Le présidium annuel d’EUROMIL placé sous l’autorité de son président, Monsieur Bauke SNOEP, s’est déroulé à Lisbonne au Portugal du 25 mars 2004 au 28 mars 2004. A cette occasion, plus de 80 présidents et délégués d’associations européennes se sont retrouvés pour réaffirmer que le but d’EUROMIL est de faire en sorte que chaque militaire européen soit considéré comme un citoyen en uniforme. C’est à l’issue du discours prononcé par Michel BAVOIL (lire ci-dessous) que l’ADEFDROMIL a été reconnue à l’unanimité, membre d’EUROMIL.
» Il y a trois ans, l’association de défense des droits des militaires, ADEFDROMIL, était fondée, déclarée et enregistrée sans aucune difficulté administrative et, pour tout dire, dans une relative indifférence.
Son principal objectif était alors de regrouper les militaires d’active et de réserve souhaitant que leurs intérêts sociaux et professionnels soient pris en compte et défendus avec la même énergie, la même pugnacité, les mêmes moyens et surtout la même indépendance que ceux des autres catégories de professionnels de la fonction publique.
Dés la naissance de l’ADEFDROMIL, son père fondateur, le capitaine BAVOIL rédigeait une lettre ouverte au président de la république française, demandant:
L’application du préambule de la constitution de 1958 (tout homme peut défendre ses droits et ses intérêts par l’action syndicale et adhérer aux syndicats de son choix…), L’application de l’article 11 de la convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme (droit d’association), L’application de la résolution 903 adoptée le 30 juin 1988 par la commission permanente de l’assemblée parlementaire européenne (cette résolution qui invite les pays membres à autoriser les militaires à se regrouper pour défendre leurs droits, fut, par la suite, renforcée par la résolution 1572 de la commission permanente de l’assemblée parlementaire du conseil de l’Europe (septembre 2002).
Dans cet appel solennel, le capitaine BAVOIL soulignait le quadruple constat qui l’avait conduit à fonder l’ADEFDROMIL:
La faillite de l’article 10 du statut général de militaires qui précise que le chef est le seul défenseur des intérêts de ses subordonnés, L’augmentation des abus de pouvoir, des sanctions arbitraires plus ou moins déguisées, des mutations punitives, des cas de harcèlement moral et surtout l’impossibilité de s’en défendre autrement que par des voies administratives longues, éprouvantes, et vouées à l’échec, La manifeste ignorance de la part des victimes comme des bourreaux des droits les plus élémentaires du citoyen, L’inefficacité volontairement entretenue des instances de concertation institutionnelles.
Il semblait nécessaire de prendre les choses en mains sans attendre une improbable évolution spontanée en provenance des autorités hiérarchiques. Et puis les exemples réussis d’associations, de syndicats, ou d’autres formes de concertation dans les autres pays européens militaient en faveur d’une évolution dans ce sens. ADEFDROMIL apparu comme une alternative logique aux associations de femmes de gendarmes, femmes de marin pompiers, qui fleurissaient alors. Croyez le, nous n’avons pas simplement pensé qu’il fallait aussi défendre les célibataires résiduels.
Comment cela s’est-il passé alors ?
Sur le front des troupes, ce fut un succès rapide et les dossiers affluèrent, nous submergeant. Ils démontraient la justesse de l’analyse et la grossièreté des atteintes aux droits les plus fondamentaux. Puis vinrent les bénévoles, avec leurs compétences, juridiques, administratives, ou médicales. Nous avons travaillé dur, parfois très tard. A ce jour, des centaines de dossiers, des milliers de mails et de coups de téléphone, de nombreux succès qui nous ont fait connaître à leur tour.
Les jours difficiles
Nous aurions pu continuer tranquillement sur cette voie, mais en novembre 2002 le Ministère de la Défense interdisait aux militaires d’adhérer à l’ADEFDROMIL, ordonnant à ceux déjà membres de démissionner immédiatement sous peine de graves sanctions disciplinaires. Genre sanction de destruction massive.
L’argument de la ministre était simple. Comme l’ADEFDROMIL défendait les droits et intérêts professionnels de ses adhérents, c’était une sorte de syndicat. Comme les militaires ne peuvent adhérer à un syndicat, ils ne pouvaient adhérer à l’ADEFDROMIL. Si simple que nous avons demandé pourquoi l’ancien ministre de la défense (monsieur Alain RICHARD) n’avait pas pris garde à ce dangereux et subversif syndicat pendant deux longues années. Nous n’avons pas eu de réponse.
Et pourquoi d’autres associations de militaires qui proclament défendre les mêmes droits et intérêts n’étaient pas interdites aussi. Pas plus de réponse à ce jour.
Beaucoup trop simple, mais suffisant pour tuer une association qui a besoin des cotisations de ses membres pour survivre.
Dans les jours qui suivirent, nous avons perdu quelques membres dont, officiellement, le vice-président et le conseiller santé. Mais à quelque chose malheur peut être bon. Des milliers de militaires se virent ainsi interdire d’adhérer à une association dont ils n’avaient, bien souvent, jamais entendu parler auparavant. Ce fut une incroyable campagne publicitaire pour nous. Merci à la clairvoyance du chef de cabinet du Ministre de la Défense et à son coûteux service de communication.
Le meilleur signe de ces bons côtés du malheur nous vint de notre site (defdromil.org) qui passa de mille visites par mois à dix-huit mille par mois. Nous découvrîmes à cette occasion que des visites venaient de 36 pays étrangers. Merci compagnons d’armes.
Les dossiers affluèrent de nouveau et nous nous sommes remis au travail, toujours aussi bénévoles, mais parfois contraints à la clandestinité et au pseudo. L’expérience prouve que de nos jours, spécialement avec l’outil Internet, il est totalement vain de vouloir interdire à une idée de s’exprimer. Merci Internet
Et maintenant EUROMIL
En mars 2003, au moment même où les membres subissaient une chasse aux sorcières moyenâgeuse, Monsieur Bauke SNOEP, le président d’EUROMIL, a souhaité nous rencontrer. D’une part pour en savoir plus sur nous, d’autre part pour parler de l’organisation européenne des associations de militaires. La rencontre eut lieu le mois suivant à BRUXELLES et peut être considérée comme un tournant historique. Elle nous a clairement démontré que nos objectifs étaient identiques et qu’EUROMIL était une organisation crédible, puissante, possédant une expérience de plusieurs dizaines d’années.
Le Président Bauke SNOEP vint à PARIS en septembre dernier pour assister à notre assemblée générale où la décision de rejoindre EUROMIL fut votée à l’unanimité. Nous vous remercions encore Monsieur le Président pour votre soutien.
Et maintenant, l’ADEFDROMIL vous demande son adhésion comme membre d’EUROMIL, pour le meilleur et pour le pire, et c’est l’exacte raison pour laquelle nous sommes ici à LISBONNE aujourd’hui devant vous, bravant la distance et les difficultés inhérentes à la pratique de l’anglais international.
Nous avons tant de choses en commun, nous avons tant de choses à faire ensemble.
Merci pour votre attention et votre indulgence. »
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