Le respect de la personne doit commencer dans les lycées militaires.

Note de l’Adefdromil.

Un de nos adhérents, officier retraité, nous avait fait part, voici plusieurs mois, des souvenirs pénibles de brimades, baptisées alors « culations » qu’il avait subies au Prytanée Militaire de la Flèche au début des années soixante en classes préparatoires. Avec l’éclairage des récentes affaires à La Flèche et à Brest, ce témoignage prend une autre valeur.

Tristes souvenirs des « culations » du Prytanée Militaire de La Flèche.

Quel intérêt de revenir sur des affaires maintenant anciennes ? Parce que je ne suis pas certain que ces pratiques, pourtant aujourd’hui légitimement interdites, ont réellement disparu partout dans les écoles et lycées militaires.  Parce que surtout, aujourd’hui encore, la mentalité dominante chez ceux qui les ont perpétrées autrefois, après en avoir été victimes, est que « c’était une bonne chose », cela « formait le caractère », cela « soudait les promotions ». Cela veut dire que si on laissait faire, cela recommencerait sans aucun doute. Ces pratiques n’étaient pas innocentes. Elles duraient des mois, et c’était pratiquement tous les soirs. C’était, fondamentalement, une école à apprendre à ne pas respecter l’autre, à justifier l’arbitraire sous toutes ses formes, à briser tout libre arbitre et la conscience individuelle. L’administration (la « strasse »), en laissant faire ostensiblement, était coupable de complicité passive, quand elle n’approuvait pas ouvertement.

En parler peut contribuer, de mon point de vue,  à ce que cela ne se renouvelle pas. Et cela ne se renouvellera pas seulement si ; ceux qui sont convaincus de l’inacceptabilité de tels procédés œuvrent et  militent en ce sens.

Je dois aussi vous dire, cela surprendra peut-être les lecteurs, que les blessures morales subies alors n’ont pour moi jamais été totalement guéries, et ce d’autant plus que vous ne voyez sur le témoignage que j’ai apporté qu’une toute petite partie de l’iceberg. Avant l’année de math-sup  représentée sur les images, il y a eu une autre année de « bizutages », en « mathelem », toute aussi stupide, toute aussi violente, toute aussi prédatrice, et qui durait jusqu’au 2 décembre (le 2S). Deux ans après, à Z*, rebelote avec des brimades physiques et morales tout aussi condamnables.
Tout ça pour dire que j’ai gardé vis-à-vis de ce passé pénible une charge affective très forte.

* Ecole de formation d’officiers d’une armée.

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