Le billet de Patrick Besson
Encore un Noël en famille pour Oussama ben Laden. Le dixième depuis le 11 septembre 2001. J’avais d’abord écrit neuvième, mais je me suis souvenu de mes cours d’école primaire sur les intervalles. Ça sert aussi à ça, les fêtes de fin d’année : se replonger en enfance. Je me demande dans quel grand magasin, cette année, Oussama a acheté ou fait acheter ses cadeaux. Harrods ? Bergdorf Goodman ? Le Bon Marché ? Je l’imagine en train de disposer les paquets sous le sapin. Soudain, la voix de sa soeur, ou de sa femme, ou de son chef d’état-major : » Oussama, à table ! « L’homme le plus recherché du monde depuis une décennie se dirige alors, du pas élastique qu’il a adopté lors de sa formation militaire par la CIA au début des années 80, vers la salle à manger. Quand il pense que les Américains et certains de leurs alliés occidentaux ont mis deux pays – l’Irak et l’Afghanistan – à feu et à sang, provoquant des dizaines de milliers de morts parmi des civils et des militaires, sans parler de leurs propres soldats décédés ou mutilés, et qu’il est là en train de déjeuner tranquillement, s’apprêtant à fêter le Noël 2010 avec toute sa famille ! Et la bamboula qu’ils feront le 31 ! Il s’est passé quoi, au juste, concernant Ben Laden ? On a une piste ou on a complètement abandonné l’idée ? On aimerait être tenus au courant. On commence à ne plus rien y comprendre. Comme si on prenait en marche la saison 9 de » Prison Break » sans avoir vu les huit précédentes. On le traque toujours ? Où ? Qui ?
Une pensée, en cette fin 2010, pour les soldats français qui, les 24 et 31 décembre, seront en Afghanistan à la recherche obstinée et infructueuse du chef d’Al-Qaeda. Quand les Américains libéraient Paris, Rome ou encore Berlin, ils pouvaient sortir le soir, ce qui leur permettait d’avoir des échanges culturels ou sentimentaux avec la population locale. Même au Vietnam, où ils ont fait 3 millions de morts, ils étaient bien accueillis dans les bordels. En Irak et en Afghanistan, les soldats de l’Otan ne se montrent que la journée, en groupe et en voiture blindée (VAB). Le reste du temps, ils sont bouclés dans leurs casernes. C’est la première fois dans l’Histoire qu’une armée de libération est obligée de s’enfermer. Ça limite les rencontres avec les autochtones à quelques jets de bonbons en direction d’enfants plus ou moins rieurs. Niveau gonzesses, ça se passe comment ? Il est bête, Obama : l’homosexualité devrait être non seulement acceptée dans l’armée américaine, mais rendue obligatoire. Du coup, les….
Lire la suite sur le site Lepoint.fr en cliquant [ICI]