Panache chez les GODONS[1] ?
(Démission fracassante d’un colonel britannique)
La presse a révélé la semaine dernière la
démission fracassante d’un colonel commandant un régiment
de « gardes irlandais ». Cette démission est motivée en
effet, par le peu de moyens mis à la disposition de l’Armée
Britannique, sans aucune correspondance avec le statut de
quatrième puissance économique mondiale de son pays.
Cet officier est devenu célèbre au début du conflit
irakien, en haranguant ses hommes, perché sur un de ses engins
blindés, devant les caméras de télévision en
prononçant : « …je vous demande d’être
féroces au combat, mais magnanimes dans la victoire …
nous venons libérer un pays, pas le conquérir …
» . Le Président G.W. BUSH aurait fait encadrer et placarder
cette phrase dans son bureau. Promu colonel et honoré par son
pays, il dut ensuite faire face à une curieuse accusation de la
part d’officiers US qui lui reprochèrent d’avoir fait tirer
aveuglément sur la population d’une cité du sud de l’IRAK.
Blanchi après une enquête de commandement, il fut
ulcéré d’avoir été « lâché »
par ses chefs en cette occasion.
Cette démission est sans doute moins spectaculaire que le saut en
parachute du lieutenant-colonel Combles de Nayves[2]
au dessus du Carrousel de Saumur en Juillet 1996, qui en avait
profité pour crier son « ras le bol ». Mais elle ne manque pas de
panache.
Dans notre pays, les démissions de politiques compromis ou de
chefs militaires mécontents sont réellement
exceptionnelles. Absence d’états d’âme ou plus grande
faculté digestive, on ne sait ? Ce n’est plus hélas dans
nos moeurs, au pays de Jean BART, de LASSALLE, d’Hélie
DENOIX de SAINT MARC, de GUYNEMER. En effet, nonobstant le cas
précité du colonel parachutiste, le dernier souvenir d’une
démission fracassante et d’importance fut celle du
général DELAUNAY, ancien CEMAT, au milieu des années
80. D’aucuns mauvais esprits murmurent que les politiques français
s’arrangent pour nommer comme grands chefs, ceux qui auraient le rein
souple, afin… d’éviter ces inconvénients.
La morgue aurait-elle remplacé le panache ? Et le mot « honneur »
disparu des dictionnaires des hauts responsables de l’Etat ? Nous
espérons que non, l’exemple ne vient-il pas d’en haut, et notre
honneur n’est pas lié à celui de nos chefs ?
Moralité, reprenons ce bon La Fontaine dans la Fable XVII du livre
IX, lorsqu’il cite :
«… L’animal chargé d’ans, vieux cerf, et dix cors,
En suppose un plus jeune, et l’oblige par force
A présenter aux chiens une nouvelle amorce.
Que de raisonnements pour conserver ses jours !
Le retour sur ses pas, les malices, les tours,
Et le change, et cent stratagèmes
Dignes des plus grands chefs, digne d’un meilleur sort !
On le déchire après sa mort :
Ce sont tous ses honneurs suprêmes. »
Nous attendons donc avec impatience et curiosité, la future
démission pleine d’éclat et de brio d’un grand chef
français, en désaccord avec la politique du ministre, par
exemple sur la future Loi portant statut général des
militaires ; nous savons en effet, que de nombreux généraux
ne sont pas d’accord avec les propositions de ladite commission AD HOC
!… et se taisent à ce jour.
Fructus
[1] Le mot GODON employé par nos anciens
pour désigner nos ennemis héréditaires – aujourd’hui
alliés – remonterait à la guerre de cent ans lorsque les
soldats français, à force d’entendre les anglais jurer
« GODDAM » (que Dieu damne !), appelèrent ainsi leurs ennemis, les
GODONS.
[2] Cousin d’un membre du cabinet d’Alain
Richard, ministre de la défense, l’officier fut par la suite
radié des cadres pour avoir refusé de rejoindre sa nouvelle
affectation.