Nos colonnes mettent régulièrement à mal le mythe du Chef qui, selon la chanson, « veille à tous les échelons aux intérêts de ses subordonnés ». Or il n’en a pas les moyens, le militantisme n’étant pas son métier. Seul un organisme de défense des intérêts sociaux et moraux des militaires, apolitique et sans droit de grève puisque d’obédience militaire mais indépendant de la hiérarchie, présenterait les garanties requises.
Veiller aux intérêts de ses subordonnés sans interpeller l’institution, laquelle ce faisant n’aura strictement rien à demander au Pouvoir civil, ce n’est pas les défendre. Interpeller l’institution sur ses faiblesses étant nuire à son propre intérêt, il est clair que les suicidaires ne se bousculent pas au portillon. Et ce n’est pas « casser du Général » que de le déplorer.
On aurait même la pénible impression que moins le Chef interpelle, meilleur serait son avancement. Aussi l’assujetti a-t-il appris à devoir se prendre en main pour compenser ces défaillances, au demeurant fort compréhensibles lorsque l’on a une famille et quelques ambitions à nourrir.
Ici, il lui faut aller en Conseil d’Etat pour que l’expédition du Golfe soit reconnue comme ayant été une guerre. Ce que son Chef bienveillant n’avait pas remarqué.
Ici encore, il obtient du Tribunal administratif qu’il explique à la DPMAT soi-même ce qu’un élève en délicatesse avec les pourcentages, redoublant sa sixième pour la troisième fois aurait compris aisément. A savoir, si les Adjudants-chefs et assimilés retenus pour pécule 1999 se sont vus offrir automatiquement (donc ni au choix, ni à l’ancienneté mais automatiquement) l’échelon exceptionnel de ce grade six mois francs avant leur radiation des contrôles, c’est un marché de dupes de ne l’avoir attribué qu’à 15% d’entre eux. Voir affaire Beaussart [cliquer ici].
Là par Conseil d’Etat interposé, il fera entendre à ce Chef décidément préoccupé par d’autres tâches que les journées de récupération octroyées par la hiérarchie ne sauraient être assimilées par icelle comme autant de jours à défalquer des droits à permissions.
Là encore, il enrichira le vocabulaire de son Chef bienfaisant en lui apprenant le distinguo entre mutation avec changement de résidence, et mutation sans changement de résidence. Et que l’une ne saurait se substituer à l’autre, au seul motif des économies à réaliser.
Ce juridisme dévoyé des képis dorés les verra encore au Tribunal, pour que l’institution, décidément mal informée, fasse la différence entre permission pour déménagement et mission de reconnaissance de garnison, lors d’une mutation. Il est vrai que la mission étant génératrice d’indemnités, grande peut être la tentation de la requalifier en permission gratuite. C’est très bon pour l’avancement de celui qui en décide, comme de celui qui jugera plus prudent de l’accepter en silence.
La liste exhaustive des petites et grandes faillites dans la défense des intérêts du subordonné, conduits par des juristes émérites pour défendre l’indéfendable, jusques aux plus hautes juridictions avec l’argent du contribuable en une stratégie de résistance abusive, ne saurait être reprise ici.
Elle montre, il est prudent de ne pas l’oublier, que derrière les certitudes étoilées, la redondance des règlements, la rutilance des dispositions de sauvegarde dont on taira bien entendu les difficultés d’accès, la suffisance des assurances savamment médiatisées, les sourires de façade et autres bouches-en-coeur-mains-sur-le-coeur-tant-pis-si-j’en-meurs, peuvent se cacher bien des petitesses, fourberies, menteries et mesquineries.
Ceci pouvant aller jusqu’à la fausse allégation, comme dans le cas de ce médecin généraliste «promu» médecin psychiatre, afin de donner consistance à un dossier de congé longue durée pour une prétendue maladie mentale, en mal d’être démontrée.
