Oise Hebdo n° 514 – Mercredi 7 janvier :
Creil. Le capitaine Michel Bavoil affirme que les sept
militaires, dont trois Creillois, tués dans un accident
d’avion, n’ont pas eu droit aux mêmes honneurs, selon
qu’ils étaient officiers ou sous-officiers.
LES MILITAIRES DECEDES N’AURAIENT PAS TOUS DROIT AUX MEMES
HONNEURS
Mercredi 17 décembre sept militaires dont trois aviateurs de la BA
110 de Creil, trouvaient la mort dans l’accident de leur Casa 235,
alors qu’ils participaient à un exercice de parachutage en
Ariège. Quelques jours plus tard le ministre de la Défense,
Michèle Alliot-Marie saluait leur mémoire et leur remettait
des décorations à titre posthume, lors d’une
cérémonie officielle organisée sur la base
aérienne de Toulouse. Mais les disparus n’auraient pas eu
droit aux mêmes honneurs, selon qu’ils étaient
officiers ou sous-officiers.
Ce qui a conduit le capitaine Michel Bavoil, président fondateur
de l’association de défense des droits des militaires
(Adefdromil), à dénoncer une nouvelle fois « la
différence de traitement existant dans les armées, face
à la mort ». Il note que les officiers ont
été « élevés au grade de chevalier
dans l’ordre national de la Légion d’honneur
» alors que « les sous-officiers se sont vus
conférer la médaille militaire, simple
récompense ». Il remarque par ailleurs : « Ni
le chef de l’Etat, ni le Premier ministre n’ont honoré
de leur présence la cérémonie des obsèques,
alors qu’en semblable occasion, ils manifestent souvent la
solidarité de la Nation lors de cérémonies ou
accidents touchant des civils ».
Selon Michel Bavoil, la Légion d’honneur avait
été créée par Bonaparte pour
récompenser tous les soldats, quels que soient leurs grades,
« de la même façon », avant que le futur
Napoléon III en modifie l’esprit.
« Aujourd’hui, affirme t’il, la situation
s’est aggravée. Au pays des Droits de l’homme, le sang
des sous-officiers et des soldats n’a pas la même valeur que
celui des officiers et des civils. La gloire des armes est le plus
souvent celle des humbles et des modestes ; à ce titre elle est
jalousée, donc détournée. » Pour Michel
Bavoil, c’est une violation d’un « principe de la
République » car la déclaration des droits de
l’homme et du citoyen précise que « tous les
citoyens étant égaux à ses yeux (de la loi,
Ndlr), ils sont également admissibles à toutes
dignités … sans autre distinction que celle de leurs vertus et
de leurs talents. »
Selon Michel Bavoil, Jacques Chirac, « conscient de cette
discrimination », a rappelé au premier ministre «
le principe d’équité dans l’attribution des
ordres nationaux ». « Pourquoi les autorités
militaires et le Grand chancelier de la Légion d’honneur
n’observent-t-ils pas les recommandations du chef de l’Etat,
chef des armées ? », s’interroge le
président de l’ADEFDROMIL.
Ce dernier commente : « En de telles circonstances, les familles
sont pareillement éprouvées. Face à la mort, les
sentiments de la peine, eux, ne sont pas hiérarchisés.
Qu’il survienne au combat ou en luttant contre les incendies ou le
grand banditisme, le décès est un sacrifice suprême
dont l’éventualité est consentie de manière
absolument identique par les uns et les autres, qu’ils soient
soldats, sapeurs-pompiers, ou membres des forces de l’ordre. A
partir du moment où la possibilité existe d’honorer
équitablement les personnes, leur famille et leur mémoire
par une décoration à titre posthume, on ne voit pas
très bien au nom de quelle différence décerner aux
uns la Légion d’honneur et aux autres une décoration
subalterne. »
L’association de défense des droits des militaires demande
donc que « tout militaire décédé en
opération ou en service commandé du fait de circonstances
qui ne lui sont pas imputables, ait le sacrifice de sa vie
récompensé par un ordre national. Cet ordre national ne
peut être que le plus prestigieux : la Légion
d’honneur. C’est le minimum de décence que le
ministère de la Défense doit avoir vis-à-vis des
familles des victimes »
Quelques exemples récents de discrimination :
Trois pompiers civils de La SEYNE /MER, morts au feu l’été dernier, ont
été promus à titre posthume, dans la Légion d’honneur ; le Chef de l’Etat
est venu se recueillir et témoigner de la solidarité de la Nation,
Trois policiers (1 capitaine et 2lieutenants ) sont tués en service, ils
sont promus à titre posthume dans la Légion d’honneur – J.O. du 26/09/2003,
Une infirmière d’un centre hospitalier – aux Antilles – agressée
mortellement dans l’exercice de ses fonctions est promue à titre posthume
dans la Légion d’honneur – J.O. du 11/10/2003,
Deux gendarmes et trois soldats – tués en mission – sont récompensés à
titre posthume par la Médaille militaire – J.O. du 23/11/2003.
Lire également la Lettre du Président de la République au Premier ministre en date du 5 février 1996 relative aux ordres nationaux.
Lire également :
La honte de la République : L’attribution de la médaille militaire