Lorsqu’on veut se débarrasser de son chien on l’accuse de la rage

… S’agissant d’un vétérinaire, immunisé contre la rage, on pourra toujours faire appel à la maladie mentale.

Il ne fait pas bon de chatouiller les naseaux de Cruella (1) en lui opposant les textes qu’elle a elle-même pondus : Elle mord.

Les deux Gendarmes maritimes ayant mis à jour à l’arsenal de Toulon un système de corruption avec ses ripoux parfois haut gradés l’ont appris, aux dépens de leur carrière et au prix de la désintégration de leur équilibre familial et social.

Le jeune Médecin Capitaine, parti en croisade contre les pathologies imaginaires distribuées en famille à l’hôpital Laveran de Marseille et génératrices de pensions d’invalidité de pure complaisance en échange d’avantages en nature, a lui aussi connu bien des chausse-trapes, coups de couteau dans le dos et autres coups fourrés. Lui n’a pas été muté à Brest ou Cherbourg, mais à Limoges. Chacun sait qu’être muté à Limoges après avoir levé un lièvre pareil à Marseille n’est pas une sanction, mais une promotion. On l’appelle même le limogeage. Il offre au limogé le loisir de contempler du haut des collines limougeaudes le désastre de sa carrière.

Violences et harcèlement au travail, excès de pouvoir et mutation-sanction, on vous le dit à l’envi, n’existent pas. D’ailleurs comment pourrait-il en être autrement puisque conformément à l’article 10 du statut général des militaires, « le Chef », ce guide bienveillant, veille aux intérêts de ses subordonnés.

Le cas du Vétérinaire Biologiste Principal Riche, s’ajoutant à ceux des Gendarmes de Toulon et du Médecin de Marseille, va malheureusement démontrer que l’entreprise de démolition contre celui dont la qualité du travail stigmatise le laxisme ambiant n’est ni une utopie, ni une exception.

Le lecteur verra comment, à partir de ses appels au respect des règlements de sa spécialité que le VBP Riche était tenu d’exprimer à sa hiérarchie pour l’éclairer, puis de ses rappels de la réglementation du service général lorsque les coups commencèrent à pleuvoir, comment dans un processus irrépressible de psychiatrisation on en arrivera à le qualifier de malade mental. Et à l’éliminer de l’institution. Ceci dans la pure tradition de ce qui s’est pratiqué dans l’ex-URSS, et se pratique encore dans les Pays totalitaires.

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Contexte de l’affaire.

A ses débuts dans la carrière, à l’occasion de la montée en puissance d’un poste de vétérinaire biologiste récemment créé, l’Aspirant Riche se vit décerner par le Ministre de la Défense, une lettre de félicitations des plus élogieuses. Nous sommes en 1981.

Des mots forts tels que compétence, logique, rigueur, passionné, remarquable, déterminé, ferme, convaincant, redressant les erreurs, prodiguant les conseils, vérifiant la bonne application des directives données, n’hésitant pas à rompre les contrats avec les fournisseurs défaillants, bref des mots forts et une conclusion livrée in extenso : « D’une présentation parfaite, craint et respecté, mais aussi admiré par les personnels à tous les niveaux de la hiérarchie, a su parfaitement s’intégrer au milieu maritime par son enthousiasme, une rare compétence, sa loyauté et un inlassable dévouement ». On a beau savoir que les lettres de félicitations font facilement dans le dithyrambique, qu’elles remplacent le 13ème mois, on ne peut cependant pas imaginer, sur de pareilles perspectives, que Riche ne puisse devenir un très bon Officier Vétérinaire.

Que s’est-il donc passé pour que récemment, malgré « Des connaissances professionnelles se situant très largement au-dessus de la moyenne, une grande expérience acquise sur le terrain, des qualités administratives certaines et un goût poussé pour la réglementation », on écrive ensuite de lui, quand jamais, malgré ses demandes insistantes, ne put lui être présenté le moindre début de preuve de ses prétendus excès, que son goût poussé pour cette réglementation le rendait inapte aux plans technique et militaire. S’agissant de santé vétérinaire et humaine au travers de la restauration collective, on voit d’ailleurs assez mal comment le strict respect de la réglementation serait condamnable. Sans être du métier, on aurait même comme le sentiment inverse.