Ou au simple reniement comme dans le cas des Gendarmes enquêteurs de l’Arsenal de Toulon, du Médecin empêcheur de distribuer des invalidités en rond de l’Hôpital Laveran, et maintenant des Gendarmes de la Guadeloupe trop respectueux de l’éthique de l’enquête judiciaire. Leur mutation après avoir levé l’affaire dérangeante n’étant que pure coïncidence ou promotion soudaine…
Cette liberté du Chef avec la déontologie du militaire, « en créant un malaise dans les unités, a un effet réel sur le moral et la fidélisation, une mauvaise influence sur les comportements et présente un risque réel de propagation. C’est enfin une atteinte grave à l’honneur et aux devoirs du militaire. Tenter de se soustraire à ses obligations est un manque de loyauté et un préjudice porté à ses camarades de combat ». C’est en ces termes choisis que s’exprime en 17 pages et quelques kilos de références une directive provisoire n° 791 du 4 juin… commise il est vrai pour stigmatiser l’absentéisme abusif du subordonné sous couvert médical. Il se trouve que le compliment ne va pas mal non plus à son rédacteur. L’arroseur arrosé en quelque sorte.
A cet exercice, mea culpa, la Commission des Recours des Militaires auprès du Ministre, dont la contraction du logo CR//M annonce la puissante capacité de réduction des problèmes qui lui sont posés, avait été injustement soupçonnée ici même d’être aux ordres de qui la paie, ceci dans notre roman de l’été « Lorsqu’on veut se débarrasser de son chien on l’accuse de la rage… », dont la (re)lecture ne saurait trop être recommandée [cliquer ici].
En se demandant s’il lui est arrivé, ne serait-ce qu’une fois, d’émettre un avis contraire à celui de sa hiérarchie, injure avait été faite à l’indépendance de ce machin. Dans un soubresaut malheureusement annonciateur de sa prochaine remise dans l’axe, la CR//M vient en effet de reconnaître que la décision ministérielle d’attribution d’office d’un quatrième congé de longue durée pour maladie mentale imposée au Vétérinaire Biologiste Principal Jean Riche était entachée d’irrégularités. Mea culpa, mea culpa.
Sans aller toutefois jusqu’à reconnaître qu’il en était de même pour les congés précédents. Il est vrai que la question ne lui était qu’implicitement posée, ces trois précédentes affaires étant pendantes en Conseil d’Etat.
Rappel des faits.
Depuis 1987 et plus particulièrement depuis le début de l’année 2000, la direction centrale du service de santé des armées (DCSSA) cherche à exclure le VBP Riche de l’institution. Jamais pris en défaut quant au respect du règlement vétérinaire comme de celui de discipline générale, Jean Riche agaçait au contraire par leur parfaite connaissance.
Les exactions largement exposées dans l’article précité n’étant pas parvenues à le faire démissionner, restait à la DCSSA de demander à la DCSSA si une vérification de la présence d’une éventuelle maladie mentale ne s’imposait pas. On peut supposer sans trop prendre le risque de se tromper que l’une n’a pas eu trop de difficulté à convaincre, et l’autre à trouver ce qu’on attendait d’elle.
Ainsi placé d’office en Congé de Longue Durée pour Maladie mentale (CLDM) avec tacite reconduction, vu la reconduction des impropriétés dans la justification de chaque nouveau congé, Jean Riche est exclu du service actif et est dirigé contre son gré, sauf décision contraire du Conseil d’Etat, vers sa prochaine réforme.
Aucune pathologie particulière n’est formulée, en dehors de sa tendance à ne pas s’en laisser conter. Certains psychiatres éloignés de ce péplum, pourtant désignés par l’institution elle-même, s’honorant même à écrire qu’il n’est aucunement malade. On ne les écoute pas, ils ne sont pas du sérail.
Cruella a décidé qu’il était malade mental, il faut la croire sur parole à défaut de pouvoir le faire sur pièces. Elle ne se déjugera pas. Et ne le soignera pas, comme elle serait tenue de le faire en cas réel. Bien au contraire, elle le harcèlera par un ensemble de procédures à dix contre un.
De quelle maladie mentale s’agit-il ?
A aucun moment n’apparaît dans ce dossier la moindre trace de névrose hystérique, phobique ou obsessionnelle. Rien non plus du côté des psychoses, tant schizophrénique que paranoïaque ou maniaco-dépressive. Rien non plus dans ce vaste espace entre névroses et psychoses que l’on appelle les états-limites.
N’ayant rien de sérieux à se mettre sous la dent, le psychiatre à charge n’a pu écrire que des banalités qui ne fondent pas la maladie mentale.
