Cher soldat professionnel.
J’ai lu avec beaucoup d’intérêt tes réponses. Assez bien documenté, je te félicite pour le travail de rédaction que tu as fourni. Tu as fait de ton mieux pour formuler des réponses de bon goût et de ce point de vue, c’est réussi car tes chefs y seront très sensibles. Ceci étant, l’exercice n’était pas facile pour toi. Je trouve que tu parles comme un livre, parfois ouvert à la mauvaise page, d’où le décalage. Fais attention de rester crédible car ponctuellement, tu sembles prendre parti en occultant de nombreuses vérités, et ce n’est pas une marque d’objectivité vis-à-vis de tes collègues : Ils vont encore te chahuter au foyer !
Souviens-toi que leur mécontentement est souvent légitime et que ce dernier est chaque année plus difficile à masquer dans le rapport sur le moral dont tu as certainement entendu parler. Tu sais, le rapport annuel qui finit toujours par : « Parce que ! » comme les CR du CSFM qui se terminent par : « Circulez ! » les gendarmes ont tout bu avec le ministre ! Je t’expliquerai à la machine à café quand elle sera réparée…
Crois-moi, l’objectivité est un exercice difficile pour le soldat que tu es c’est vrai, mais c’est aussi un impérieux devoir pour tes chefs chargés de veiller à tes intérêts. Et puisque tu aspires naturellement à devenir chef un jour, accroche-toi bien et ne tombe pas dans la facilité de la langue de bois, si chère à la grande muette. Le regard que portent sur toi tes hommes vaut celui de tes officiers. Tu seras récompensé en étant fidèle à tes devoirs, même si quelques-uns de tes supérieurs devraient peu apprécier ta démarche, visant à défendre les intérêts de tes subordonnés.
J’espère que tu feras une brillante carrière et qu’un jour peut être, tu deviendras chef à ton tour. En tout cas, si on me demande mon avis, j’indiquerai que tu as d’ores et déjà le potentiel puisque tu sais lire et écrire. Il faudra cependant que tu sois proche de tes gars et que tu comprennes leurs questions car vois-tu, répondre « parce que » à la question « pourquoi » va les faire fuir, et sans soldats, tu risques de traîner dans un échelon subalterne ce qui, il faut bien l’avouer, n’est pas un bon plan. Allez, bonne chance, on est bientôt en décembre et tu peux trouver ton nom sur la liste d’aptitude : Entendons-nous bien, celle des candidats sous-officiers !
Un grenadier voltigeur.
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