CERGY, 18 jan 2011 (AFP) – La famille d’un soldat décédé et ayant servi dans les Balkans a porté plainte jeudi à la gendarmerie de Marines (Val d’Oise) pour atteinte à l’intégrité du cadavre de leur fils et mari, a-t-on appris mardi de sources concordantes.
La plainte sera transmise au parquet de Paris dans le cadre de l’information judiciaire ouverte par le pôle santé sur le « syndrome des Balkans », a précisé à l’AFP le parquet de Pontoise.
Ludovic Acariès, un appelé du contingent, casque bleu dans les Balkans en 1993, est mort en septembre 1997 d’une grave maladie. Son décès est survenu à l’hôpital Saint-Louis à Paris après l’échec de deux greffes de moelle osseuse, selon un communiqué de sa famille.
La famille n’avait pas donné alors d’autorisation, orale ou écrite, pour qu’une autopsie soit pratiquée.
En 2001, la famille entend parler du « syndrome des Balkans ». Soupçonnant que Ludovic a pu être contaminé par des camions de retour du Golfe lorsqu’il était dans les Balkans, elle obtient en 2007 du tribunal administratif de Cergy-Pontoise la désignation d’experts.
Après exhumation du corps, le rapport d’expertise montre que le corps a déjà été autopsié, à l’insu de la famille.
La famille, membre d’Avigolfe, association des Victimes de la Guerre du Golfe et des Balkans dont le père Alain Acariès est secrétaire général, a appris les faits « avec stupéfaction et horreur », selon le communiqué.
Elle a porté plainte pour « atteinte à l’intégrité du cadavre et soustraction de preuves dans une instance en cours, en justice ».
Le jour du dépôt de plainte, la famille a reçu une lettre de l’hôpital Saint-Louis dont l’AFP a eu copie, confirmant qu’une « autopsie a été pratiquée le 9 septembre 1997 » afin de « rechercher les causes du décès ».
Cette autopsie a été « effectuée la veille de l’enterrement » et sans autorisation de la famille « et surtout contre l’avis de la veuve qui avait été sollicitée après le décès », précise la famille.
Le rapport de l’autopsie de 1997 transmis à la famille montre que « les viscères essentiels pour une recherche toxicologique et surtout radiologique ont été enlevés (foie, reins, cerveau) », estime la famille.
« Cette autopsie a porté préjudice à l’action que nous menons pour la reconnaissance de la contamination » de Ludovic Acariès, déclare son père dans sa plainte dont l’AFP a obtenu copie.
Le parquet de Paris a ouvert en juin 2002 une information judiciaire pour « homicide et blessures involontaires » en lien avec le « syndrome de la guerre du Golfe ».