En revanche, il s’est trouvé deux psychiatres à décharge, dont l’un expert en Cour d’appel, pour écrire par deux fois, la seconde sur une demande du ministère de la défense qui doit s’en mordre les doigts, que Jean Riche était exempt de la moindre maladie mentale et tout à fait apte à servir.
Cette contradiction entre psychiatres par elle désignés est d’ailleurs assez savoureuse et embarrasse fort Cruella. D’un côté le psychiatre à charge veut se débarrasser du prétendu malade, sans présenter le moindre début de preuve de l’une des pathologies ci-dessus. De l’autre les psychiatres à décharge, peu disposés à faire verser une pension d’invalidité à un bien portant, le déclarent sain d’esprit.
Jean Riche avait certes l’art de sortir la bonne question du règlement, celle qui dérange parce qu’incontestable, et que la hiérarchie évacue dédaigneusement d’un revers de main, attendu qu’elle serait de nature à paralyser le «bon » déroulement du service, même si celui-ci n’est pas aux normes. Peut-être, puisque l’on ne lui répondait pas, en a-t-il même trop usé. Mais ceci ne caractérise en rien la maladie mentale chez celui qui pose ses questions dans le désert. Pas plus d’ailleurs que chez celui qui ne lui répond jamais. Ou alors il faudrait en soigner plus d’un.
Aussi ne restera-t-il au certificat de visite assassin que d’être d’un arbitraire incroyable. Le détail des « affectations » authentifiées par la signature d’éminents analystes, eux-mêmes semble-t-il victimes de confusion mentale puisqu’il doit s’agir plus vraisemblablement de recenser les « affections », n’a rien d’affectueux. Comment en effet, face à pareille coercition, avoir le culot de reprocher à celui qui défend sa peau, la persistance d’idée de préjudice et de revendication, quand il conteste que son inaptitude à la reprise du service actif puisse être décrétée sans preuve.
Si revendication de Jean Riche il y a, c’est précisément parce que, malgré ses nombreuses demandes, jamais ne put lui être précisée, et pour cause, la maladie dont on le dit atteint. Le demander, le redemander et le reredemander encore et encore puisque l’on ne veut ni ne peut lui répondre, est-ce de la revendication ? Non, c’est le rappel pathétique de son droit de savoir et celui de se défendre.
Dès lors l’idée de préjudice s’impose d’elle-même. Comment s’en étonner ? Ce serait ne pas avoir cette idée qui relèverait de la maladie mentale. Les psys la nomment « inhibition ».
Ceci n’a rien d’innocent. Etirer cette affaire en longueur est en effet le plus sûr moyen de pouvoir dire à terme que l’acharnement mis par la victime à se défendre est le signe manifeste du dérangement mental caractérisé. Du reste ceci commence à fonctionner puisque l’on parle déjà, devant son entêtement, de «prédisposition ».
Enfin il n’est pas inutile de rappeler que Jean Riche n’a jamais bénéficié d’un quelconque suivi ou traitement de la part des psychiatres militaires, tant ils sont peu persuadés de sa maladie. Ou, ce serait là déontologiquement très grave, tant ils savent depuis Philippe Pinel et son traité médico-philosophique de l’aliénation mentale, que la remise au travail est la loi fondamentale de toute thérapie en la matière. Remettre Jean Riche au travail ! Quelle victoire à la Pyrrhus. Cruella ne le pardonnerait jamais. Adieu l’avancement. La situation est bloquée. Qui va se déballonner le premier… On a hâte de savoir, c’est passionnant.
Les attendus de la CR//M
Jean Riche avait fait valoir :
Absence de toute définition de sa prétendue maladie mentale. Psychiatres à charge peu convaincants. Psychiatres à décharge probants. Attitude partiale de la DCSSA. Avis médical requis pour proposer le CLDM non conforme au décret le prévoyant.
Ce dernier point est savoureux.
Le décret requiert l’avis d’un médecin des armées spécialiste. Le médecin désarmé, à qui ses chefs ont remis la patate chaude, n’est qu’assistant en psychiatrie en formation. Tout dernier de la chaîne hospitalière, il ne détenait donc pas la qualification de spécialiste conformément aux dispositions réglementaires.