En fait ce qui s’est passé est simple. Lorsque, grade et ancienneté aidant, le temps fut venu de faire constater à sa hiérarchie qu’elle ne s’appliquait pas les mêmes exigences que celles qui avaient fait de lui un Officier Vétérinaire de qualité, il est clair qu’elle a tout fait pour l’écraser. En effet ses rapports à la pertinence jamais prise en défaut, la mettaient dans l’obligation de mettre un terme aux carences démontrées. Or, comme souvent, n’en ayant pas les moyens, cette hiérarchie préférait gérer le non-dit, quitte à faire sauter tel ou tel fusible si le scandale devait éclater. En France c’est bien connu, on laisse en repos ceux qui mettent le feu, et on persécute ceux qui sonnent le tocsin. L’armée n’y échappe pas.

Il devenait urgent de faire taire l’insolent. Comment Cruella allait-elle s’y prendre ? Hélas, de la plus mauvaise manière.

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Les délices du service au quotidien.

Lorsqu’en janvier 2000, précédé de sa réputation d’homme respectant les textes, n’était-ce point le provoquer que de le muter de Maison-Alfort à Saint Germain en Laye à effet immédiat, c’est à dire le jour même ou il recevait son ordre de mutation ?

Avait-il pris des libertés avec la caisse ou sauté une accorte donzelle dans un bureau à la vue de ses chefs bien-aimés ? Que nenni ! L’aspect péjoratif de cette précipitation sans fondement est tel, qu’aux prud’hommes il aurait reçu un substantiel dédommagement. Mais les prud’hommes militaires n’existent pas. S’ils devaient exister, comme tout Conciliateur ou organisme de Défense des intérêts professionnels et moraux indépendant de la hiérarchie, le système serait bloqué tant les affaires sont là. Cruella ne s’y est pas trompée, elle les a remplacés par le « Chef qui veille (comme on le sait) aux intérêts de ses subordonnés ».

Etait-il adroit de le muter à effet immédiat, en lui refusant les indemnités de changement de résidence ?Alors qu’un illettré aurait reconnu, et gratuitement, que Maison-Alfort et Saint Germain en Laye étant deux garnisons différentes, les indemnités de changement de résidence étaient acquises, des têtes étoilées et autres services juridiques bien payés et apparemment sous-employés se sont laissés attraire en Conseil d’Etat, pour finalement l’admettre.

Etait-il bien nécessaire de le conduire à demander une nouvelle fois en Conseil d’Etat que lui soient accordés les 4 jours de permissions supplémentaires auxquels son changement de résidence lui donnait droit ? Là aussi un illettré l’aurait compris gratuitement.

Etait-ce indispensable de lui refuser l’ordre de mission permanent habituellement accordé au militaire qui, de par sa fonction, se déplace fréquemment ? Les erreurs plus ou moins volontaires induites dans le traitement de ses demandes ponctuelles de déplacement, en plus de faire rire Courteline soi-même dans la tombe, conduisant tantôt à une correspondance homérique, tantôt à l’annulation pure et simple de prestations où l’attendaient de nombreux auditeurs venus en vain.

Etait-il prudent de ne lui donner comme bureau qu’une salle de réunion, connexe au bureau des jeunes aspirants, dont seule la photocopieuse publique avait son ancienneté ? Avec la seule alternative de devoir se rapprocher des chiens, si ceci ne lui convenait pas.

