Voici quelques articles qui ont accompagné la sortie du livre « Pour que l’armée respecte enfin la loi ».
CANARD ENCHAINE du 21 novembre 2001 :
Le capitaine Michel Bavoil avait deux défauts aux yeux de la hiérarchie militaire. Non seulement il avait commencé comme sous-off, ce qui est mal vu, mais en plus il mettait son nez partout, ce qui fait une raison de plus d’être poussé vers la sortie. Il s’en explique dans un petit livre en forme de tir groupé et sans sommation sur les us et coutumes de certains officiers supérieurs.
On a certes connu style plus allègre mais les anecdotes sur la course éperdue aux médailles, le délire de puissance de galonnés sous les tropiques, les brimades et les arrangements de l’institution avec les lois de la République constituent une revue de détail qui gagne à être connue.
Bref, ce n’est pas un manuel d’instruction militaire mais un ouvrage très instructif sur les militaires.
COURRIER PICARD du Vendredi 2 novembre 2001 :
« Pour que l’armée respecte enfin la loi »
C’est un livre qui se lit comme un roman policier. Plutôt une suite de de douze petits romans vrais, répartis sous une couverture en autant de chapitres brefs.
Dans chacun d’eux, il y a souvent une intrigue, un mystère, et puis l’histoire bascule dans un dénouement inattendu, effarant.
Plutôt, qu’une histoire globale de la vie militaire vue de l’intérieur, Michel Bavoil l’éclaire à la faveur d’une série de coups de projecteurs qui en disent finalement long sur ce qui se passe à l’intérieur de la Grande Muette.
On se surprend parfois à éclater franchement de rire. Mais cela ne dure pas. Le livre est certes souvent amusant. Mais les histoires qu’ils racontent n’ont rien à voir avec les gaietés révolues de l’escadron.
Ce sont des histoires pleine de poison. Les mesquineries et les cruautés y abondent. Comment une institution républicaine peut-elle faire preuve d’un sens aussi chétif de l’humain ? C’est un livre de colère. Celle de son auteur, bien entendu. Il réussit à nous la faire partager.
Comment ne pas crier au scandale devant ce colonel promu général et décoré de la Légion d’honneur après avoir truandé l’Etat en gonflant, entre autres hauts faits, ses notes de téléphone ? Comment rester serein après cette histoire d’officier déclaré fou par son général, parce qu’il ne plaisait pas à son supérieur ? Que penser du psychiatre militaire qui a transmis à la hiérarchie le résultat de l’examen auquel fut contrainte de participer l’épouse du supposé malade ? Comment ne pas s’indigner du refoulement sans explication à l’entrée de l’Ile Longue, d’un officier creillois habilité pourtant « secret-défense », convié à visiter la base secrète des sous-marins nucléaires ?
Ce livre n’est pas un pamphlet
Fichages, brimades, acharnement sur les subalternes, harcèlement moral et parfois sexuel, machisme, carriérisme, mépris, course aux décorations, profiteurs, injustice des notations, escroqueries, abus de toutes sortes, Michel Bavoil ne se délecte pas des tares de l’armée dont il a été le témoin lorsqu’il était en activité. Il se contente d’illustrer sa thèse par des exemples concrets.
Car ce livre n’est pas un pamphlet. C’est un livre de foi dans une armée moderne, respectueuse des hommes qui la composent, ne réservant pas ses avantages à une caste de privilégiés qui aurait tendance aujourd’hui à se « mexicaniser ».
Cette réflexion n’est pas isolée dans la conscience collective militaire. La lettre de démission du colonel Peer de Jonq, ancien aide de camp de François Mitterrand et de Jacques Chirac à l’Elysée, que l’auteur a inséré dans le neuvième chapitre, le montre amplement.
Comme son titre l’indique, le livre de Michel Bavoil est avant tout un plaidoyer passionné et convaincant pour une réforme en profondeur de l’institution militaire. Jean-Marie DEROY
Les militaires doivent pouvoir s’exprimer
« j’ai eu une chance extraordinaire reconnaît Michel BAVOIL. Mon avocat, Me Gérard Ducrey, connaît bien Jacques-Marie Laffont. J’ai pu ainsi rencontrer cet éditeur qui a été tout de suite séduit par mon projet. Il est vrai que j’avais toute la documentation.
Avant de devenir écrivain, Michel Bavoil a fait une carrière militaire qu’il vient de terminer avec le grade de capitaine.
« j’ai commencé comme simple soldat dans un régiment de parachutistes. J’ai effectué des séjours à Madagascar, en Côte-d’Ivoire, au Cameroun , à Djibouti, en Centre-Afrique, au Tchad, en Nouvelle-Calédonie, en Guyane. J’ai travaillé cinq ans au tribunal militaire de Landau en Allemagne. J’ai travaillé aussi à l’état-major de la Forpronu à Sarajevo, avant de terminer ma carrière sur la base aérienne de Creil, à l’état-major interarmées de planification opérationnelle. »
De cette expérience, le fondateur de l’Association de défense des militaires a tiré « Pour que l’armée respecte enfin la loi ».
« Je ne me suis jamais laissé faire. Tout ce que cache la Grande Muette est dévoilée au grand jour dans ce livre. Les faits sont réels. Les noms sont cités. Pour la première fois, je montre l’armée vue de l’intérieur, telle qu’elle est ».
Comme beaucoup d’autres, Michel Bavoil, retiré aujourd’hui à Pont-Sainte-Maxence, en a bavé . L’une des histoires qu’il raconte sous un pseudonyme est explicite. Pourtant, son livre n’est pas un règlement de compte, ni une vengeance.
