Avigolfe a pris connaissance du rapport américain rendu public le 16 novembre 2004, par le Research Advisory Committee on Gulf War Veterans’Illnesses, commission officielle nommée en 2002 par le ministère américain des Anciens combattants. Comme les associations américaines et britanniques de vétérans du Golf, Avigolfe estime que ce rapport marque un tournant radical dans l’attitude des autorités américaines à l’égard de la question des maladies dont les vétérans de la guerre du Golfe, y compris français, sont atteints. En reconnaissant officiellement que ces pathologies, signes ou symptômes ne sont pas dûs à un stress post-traumatique de guerre mais bien aux agents toxiques auxquels ils ont été exposés sur le terrain (gaz de combat, pesticides, pyridostigmine, multivaccination, fumées de puits de pétrole, uranium), cette commission officielle contredit les déclarations des gouvernements français, britanniques et américains qui depuis dix ans nient tout lien de cause à effet.
Avigolfe souligne que ce rapport met en évidence les insuffisances et les lacunes de l’enquête menée en France par les Professeurs Roger Salamon (Inserm U593 à Bordeaux) et Françoise Conso, commandée, financée et contrôlée par le ministère français de la Défense. Cette enquête qui associait un recensement sanitaire exhaustif des vétérans et des recherches médicales individuelles dans le cadre d’un protocole établi avec le ministère de la Défense, n’a pris en compte, sur les 25 000 participants à la guerre du Golfe (chiffre officiel) que 5666 militaires dont 71% sont encore actifs au sein de l’armée française et donc en bonne santé, et dont un millier séjournaient alors dans des pays sans lien avec les zones de combat (Seychelles, Turquie, Pakistan, Djibouti, Egypte, etc). Cette enquête, dont le questionnaire a été formulé de façon ambiguë, n’a pas pris en compte, et donc étudié, les décès alors que la mission était de définir les effets de la guerre du Golfe sur la santé. Elle n’a pas retenu dans ses conclusions, très ambigües également, les quelques informations significatives comme la prévalence, surprenante selon le rapport, de certaines pathologies ou le taux élevé de malformations congénitales chez les enfants nés après la guerre du Golfe. Aucune recherche sérieuse scientifique n’a été effectuée pour mettre en évidence les effets des facteurs toxiques auxquels ont été exposés les vétérans français contrairement aux enquêtes très poussées et souvent indépendantes effectuées aux Etats-Unis et retenues par la Commission du ministère américain des Anciens combattants. Aujourd’hui, nous sommes surpris d’entendre le Professeur Roger Salamon déclarer sur les ondes de France-Bleue Gironde qu’il faut reconnaître les maladies des Vétérans de la Guerre du Golfe.
Avigolfe dénonce le manque de sérieux avec lequel la question des maladies des vétérans de la guerre du Golfe a été traitée par les autorités françaises.
Avigolfe demande aux autorités françaises de prendre en compte le rapport du Research Advisory Committee on Gulf War Veterans’Illnesses, de faire siennes ses conclusions et recommandations, de se prononcer clairement et rapidement sur la reconnaissance des maladies des vétérans français de la guerre du Golfe et de légiférer dans ce sens. Notre association demande à être reçue par le Premier ministre dans les plus brefs délais à ce sujet.
Avigolfe estime que le temps de la « langue de bois » est terminé et qu’il s’agit maintenant de prendre des mesures concrètes en faveur des vétérans et des civils malades, des veuves et des familles de ceux qui ont servi la France durant la guerre du Golfe.
Avigolfe demande enfin aux médecins et scientifiques français de faire tous les efforts pour s’informer au mieux des études américaines déjà menées et à venir, dans le but d’une meilleure prise en charge médicale des vétérans de la Guerre du Golfe.
Pour Avigolfe
Le Président
Hervé Desplat
Tél 06 85 20 06 99