Etait-il sage, après quelques jours d’affectation, de lui donner des ordres dont les contradictions étaient les prémices de la situation intenable d’animosité que ce subordonné devait rapidement ressentir, et de s’entendre sur la grande guignolade de devoir s’adresser un écrit pour la moindre raison de service. Ce que fit Riche, pour alerter le Médecin général inspecteur Directeur du …de…dans…le…en…etc.etc. , (le titre est démesurément long). Ce qui fut, faut-il le souligner, diversement apprécié. D’autant qu’il y allait de sa lettre recommandée avec accusé de réception, puisque le brave homme ne lui répondait pas.

Etait-ce bien habile que de lui adresser une fiche d’activité abondamment fournie, tout en lui indiquant qu’elle était déjà caduque, ce qui le conduisait à lire entre les lignes et à prendre le risque d’être poussé à la faute.

Etait-ce essentiel de lui faire savoir que l’ensemble de ses demandes seraient instruites, mais qu’en retour on comptait le « suivre avec le plus grand intérêt ». Ce qui se traduisit, entre autres, par l’obligation de rédiger sous 2 jours des comptes-rendus affligeants, puisqu’ils relataient de prestations répétitives d’enseignement des plus banales.

N’était-ce point maladroit, vu ce qui précède, que de le conduire à la saisine de la Commission d’accès aux documents administratifs pour présentation incomplète des documents demandés, voire manifestement tronquée, laquelle lui donne raison. De tromper ladite Commission sur l’intégrité de la documentation initialement présentée, et de se laisser ainsi attraire au Tribunal Administratif, lequel condamnera la Défense.

N’était-ce point repousser le problème que de remuter cet homme de convictions au bout de 6 mois, cette fois à Bordeaux, où, comment était-ce encore possible, les choses allaient empirer ?

***

Aux délices de service au quotidien s’ajoutent ceux de l’art vétérinaire.

A Bordeaux les choses se compliqueront puisque, dans le cadre de ses prérogatives, notre VBP troublera le ronronnement du coin par les comportement illégaux et leurs implications pénales possibles qu’il était tenu de révéler. Comme habituellement c’est dans la tête que s’installe la maladie mentale, Cruella demandera donc, et obtiendra sa tête.

Comment allait-elle s’y prendre ? Par un long processus de psychiatrisation digne de ce qui se lisait dans la Pravda.

Le hasard, qui quelquefois fait bien les choses, a voulu que dans les bonnes feuilles de la revue Actu Santé N°57 de juillet 2000, les deux nouveaux chefs directs de Riche commettent un article de très haute voltige, où ils expliquent que les vétérinaires des Armées se doivent de présenter au commandement des constats objectifs afin que les mesures correctrices puissent être prises. Les incidences médiatiques et judiciaires en cas d’accident « même mineur » sont fermement anticipées, ainsi qu’étaient rappelées la nécessaire adhésion de l’ensemble des opérateurs et la mise en place des moyens nécessaires par le commandement. Le Conseil supérieur de la Fonction Militaire (de quoi me mêlè-je ? N’aurait-il rien à redire sur les attaques au droit à permissions et aux indemnités liées aux mutations ?) reprendra fortement ces conclusions. Le règlement vétérinaire, « insuffisamment appliqué », étant doctement appelé à la rescousse à ces différentes occasions.

Voulaient-ils tout sur la réalité, les contrevérités et les non-dits, comme ils l’écrivaient pompeusement ? Le VBP Riche était l’homme de la situation. Ils n’allaient pas être déçus, l’intéressé s’adressant fort souvent à eux et plus haut par LR/AR, puisque ces gens, vraisemblablement trop occupés, se dispensaient de répondre à ses alertes.

Est-ce être névrosé que de présenter inlassablement des cas de non-respect des règlements d’hygiène par des organismes de restauration collective ? Non, c’est respecter la déontologie vétérinaire et ses obligations pénales. Ce peut même être un plaisir lorsque l’on voit la haute hiérarchie s’émouvoir du problème, même a minima. Malheureusement c’est aussi donner des munitions à la hiérarchie de contact, pour son tir au pigeon.

Est-ce être psychotique que de rappeler à tout nouvel événement qu’il n’avait pas été répondu au précédent ?