« Mon but est que l’armée change sa façon de commander. L’hémorragie des départs est considérable. Ce n’est pas seulement le salaire qui est en jeu, c’est aussi le manque de considération et le mensonge permanent. Les militaires sont des citoyens de seconde zone, il faut qu’ils puissent accéder à l’intégralité des libertés publiques, du droit d’association au droit d’expression en passant par le droit de siéger dans une cour d’assises. »
le capitaine Bavoil refuse de mettre en cause le ministre de la défense, Alain Richard. Il réserve ses traits pour le haut commandement et particulièrement pour les officiers généraux de deuxième section, qui sont à la retraite sans l’être vraiment.
« ils pèsent de tout leur poids sur les décisions du ministre qui, naturellement ne peut pas être au courant de tout. Je demande la démission de cette gérontocratie de 1300 ou 1400 généraux.
Le format de l’armée a été réduit, il y a deux choses qui n’ont pas changées : le nombre des généraux et le nombre des Légions d’honneur. »
Propos recueillis par J.M. DEROY
OISE HEBDO du 31 octobre 2001 :
TEMOIGNAGE. Le capitaine Michel Bavoil vient de sortir ses premières réflexions sur les scandales qui éclaboussent l’Armée.
Le Capitaine Bavoil fait parler la « Grande Muette »
Sous ses airs de « transparence », d’ « honneur », et de « loyauté », l’Armée cache bien des secrets qui ne sont pas forcément très jolis à dévoiler. C’est en ce sens que le livre du capitaine Michel Bavoil, aujourd’hui cadre de réserve, dénote un intérêt tout particulier. L’officier accuse, dénonce et n’hésite pas à remettre en cause le haut commandement militaire dont les inadmissibles pratiques s’exercent dans l’ombre. Ses révélations inédites portent notamment sur les mesures illégales, injustes et discriminatoires qui permettent à certains généraux et officiers supérieurs de se conduire comme des intouchables.
Michel Bavoil, preuves à l’appui, dévoile ainsi de nombreuses situations scandaleuses à l’intérieur même de l’armée : les affaires de magouilles financières, la torture en temps de guerre, la pratique du harcèlement tant moral que sexuel par les supérieurs, rien n’est laissé de côté.
Ce livre, témoignage d’un officier écoeuré par de telles pratiques, est une façon d’ausculter l’Armée de l’intérieur. Il a pour but de susciter la réflexion au plus haut niveau de la hiérarchie militaire et de l’Etat afin que l’on s’achemine au plus vite vers un changement radical des mentalités.
A la lecture de l’ouvrage, on comprend mieux pourquoi le SIRPA, le service de relations et de communication des armées, a été mis sous les ordres d’un technocrate civil et non plus d’un militaire, on comprend encore mieux comment certains officiers supérieurs et généraux de l’Armée française se sont déshonorés depuis plus de 10 ans dans les actions qui s’apparentent à de véritables crimes de guerre, de la guerre du Golfe au Kosovo en passant par la Bosnie-Herzégovine afin de satisfaire des appêtits de pouvoir de politiciens douteux, ambitieux et sans scrupules.
Laurent LATRUWE
LE PARISIEN du 25 Octobre 2001 :
L’homme qui veut faire parler la Grande Muette
Militaire de carrière à la retraite, 52 ans et élu éphémère de la majorité au conseil municipal de Pont Sainte Maxence, le capitaine Michel Bavoil vient de publier un livre intitulé « Pour que l’armée respecte enfin la loi »
Pourquoi ce livre ?
Capitaine Michel Bavoil . En l’écrivant, j’ai voulu faire en sorte que l’armée ne soit plus un sujet tabou. La Grande Muette a toujours lavé son linge sale en famille et son plus grand ennemi, c’est la transparence !En m’appuyant sur mes trente quatre années de carrière militaire, j’ai tenu à dénoncer et à révéler certains aspects de la face cachée de l’armée. J’ai voulu susciter une réflexion au plus haut niveau de l’Etat et de la hiérarchie militaire.
C’est à dire ?
J’ai découpé ce livre en douze chapitres, où l’on peut voir comment de hauts gradés militaires avancent masqués et pratiquent une forme de répression qui n’a plus rien à voir avec les brimades d’antan, mais plutôt avec du harcèlement moral, sexuel et psychologique. D’ailleurs, de plus en plus de chefs commencent à envoyer leurs subordonnés chez le psychiatre ! Les femmes qui représentaient 9,1% des effectifs en 2000, soit environ trente quatre mille, sont plus particulièrement touchées par ces pressions.
Témoignez-vous dans ce livre de votre propre expérience ?
Non ! je ne voulais pas qu’il soit pris pour un règlement de comptes personnel. En revanche, j’ai eu l’occasion de m’entretenir avec bon nombre de personnes citées. Grâce à mon livre, on se rend compte que le moral des armées est en chute libre, les effectifs souffrent d’une véritable hémorragie. Certains militaires se voient refuser leur démission pour cette raison. On se rend compte aussi que le profil des gradés change, ainsi que le style de commandement pratiqué au sein des armées.
Qu’en est-il de votre projet de syndicat, ce qui serait une première au sein de l’armée !
J’ai créé en avril dernier une association de défense des droits des militaires. Les adhérents sont aussi bien soldats que colonels. Il ne s’agit pas d’un syndicat, qui serait synonyme de désordre, de droit de grève et de double hiérarchie ! Je prône plutôt la création d’un groupement professionnel autonome, apolitique, comme il en existe chez les policiers. Je pense que le ministre de la Défense, Alain Richard, y serait favorable, mais qu’il se heurte à un lobby conservateur qui pèse de tout son poids sur l’armée. D’ailleurs en 1976, Robert BADINTER, ancien garde des Sceaux socialiste, évoquait un tel projet dans un livre préfacé par François Mitterrand, « Libertés, libertés » !
Propos recueillis par Bénédicte Agoudetsé.