlantique,
Dans les années qui viennent, nous devons impérativement avancer sur la voie d’une plus grande intégration des capacités industrielles et des compétences technologiques. Il faut favoriser l’avènement de grands champions européens de l’industrie de défense. Parallèlement, il faut unir nos forces en matière de production et d’acquisition d’équipements, avec moins de programmes nationaux et plus de programmes européens.
L’engagement des troupes françaises à l’étranger.
L’armée française n’est pas un corps expéditionnaire destiné à jouer les pompiers ou les gendarmes aux quatre coins du monde entier : elle n’en a ni la vocation ni les moyens. Une réflexion s’impose sur les conditions d’engagement de nos troupes à l’étranger comme leur pré positionnement : où devons-nous être pour défendre nos intérêts et nos valeurs ? Avec quel mandat ? Avec quelles règles d’engagement précises sur le terrain pour nos forces ? Quel financement pour quelle durée d’engagement ?
UNE METHODE.
La clôture de la loi de programmation.
Je suis par conséquent plutôt partisan que nous prenions le temps d’organiser une transition réussie vers la prochaine loi de programmation, au besoin en conduisant un audit approfondi des programmes en cours et des conditions de leur réalisation. Cette période transitoire doit être l’occasion d’une réflexion approfondie sur la réévaluation du cadre stratégique de notre politique de défense, puis de la hiérarchie dans l’expression des besoins et enfin des modalités de leur satisfaction.
La détermination de l’enveloppe budgétaire.
La définition du format ne peut être déconnectée d’une réflexion plus vaste sur ce que doivent être les objectifs de notre politique de défense et les missions imparties aux forces armées. La logique et le bon sens voudraient que l’on aborde la question de l’intensité de notre effort de défense par les fins plutôt que par les moyens. Cela dépend de ce que nous devons et voulons faire. Le dimensionnement physico-financier est tout de même tributaire d’une double démarche, l’une objective consistant à identifier et à parer les menaces et les risques qui pèsent sur la sécurité de notre pays et sur ses intérêts, l’autre plus subjective qui a à voir avec le volontarisme politique : quel niveau d’ambitions notre nation s’assigne- t’elle s’agissant de ses capacités d’intervention militaire, et au delà, de sa crédibilité internationale ?
DES REFORMES PREVISIBLES.
Une réorganisation territoriale.
Je crois en tout cas nécessaire de recentrer au maximum les effectifs militaires sur leur coeur de métier, à savoir les activités opérationnelles. De ce point de vue, personne ne conteste aujourd’hui que des progrès notables peuvent encore être faits dans la réorganisation des implantations territoriales et la rationalisation des fonctions de base et de soutien.
La création d’un conseil de sécurité.
Je suis favorable à l’instauration auprès du Président de la République d’un conseil de sécurité nationale, intégrant en tant que de besoin les préoccupations liées à la sécurité intérieure, aux questions internationales et .à la défense militaire. Ce conseil devait être un lieu d’.changes et de débats permettant au Chef de l’Etat de rendre ses arbitrages en pleine connaissance de cause. Cette instance, soutenue par un secrétariat permanent, pourrait également être activée dans des configurations de gestion de crise, nationale ou internationale. Elle se rait au passage l’occasion d’une meilleure coordination nationale et d’une meilleure utilisation du renseignement.
DES OBJECTIFS.
La revalorisation de la condition militaire.
Il y a aussi l’effort de revalorisation de la condition militaire qui doit se poursuivre, celle-ci n’étant pas toujours à la hauteur de la reconnaissance due par la nation à des hommes et à des femmes soumis à des sujétions professionnelles et familiales particulièrement lourdes.
L’intégration de la défense et de ses personnels dans la Nation.
Premier défi : l’intégration de la défense et de ses personnels dans la Nation. Rémunérations, logement, garde et scolarisation des enfants, emploi des conjoints, reconversion, nous devons être attentifs à ce qu’ils ne décrochent pas du reste de la société. Et si le statut spécifique qui est le leur se justifie par la nature de leur engagement et des missions qui leur sont confi.es, là aussi veillons à ce qu’un décalage trop grand ne s’installe pas. C’est d’ailleurs l’une des conditions pour que l’armée reste à l’image de la nation et reflète sa diversité.
Le lien Armée/Nation.
L’existence de liens forts est primordiale. Elle détermine le n i veau de cohésion de la nation dans son ensemble autour de son dispositif de défense et de ses soldats. C’est donc un ingrédient indispensable de la qualité Et de la crédibilité de notre politique de défense. Cela ne se décrète pas, mais se construit et s’entretient.
Deuxième défi : la formation civique de la jeunesse et son intégration dans notre société républicaine. Cela n’est pas du ressort exclusif des armées, mais elles peuvent néanmoins apporter une contribution très efficace.
L’instauration du service civique obligatoire comportant un volet militaire pourrait être l’occasion pour les jeunes qui le souhaiteraient d’accomplir leur période de service sous les drapeaux, dans la mesure bien sûr des besoins des armées et de leurs possibilités d’absorption. Ces jeunes, sensibilisés et formés aux techniques militaires, pourraient ensuite venir grossir les rangs de la réserve, dont notre pays a besoin pour renforcer ses capacités de mobilisation en cas de crise affectant notre territoire et engageant la sécurité d’un grand nombre de nos compatriotes. Enfin, je crois que le lien armée-nation se portera d’autant mieux que la politique de défense sera un vrai sujet de débat. Je ne verrais que des avantages à ce qu’un secrétariat général ou une agence de la défense civile soit créée pour animer l’esprit de défense et coordonner la mobilisation des différentes composantes de la société.
Lire également :
Programme d’action 2007 – 2012 de l’Adefdromil