Est-ce être dérangé que de rappeler, toujours preuves en mains, que le suivi des homologations vétérinaires interarmées des fournisseurs n’étaient aucunement contraignant, et que, dans les faits, ces fournisseurs semblaient bénéficier de l’étiquette indélébile de fournisseurs agréés ?

Est-ce être dément que de ne pas accepter de voir ses analyses transposées en un volapük éloigné de la réalité des faits consignés, et véhiculé avec des remarques nommément désobligeantes, sans la moindre confidentialité due à un Officier supérieur ? Allant jusqu’à faire signer les sous-officiers et le personnel civil pour certaines d’entre elles.

Est-ce être malade mental que de rappeler à sa hiérarchie, toujours pour mesures à prendre, que le suivi vétérinaire des chiens mordeurs et griffeurs doit observer des règles bien précises, que l’organisation de l’institution ne peut pas toujours honorer en temps de paix, avec son déficit en personnel, les stages, les vacances, les missions, le Kosovo, les échanges avec la Grande-Bretagne, le personnel à instruire. A titre d’exemple de ces obligations, quand Madame la Ministre de la Défense s’est faite mordre cruellament par un chien militaire qui a cru son maître agressé lors des cérémonies du 4 juin à Caen, c’est un même vétérinaire qui doit procéder à une première visite de l’animal (le chien) dans les 24 heures, une seconde avant le 7ème jour, la dernière au 15ème jour. Ceci implique une disponibilité que les exigences du temps de paix n’offrent pas tous les jours. Aux dernières nouvelles le chien se porte bien. Mais sa carrière risque d’en prendre un coup pour excès de conscience professionnelle…

Est-ce extravagant de dire qu’un ordre écrit en contradiction avec les dispositions précédentes est illégal ? Et qu’en conséquence les menaces de poursuites à son encontre sont pour le moins abusives. Est-ce extravagant d’interdire les pharmacies «clandestines »avec leurs médicaments sensibles, placées sous la responsabilité d’une personne incompétente ?

Dans ce contexte d’un exercice contrarié de son art, continuent à s’ajouter les brimades habituelles…

Absence de réponse à la pertinence de la désignation d’un vétérinaire pour assurer la permanence médecine humaine. Ceci conduisant une nouvelle fois le plaignant en Conseil d’Etat.

Pas de possibilité ouverte pour la pratique du sport, bien qu’obligatoire. Ni de réponse à sa demande.

Prestations imposées hors sa compétence territoriale, l’obligeant à un travail harassant pour se mettre au courant, sans les pièces qui n’avaient pas à lui être adressées, sans préjuger de la nullité de ses conclusions.

Flou artistique sur la suppléance ou intérim du chef de groupe de secteurs vétérinaires interarmées, que Riche endossait sans en être informé et donc sans pouvoir assumer les délégations correspondantes.

Absence de réponse au pourquoi du non-nettoyage de son bureau par la société de nettoyage.

Ordre de mission de la journée, pour de Bordeaux par le train participer à une réunion scientifique à Paris de 08 h 40 à 18 h 15, demeuré inchangé alors que pour éviter un lever à 4 h du matin, il demandait un départ la veille, afin qu’il ne soit pas porté atteinte à sa qualité d’écoute, ceci dans l’intérêt du service.

Deux demandes de permission biffée d’un rouge « à refaire, le décompte n’est pas à faire par le demandeur ». Pourquoi celles-là particulièrement et pas les autres qui, ainsi renseignées, passaient comme passent celles des soldats. Fort heureusement la signature des parents ne fut pas exigée par ce chef bienveillant.

