J’écris cet article en réplique à celui paru dans
Armées d’aujourd’hui de décembre 2003/janvier 2004 sous le
titre « Sophisme et antinomie ». Son auteur, un officier
supérieur, semble consulter le site de l’ADEFDROMIL puisqu’il le
désigne comme « dernier avatar du syndicalisme militaire
» (même s’il n’aime pas cette antinomie, ô combien
absurde, n’est-il pas ?).
Commandant,
je voudrais savoir si vous n’avez pas l’impression « d’être
à côté de vos pompes » ? C’est la
réflexion que je me suis faite en vous lisant.
Vous nous avez décrit une si belle image du chef… bien loin
de la réalité, enfin de la mienne et de beaucoup de
personnes. C’est sûr qu’en 2004, parler du prix du sang et de la
grandeur du soldat, est à mille lieux des problèmes qui
pèsent sur les « subordonnés », comme vous dites si bien,
ce subordonné sacré aux yeux de son chef parce qu’il lui
a fait don de son obéissance… Entre nous, il n’y a que dans
les manuels d’instruction et dans les livres d’histoire qu’on peut lire
ce genre de prose.
La réalité, celle que vous semblez ne pas discerner, est
toute autre, et plus terre à terre que ces beaux discours.
Lorsque vous dénoncez l’ADEFDROMIL (alignant des exemples de
comportements déviants de chefs dans des situations
circonscrites (…), étalant des faits malheureux, profitant de
la crise morale et militaire), je dis que vous avez tout faux. Il ne
s’agit pas de trouver des exemples extrêmes ou choquants. Non, il
suffit juste de faire un recours sur les notations ou de demander des
documents administratifs (les notes de fusionnement par exemple). Et,
là, telle une brebis galeuse, vous vous faites mal voir par
beaucoup de monde, notamment par ce chef qui doit être votre
défenseur. La pression s’installe, des insinuations non
fondées fusent : ça va être marqué sur ton
dossier (lequel, on ne sait pas bien…), ça va t’empêcher
d’être de carrière, d’avoir ton renouvellement de contrat,
pour ta prochaine notation, on va en tenir compte (je me souviens de
quelqu’un qui l’avait fait et le pauvre, si tu savais ce qui lui est
arrivé…) et tout cela vous fait douter parce que personne ne
vous rassure, vous dites que vous AVEZ LE DROIT de
réclamer.
Non, ce n’est pas du syndicalisme cette façon de penser, mais
peut-être que beaucoup de chefs pensent comme vous, que le
subordonné doit avoir sa volonté contrainte à la
sienne par le système de la hiérarchie militaire
française et que pour cela, il doit se taire et obéir. Ce
raisonnement est sûrement valable en temps de guerre mais en
temps de paix, il ne faut pas avoir peur d’évoluer, non
seulement dans les textes mais aussi dans les esprits.
Alors, au lieu de préconiser des « positions fermes
» contre « les discours subversifs prononcés de plus
en plus fréquemment de l’intérieur » comme une des
solutions parmi celles que vous avancez, moi je dis « le chef est
mort, vive le chef !» car j’espère de tout coeur que
des personnes comme vous, à l’esprit passablement
étriqué, seront de plus en plus rares et qu’une «
nouvelle race » de chefs va surgir. Des chefs plus terre à
terre avec le quotidien, comprenant que s’ils veulent garder les
personnes avec qui ils travaillent, il faut s’adapter, communiquer et
surtout écouter.
Le chef est mort, vive le chef !
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