Une sournoise guerre Gendarmerie Police ? Un adhérent écrit

« Venant de consulter le site du SNOP (Syndicat National des Officiers de Police), j’y ai constaté que le 22 mars dernier, ce syndicat annonçait avoir été informé officiellement des arbitrages du Premier Ministre sur la grille validant la première étape de la revalorisation indiciaire des officiers. Sans contre-partie, sans aucune autre condition, MATIGNON a décidé d’autoriser l’exhaussement des indices terminaux des grades de capitaine et de commandant. Malheureusement pour les lieutenants, Bercy n’a autorisé aucune augmentation à ce stade, cela à cause des blocages dus aux autres grilles de la fonction publique.

Malgré une enveloppe réduite, le SNOP n’aurait cessé de plaider pour l’avenir du Corps de ses adhérents et la mise à niveau de tout ce qui est dû depuis 1995. La mobilisation du 14 juin 2003, les négociations avec le Ministre en septembre 2003 et la pétition relayée par tous les groupes au parlement et au Sénat ont fini par porter leurs fruits.

Selon le site du SNOP, l’indice terminal 852 affiché était le passage obligé de toute autre évolution et annonce que dans les mois qui viennent, c’est la Fonction Publique qui va imposer un niveau de recrutement relevé au delà de Bac+2 ! Demain, c’est tout notre dispositif statutaire qui va évoluer ! Etc. etc.

Le courrier adressé au premier Ministre a-t-il été déterminant ? Je vous en laisse seul juge à sa lecture… »

ALFRED

Lettre adressée par LE SYNDICAT NATIONAL DES OFFICIERS DE POLICE le 22 janvier 2004 à Monsieur Jean-Pierre RAFFARIN, Premier Ministre

Services télématiques : 3515 SNOP – Internet : http://www.snop-snapc.fr

Paris, le 22 janvier 2004

Monsieur le Premier Ministre,

Par courrier du 30 septembre 2003, je vous faisais part des problèmes rencontrés par les Officiers de la Police Nationale.

Je vous indiquais que le nouveau cadre statutaire que tout le monde s’accorde à nous reconnaître et qui devrait se situer en parité avec les catégories A de la Fonction Publique est aujourd’hui indispensable tant par les nouvelles contraintes et responsabilités qui nous sont imposées que par le niveau élevé de nos recrutements.

Je vous faisais part de notre inquiétude devant les blocages que nous constatons pour la résolution de ce dossier. Les réactions les plus conservatrices et l’immobilisme d’un certain nombre de Fonctions Publiques et de la Gendarmerie Nationale, freinent de façon insupportable ces indispensables évolutions .

Vous m’avez indiqué par courrier au mois de décembre dernier qu’il appartenait au Ministre de l’Intérieur, en charge de la Sécurité, d’apporter les bonnes réponses à ces interrogations.

Toutefois, il apparaît aujourd’hui que les arbitrages seront rendus au niveau interministériel, c’est pourquoi je reviens vers vous.

Le SNOP, largement majoritaire (55,35 % des voix aux dernières élections) vous informe aujourd’hui de la grande inquiétude qui grandit dans les rangs des Officiers de la Police Nationale.

Si certaines oppositions peuvent être traitées dans le cadre normal des échanges interministériels, il en est d’autres qui exigent une grande volonté politique aux plus hauts niveaux de l’Etat et du gouvernement.

Le 21 avril 2002 a sonné comme un coup de tonnerre dans notre pays. Les problèmes de sécurité ont été, par tous, mis en avant comme le problème N°1 à régler en priorité absolue. Il ne faudrait pas que, le temps passant, les leçons de ces événements s’estompent et se diluent dans le quotidien, dans les contraintes budgétaires ou le débat politique interne.

Aujourd’hui encore, le budget pour la sécurité intérieure, justice et douanes inclues, est encore loin des 2% du P.I.B que nos voisins européens les plus évolués y consacrent.

Ne nous y trompons pas, nous apprécions à leur juste valeur les efforts sans précédent faits pour la Police et nous saluons l’engagement de notre ministre dans ce dossier.

Cependant, des signes inquiétants nous font craindre que nous soyons passés actuellement en phase de « rognage » des budgets concernés.

C’est ainsi que nous continuons à assurer les transferts de détenus et la sécurité dans les établissements pénitentiaires à la place de l’administration de la chancellerie qui n’en a pas les moyens, et que cette année encore nous allons assurer les votes par procuration.

La dernière opposition à la réforme des corps et carrières de la Police Nationale, – mais peut être devrais je dire la première – nous vient de l’autre force de sécurité intérieure et de ses relais.

Sur la forme, je n’ai pas souvenir qu’à aucun moment les responsables de la Police Nationale n’aient jamais été sollicités, ne serait ce que pour avis, lorsque la Gendarmerie réformait ses structures .

La mise en place, sur la demande insistante des Officiers supérieurs de cette arme, d’une commission mixte chargée d’évaluer les conséquences d’une réforme de la Police Nationale sur les corps de la Gendarmerie est de ce point de vue significative du poids du lobby militaire sur nos institutions .

Cette situation est aujourd’hui devenue insupportable et il m’appartenait de vous en alerter .

Tous les Officiers de Police attendent clairement avec de plus en plus d’impatience que les arbitrages soient rendus en leur faveur. Les images de militaires défilant dans les rues, armés, en tenue d’uniforme et dans leurs véhicules de service sont encore présentes dans les esprits de tous les policiers. L’affichage d’une quelconque prime à ce genre de manifestation aurait un effet désastreux au sein de la Police Nationale .

Organisation républicaine, le SNOP considère qu’en temps de paix, la place des militaires est dans les casernes et non en première ligne sur la détermination et le formatage de la sécurité intérieure .

Dans l’attente de vos décisions, j’invite dés à présent l’ensemble des Officiers de Police à vous faire part individuellement de leur état d’esprit.

Vous remerciant de votre attention, je vous prie d’agréer, Monsieur le Premier Ministre, l’expression de mes sentiments respectueux.

Le Secrétaire Général
Jean-Pierre Raynaud

Monsieur Jean-Pierre RAFFARIN
Premier Ministre
Hôtel Matignon
57, rue de Varenne
75007 PARIS

À lire également