Souvent vautré sur la ruche, l’ours souhaite toujours aux
abeilles une bonne et heureuse année…
Chaque début d’année est marqué par la
traditionnelle présentation des voeux à laquelle il
est difficile d’échapper, vous l’aviez sans doute observé.
En règle générale, les voeux s’adressent
d’abord à ceux et celles qui nous sont chers. Nos proches, ceux
que l’on aime et que l’on apprécie. Les amis n’y échappent
pas et plus communément, nos connaissances sans lesquelles
certaines choses seraient différentes dans notre vie : les
voeux sont une manière d’exprimer sa fidèle
amitié. De dire ou de redire son attachement avec
sincérité et amitié.
A la suite de ces voeux de belle valeur, il y a ceux que certains
responsables s’obligent à adresser aux gens de leur «
seigneurie ». Ca leur donne bonne conscience et leur offre
ponctuellement un visage estimable tout en recadrant un peu une image
plus sympathique dont ils détiennent rarement, physiquement,
intellectuellement, le moindre échantillon. Dans ces derniers cas
– forts nombreux il faut bien l’avouer – il s’agit d’un simple rituel
annuel. C’est souvent pénible pour eux comme pour leur auditoire
rarement attentif mais rien n’y fait, ils aiment s’exprimer en des termes
sympathiques une fois par an, en employant un ton souvent bienveillant
mais quelque peu névrosé vous en conviendrez. Il ne faut
rien chercher de profond dans ces propos préparés en
automne et retouchés durant la trêve des confiseurs. Ce
n’est que du superficiel coulant, de l’hypocrisie liquoreuse, de la
niaiserie douceâtre, du coulis de bonnes intentions : bref, de la
prose pour dupes en résumé.
Ainsi, ceux là même qui réduisent
vos moyens, qui diminuent vos soldes, qui
abrègent vos carrières, qui
rognent vos budgets, qui coupent vos
élans, qui tronquent vos objectifs, qui
affaiblissent votre fonction, qui
déprécient votre travail, qui
rabaissent votre dévouement, qui
cachent votre loyauté, qui
soumettent votre volonté, qui
contournent les règles…
reviendront vous souhaiter chaque nouvel an et dans leur
intérêt premier… une bonne et heureuse
année !
L’hypocrisie et le ridicule épuisant peu leurs auteurs, ils
demeurent en plein appétit toute l’année, surtout au tout
début ! Après, à vous de remplir la ruche.
Vous pouvez tout de même leur retourner leurs cartes de voeux.
Ca limitera leur appétence pour l’année suivante et
marquera votre irritation concernant leur satisfaction
déplacée et autres promesses jamais suivies d’effets et
pour cause : le miel produit en 2003 restera introuvable sur le
marché en 2004, et ils le savent bien, un peu comme l’ours…
enfin, c’est juste une évidence …