Refus de répondre par écrit ou sous toute autre forme à ses demandes d’éclaircissements sur sa notation, naturellement « satisfaisante », chacun sachant que dans le jargon, une notation satisfaisante n’est pas satisfaisante, car il faut plus. A cette occasion Riche rappelle que ses demandes pour que lui soit fournis les documents permettant de répondre au mieux aux attentes de ses chefs, sont en souffrance quelque part. Mais qu’il ne les a pas. Il rappelle également ses nombreuses prières écrites, pour qu’en accord avec les dispositions du règlement de discipline générale dans les armées, la hiérarchie veuille bien veiller à ses intérêts et porter attention à ses préoccupations. Prières elles aussi restées vaines. Pourtant « le Chef veille (comme dit la chanson) aux intérêts de ses subordonnés ». Braves soldats vous pouvez dormir tranquilles…

Cette notation le distingue toutefois positivement du reste des impétrants, puisqu’en rendant compte sans concession ni passe-droits à sa hiérarchie qui le demande ainsi, il se trouve bloqué dans son grade depuis 1988.

A ce stade du psychodrame dans lequel on l’a plongé, il convient de préciser que JAMAIS notre VBP ne fut pris en défaut dans l’exercice de son art, aucune punition au dossier.

Malheureusement, une des caractéristiques du harcèlement moral est de peser sans cesse sur celui sur lequel il est exercé jusqu’à ce qu’il craque. Jean Riche s’épuise, car tout est bon pour le surcharger dans son travail quotidien, où il ne doit pas être pris en défaut. L’organisme épuisé par le stress constant et le surmenage, il a alors succombé sporadiquement à la maladie.

Confondant, certainement par mégarde, la maladie infectieuse et la courte phase de légère dépression nerveuse qu’il a connus, avec une maladie mentale rendant inapte au service, Cruella, qui pensait que ses efforts étaient enfin couronnés de succès, a alors asséné le coup de grâce.

Le VBP Riche est maintenant embarqué dans un processus de reconduction quasi-automatisée de congés de longue durée pour maladie mentale. Cette machine à broyer le conduisant immanquablement à son élimination de l’institution.

Les différentes saisines de la Commission des recours des militaires (curieusement du même avis que l’autorité militaire), les saisines de la Commission d’accès aux documents administratifs (heureusement toujours de son avis), les plaintes déposées au Tribunal Administratif pour non-présentation de document (qui vient une fois de plus de condamner la Défense), la plainte auprès du Tribunal de Grande Instance pour violences volontaires et harcèlement moral au travail (en cours d’instruction), sont autant de démarches qui demandent une précision d’horloger pour ne pas être frappées de nullité ou forcloses pour vice de procédure. Et ceci d’autant plus que dans son domaine d’excellence qu’est la procédure, la Direction des Affaires Juridiques a fait des merveilles. Jean Riche qui n’est pas juriste lui tient tête avec succès. Mais à quel prix !

De son nouveau recours pour excès de pouvoir contre son élimination psychiatrisée de l’armée, actuellement pendant en Conseil d’Etat, il va maintenant être question pour terminer ce nouveau cas concret du Chef qui veille aux intérêts de ses subordonnés…

Psychiatrisation abusive ?

Forces en présence :

A ma gauche

1/ Service de Santé des Armées, canal vétérinaire.
Répond « au fou » à celui qui crie « au feu ». 2/ Service de Santé des Armées encore, canal historique.
Nos collègues psychiatres vont vérifier en toute indépendance, puisque c’est nous qui les notons, les mutons et prenons soin de leur carrière. Zéro/ Commission de recours des Militaires, canal déferent.
Un machin dont on se demande s’il lui est arrivé, ne serait-ce qu’une fois, d’émettre un avis contraire à celui de sa hiérarchie. Préfère ne pas répondre, ou hors délai. 3/ Direction des Affaires Juridiques, Guadalcanal.
Des pisse-copies condamnés à rattraper les boulettes de 1/ et 2/. Plutôt que de les éduquer. Une obsession : pas de jugement sur le fond. Arme favorite : obtention par tous les moyens du rejet sur la forme, surtout lorsque le fond n’est pas défendable.

A ma droite

1/ Un homme seul, Jean Riche, et une devise : «Pas de passe-droits ».
Cherchez l’erreur. 2/ Il n’y a pas de 2/.

