L’ouvrage du capitaine Michel Bavoil est avant tout un indicateur d’alerte, signe visible et prémonitoire d’un profond malaise, dont le récent mouvement gendarmique pourrait n’être que la première expression. L’intérêt de ce livre ne réside pas tant dans la description, sur un ton âpre, « des petits dictateurs prêts à tout » dans le monde militaire, de la persistance des brimades, ou même de la corruption dans l’armée.
Il tient en revanche à la dénonciation du clivage profond entre une classe d’officiers auxquels tout semble permis, et les autres militaires. Il tient ensuite et surtout à l’évocation d’une armée « en guerre contre la loi qu’elle méprise ». Car certains ont déjà mobilisé les armes du droit pour livrer bataille, et des tabous sont en train de tomber au sein même de l’institution. Le juge doit entrer dans les casernes pour que l’armée soit digne de l’Etat de droit qu’elle a par ailleurs mission de servir.
Dans cette perspective, la fondation par l’auteur d’une association de défense des droits des militaires, dont l’objet est proche de celui d’un syndicat, le place peut être à l’avant garde d’une évolution profonde des armées, dont l’ampleur dépasse celle qui résulte déjà de la professionnalisation.
Eric Alt
Extraite de JUSTICE n°170 – mars 2002 – Syndicat de la Magistrature BP 155 – 75523 PARIS CEDEX 11 (abonnement 1 an, 5 numéros : 34 euros)
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