S’apercevant de cette erreur, dans un chant du cygne tragi-comique, la DCSSA avait bien tenté de faire valoir que le bulletin de visite avait été néanmoins signé par un médecin en chef. D’ailleurs ce n’est pas un, mais quatre tampons d’éminents Médecin-Chef, Médecin en chef spécialiste en psychiatrie, Médecin-Chef des Services, Médecin Général Professeur Agrégé qui figurent au bas du certificat. Paradoxalement, seul l’infortuné médecin assistant en psychiatrie en formation ne put apposer le moindre tampon à l’appui de sa signature. Il ne devait pas encore avoir atteint le niveau de compétence requis pour en être doté. En revanche, les quatre autres, quelle fière allure.
Il ne manquait que la Marianne du Président de la République. Après tout il est le chef de ces gens-là. Oui mais, diront certains esprits chagrins, il n’est pas médecin. Et alors ? Les quatre autres le sont peut-être, mais comme aucun d’entre eux n’a vu le «malade », où est la différence ?
Ne retenant que ce dernier développement la CR//M propose alors…au ministre (tiens, tiens, méfiance, le même qui par ailleurs préside à l’éviction du VBP Riche) d’annuler purement et simplement sa décision lui accordant (c’est plus convivial que d’écrire la réalité, à savoir lui imposant) une quatrième période de congé de longue durée pour maladie.
C’est ainsi que la CR//M, rompant avec une longue tradition, s’est honorée, un certain 29 avril 2004, dans la défense des intérêts d’un requérant. Cette date est à marquer d’une pierre blanche. Mea culpa.
Quel joli conte de fée… N’était la décision du ministre qui ne tiendra aucun compte de cet instant d’égarement de la CR//M !
La décision du ministre
Conclusion inverse en une formule lapidaire : « recours rejeté ». Point-barre.
Sur qui, sur quoi, sur quel élément nouveau ? Circulez, il n’y a rien à voir. Et le ministre de citer sans vergogne dans la liste de ses attendus (ah ! Les méfaits du « copier-coller »), le décret prévoyant un avis médical donné par un médecin des armées spécialiste, alors que le requérant et la CR//M lui clament haut et fort que contrairement à ce décret, cet avis médical a été donné par un assistant en formation non-spécialiste. Rien n’y fait. Sourd et aveugle un rouleau compresseur roule et compresse. Il ne s’arrête pas à ce genre de détail.
Si le chef, à l’échelon suprême, veille de la sorte aux intérêts de ses subordonnés, qu’attendre alors de la « veille à tous les échelons » ? Poser la question c’est déjà y répondre.
Recours rejeté hors délai, comme d’habitude. Avec, en bons juristes qu’ils sont là-haut, deux fers au feu.
L’un, en jetant en pâture à Jean Riche un ukase nul en droit, tant dans sa forme (retard) que sur le fond (médecin non-spécialiste et aucun symptôme de maladie mentale connue), le provoquer selon une recette éprouvée pour qu’il introduise quelques instances de plus en CR//M puis en Commission d’Accès aux Documents Administratifs, au Tribunal administratif et en Conseil d’Etat, lesquelles s’additionnant aux précédentes selon un mécanisme maintenant bien rodé depuis trois ans, permettront à son corps défendant d’appuyer la thèse du déséquilibré.
L’autre, offrant à Cruella, dans un éventuel demi-tour peu glorieux, la possibilité ultérieure d’arguer de la nullité de sa décision puisque fournie hors délai, si d’aventure la patate devenait trop chaude.
A ce propos, puisque la médiation ne fonctionne pas, la médiatisation de cette affaire est en route.
