… Et pourtant, mes dernières mutations successives et
très accélérées ne correspondent ni aux
besoins de l’institution ni à mes desiderata.
Incontestablement, quelques-uns de mes supérieurs m’accablent
de reproches sur des broutilles dans lesquelles, et de surcroît,
ma responsabilité n’est pas objectivement établie.
Assurément, mes notations, figées dans
l’à-peu-près depuis des années, sont
éloignées de ce que j’avais l’habitude de recueillir,
autrefois.
Certes, mon avancement (ma stagnation devrais-je dire), n’est pas
à la hauteur de ce que mes débuts, mes diplômes, ou
même les résultats obtenus, pouvaient laisser
espérer.
A l’évidence ne me sont plus confiées que des missions
inintéressantes, sans importances, et pour tout dire des
corvées inutiles.
Oui, mes chefs s’adressent directement à mes
subordonnés, ce qui les encourage à prendre des
initiatives dont, a posteriori, on me reproche une absence de
maîtrise.
Indubitablement, les effectifs de mon équipe diminuent en
proportion inverse du nombre des tâches subalternes qui me sont
confiées.
Manifestement, l’espace réservé à mon service se
rétrécie, le matériel n’est pas remplacé,
il m’est difficile d’obtenir des rechanges ou même du petit
équipement de bureau.
Sûr qu’il est bien difficile d’attirer l’attention quand on
n’est plus convié à aucune réunion d’aucune
sorte.
Je conviens tout aussi bien qu’à la dernière visite
médicale systématique, le médecin (enfin le
vacataire depuis que le nôtre est parti au Kosovo), a
été très curieux de mes états d’âme,
de ma vie de famille, de mon sommeil, et qu’il envisage, comme un
service à me rendre, de m’expédier devant un psychiatre
militaire (dès que ce dernier sera revenu de côte
d’Ivoire).
Je ne suis pas non plus ignorant du fait que le grand chef se
répand publiquement de suspicions concernant ma santé
mentale, et que ces inquiétudes qui l’assaillent depuis
longtemps sont devenues une évidence au moment où j’ai
déposé un recours devant la commission des recours des
militaires (qui ne m’a toujours pas répondu au bout de 5 mois).
Et bien non, force est d’admettre que je n’entre pas encore dans le
cadre du harcèlement moral au travail (lire http://hirigoyen.free.fr/index2.htm). Car cette
vilenie des temps modernes se caractérise, in fine, par une
culpabilisation et l’entrée en dépression nerveuse de la
victime.
Et moi, je ne parviendrai jamais à culpabiliser du fait qu’un
certain nombre de lâches imbéciles s’autorisent à
me traiter de la sorte. Y compris au détriment du fonctionnement
général du service.
Et il me semble que j’en éprouverais toujours plus d’irritation
et de lassitude, que d’une quelconque tristesse.
Tiens, je vais refaire un peu de sport en attendant la quille.