Au centre

Le Conseil d’Etat.
Mission : Rétablir l’équilibre de la balance, puis appuyer du bon côté, quand par miracle il réussit à se dépêtrer de l’écran de fumée produit par le Décorum des Affaires Juridiques.

Avec l’intervention des blouses blanches militaires, au diagnostic inverse de celui des blouses blanches civiles, la bataille de chiffonniers allait prendre une allure apparemment plus distinguée.

En octobre 2001, épuisé moralement à la suite de tous les éléments précédemment relatés, Jean est placé en arrêt de travail pendant 60 jours consécutifs par un médecin civil. Des troubles réactionnels psychologiques suite aux conflits répétés avec sa hiérarchie sont diagnostiqués. Etant observé que ces troubles établissent le lien au service, sans constituer la maladie mentale.

S’ensuit une courte aptitude au service fin 2001, avec obligation militaire de consulter le psychiatre militaire de l’hôpital du coin qui le déclare…inapte à la reprise du service. Et l’arrête jusqu’au 20/1/02, pour prolonger l’inaptitude par phases jusqu’au 11/3/02.

A cette date Cruella estime que les apparences sont sauves et qu’il est temps d’entamer la seconde phase de l’élimination programmée, celle où la psychiatrie militaire lui offrira le moyen tant attendu de placer et de maintenir le VBP Riche en Congé Longue Durée Maladie par périodes reconductibles de 6 mois, jusqu’à ce jour. C’est à dire de l’éliminer du service d’office sous couvert médical, (d’office, car au grand dam des docteurs Diafoirus, il ne signe rien de ce qu’on veut lui imposer, il ne signe que des demandes de reprise de son travail), puis de l’évincer prochainement de l’institution.

Peu importe qu’une psychiatre experte auprès de la Cour d’appel et un psychiatre expert missionné par la Défense le déclarent exempt de toute affection qui le rendrait inapte au travail, la psychiatrie militaire ne veut rien connaître de ce qui contredit ses « propres (?) » conclusions.

Or la seule maladie mentale qui semble avoir été formulée à notre camarade, oralement bien sûr, serait qu’il ne se rendait pas compte que l’institution ne pouvait pas fonctionner s’il faisait appliquer le règlement lors de ses visites techniques, même si les organismes visités n’étaient pas aux normes de sécurité définies par les textes. Et surtout qu’il n’entendait pas renoncer à cette attitude. En oubliant que c’était ses chefs eux-mêmes qui la lui avaient demandée. Et en ne prenant pas davantage en compte le fait que ses avis n’étaient que des constats techniques destinés à éclairer le Commandement, à qui appartient in fine le pouvoir décisionnaire… quand il y a des sous, bien sûr. Car quand il n’y a pas de sous, c’est sûr, ça fait désordre.

Pour appuyer ses dires, il arrive à Cruella de prendre quelques libertés avec la bonne foi.

Par exemple, dire de la consultation du généraliste civil qui avait accordé les 2 mois de repos avec prescription de neuroleptiques légers qu’il s’agissait là d’une décision de médecin psychiatre avec traitement psychiatrique, tout en oubliant de mettre au dossier les deux consultations, bien réelles celles-là, auprès d’un psychiatre civil expert près la Cour d’appel, consultations ayant conduit cet expert à écrire qu’aucune caractéropathie grave n’interdisait la reprise du travail. Voilà qui relève très certainement d’un malheureux oubli. Tout comme l’on ne parle pas en haut lieu de cet expert mandaté par la Défense pour envisager la réforme… et qui ne relève rien justifiant le moindre Congé de Longue Durée !

Autre exemple, c’est certainement par inadvertance que l’on a pu dire d’une dépression réactionnelle traitée par neuroleptiques légers, qu’elle était une maladie psychologique grave. S’il avait fallu réformer les militaires qui à un moment de leur carrière se sont endormis au Noctran et déstressé à l’Effexor c’est, selon les estimations qui n’engagent que notre organisme de sondage, le 1/10 des troupes opérationnelles et le 1/3 des Etats-majors qui seraient aujourd’hui rayés de l’état des rationnaires.