Prochainement nous verrons peut-être à la télévision, dans une succession mécanique de sourires à éclipses (interrompus par de larges sourires ci-après notés LS) une voix métallique nous expliquer :
« (LS LS) Ce serait non pas un mensonge, ni une inexactitude, mais peut-être une contrevérité, en tout état de cause il ne serait pas conforme à la réalité (LS à destination des exégètes) de prétendre que mes services auraient harcelé notre ami le Vétérinaire Biologiste Principal Jean Riche, bien au contraire (Geste apaisant de la main). Il fait l’objet, j’y attache la plus grande importance, à tous les échelons du commandement d’une sollicitude de tous les instants. En ce qui me concerne, et ce dès la première heure, (trémolo dans la voix) j’ai tenu à ce que ses intérêts soient défendus sans esprit de recul. J’ai personnellement veillé, même le dimanche et la nuit, à ce que notre ami puisse utiliser à plein l’ensemble des possibilités de recours que lui offrent le règlement et la législation (LS). Aussi insinuer que les actes de gestion personnalisée dont a bénéficié cet Officier supérieur, à la carrière exemplaire, aux qualités dignes d’éloges, un modèle pour les générations montantes et aucunement récalcitrant, s’apparenteraient à de la psychiatrisation abusive, serait une mystification à la limite de la diffamation (frémissement de narines). Nos Armées sont dotées d’un statut hautement protecteur que le monde entier nous envie (LS) et Jean, comme ses camarades frappés par l’adversité, en a bénéficié pleinement .(LS LS). Je tiens à m’incliner devant sa famille et ses proches, bouleversés par cette maladie qui l’a frappé aveuglément, comme demain elle peut nous frapper toutes et tous (sanglots étouffés) (1). Je puis leur assurer que mon entière sollicitude agissante leur reste acquise afin que la grande famille militaire, qui n’a jamais abandonné Jean, ne l’abandonne jamais (discrète petite larme). Sachez enfin, est-il besoin de le préciser, que si j’avais détecté la moindre défaillance (air martial appuyé), à quelque niveau que ce soit, dans le suivi du dossier de notre bien-aimé compagnon, j’aurais immédiatement diligenté une Enquête de Commandement et sanctionné les fautifs. Vous aurez observé, avec la même satisfaction que je partage avec les services fautifs et avec moi-même, que rien de ceci ne s’est fait. Ce dont je me réjouis et me félicite (LS LS LS). ». Masque d’acier hors caméra.
Cette future citation, comme on le constate libre de toute casuistique, est longue. Mais nous voilà rassurés.
La défense des intérêts professionnels et sociaux des militaires est décidément bien faite. On se demande vraiment pourquoi l’ADEFDROMIL prétend le contraire.
Mea maxima culpa.
Mariallio
(1) Il arrive qu’à force, la maladie mentale gagne ceux chargés de la traquer. Ainsi de Cruella, quand elle soigne… les bien portants. D’un côté, pour retenir le militaire saisi par le doute qui de plein gré s’exempterait de service, elle peut commettre une directive provisoire de 17 pages et quelques kilos de références, truffée d’illégitimité, stigmatisant l’absentéisme abusif sous couvert médical du faux malade (Quid de la déontologie des médecins prescripteurs ? Rien. La directive ne saurait les concerner). Quand d’un autre côté, dans une procédure tout aussi pesante, cette fois elle évince de ce même service actif, là contre son gré, un vétérinaire dérangeant, mais à dires d’experts en parfaite santé mentale et qui, lui, voudrait travailler.
A traiter les bien portants tantôt comme de faux malades, tantôt comme un malade qui s’ignore, on peut en effet soupçonner chez elle une logique d’organisation des thèmes de persécution et d’agression, de type paranoïa. Et regretter d’autant la pénurie de vrais médecins militaires, dont le métier est de s’occuper des malades, les vrais comme les faux, les faux-vrais comme les vrais-faux ainsi que de ces bien portants qui, devant certains errements que la pub à la télé s’était bien gardée de leur montrer, tombent malade comme des mouches.
Un bel archaïsme illustre ces errements. Celui de l’inviolabilité du Chef. Capable de confesser, par un vaselineux « vous comprendrez volontiers (sic) », ne pas avoir les moyens de tenir ses promesses, encore récemment dans l’affaire Beaussart, le tartufe qui veille croit pouvoir en même temps s’étonner avec superbe, comme au siècle dernier, qu’un subordonné s’enrhumant plutôt que de participer à des activités jugées contraignantes et indésirables lui dise à sa manière : « Pour me demander de tenir mes engagements, commencez donc par tenir les vôtres ».
Il est dommage que les prochains Statuts n’aient rien prévu qui puisse redonner, aux uns comme aux autres, un peu de leur dignité perdue. Ce qui devrait accentuer la fâcheuse tendance.