C’est également par distraction que la Commission des recours des militaires a rendu son avis -négatif- avec retard, offrant ainsi au Juge la possibilité de classer l’affaire. Jean Riche était, paraît-il, tenu d’attaquer cet avis, alors que sa requête déjà dans les tuyaux, s’était précisément basée sur le constat de son absence. Mais comme Jean fait une requête tous les 6 mois, il a su corriger le tir. C’est fou, ce qu’ils peuvent être distraits là-haut.

Nous ne parlerons plus de la mauvaise volonté manifeste de l’institution à lui adresser les pièces qui lui permettront d’étayer ses requêtes. Certes le Tribunal Administratif lui donne raison, mais que de temps, d’énergie et de santé perdus pour y parvenir. Ces séries d’ « erreurs » doivent être elles aussi bien involontaires.

La liste des incohérences, désorganisations, et autres désordres malheureux pourrait encore s’allonger. A quoi bon, les gens de bonne foi ont compris. Un p’tit dernier pour la route ?

Les visites CLDM doivent se faire deux mois avant la fin du congé en cours, auprès d’un médecin spécialiste. Pour Jean Riche elles se font pour l’essentiel après la fin du congé, notamment quand la convocation lui parvient postérieurement à la date du rendez-vous. Quelle est sa position statutaire dans ce vide entre la fin du dernier congé et l’intervention du nouveau ? Et quand le médecin spécialiste n’est qu’un assistant en formation, qu’en pensent-ils là-haut les chefs bienveillants ? Que la prochaine fois on le fera examiner par un vétérinaire ? Et cette façon d’écrire à «monsieur » Riche, et non au Vétérinaire Biologiste Principal, ne serait-ce pas pour lui faire comprendre qu’il n’est plus rien et que son combat est inutile ?

A la vérité, même si Cruella s’en défend, la nature même de ce dossier montre que l’aspect « sanction » l’emporte largement sur la composante médicale. Qu’il plaise au Conseil d’Etat de s’en apercevoir, c’est le voeu que nous formulons pour notre camarade.

***

Pour faire respecter ses droits, essentiellement au tribunal puisque l’armée les lui conteste, même les plus limpides, on voudrait faire passer Jean Riche pour un psychorigide procédurier, voire un malade mental.

De cette pantalonnade, hautement risible s’il ne s’agissait de la santé, de l’avenir et de la dignité d’un homme, le lecteur aura tiré ses enseignements.

Il en saura un peu plus sur l’encadrement de proximité qui, pour la gamelle, peut accepter bien des libertés avec l’éthique, sur la méconnaissance des textes, sur l’usage détourné de la mutation, de la procédure et, semble-t-il de la psychiatrisation.

Il constatera avec quelle homogénéité de comportement, tous les points de contrôle du fonctionnement de l’institution, savent en cas de sauve-qui-peut ne remplir que l’apparence de leur fonction, en laissant se multiplier dans l’ombre les plus honteuses des basses manoeuvres. Mais la honte ne semble pas faire partie du paquetage des autorités impliquées.

Il reste cependant une lueur d’espoir, car tout n’est pas noir. On la devine moins dans l’article 10, alinéa 2 du statut général des militaires (la fameuse chanson du « chef qui veille aux intérêts de ses subordonnés »), que dans un organisme hors hiérarchie de défense des intérêts professionnels et moraux des militaires ainsi que de leurs droits.

Le triste spectacle de ces affaires qui alimentent nos colonnes le justifie. Il faut y croire. Qu’il arrive, avant que n’éclatent d’autres scandales.

Pour copie conforme, Mariallio

(1) « Cruella » = Grande Muette, mais vue de l’intérieur. Pour rester neutre on dira institution militaire ou armée ou l’institution.

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