Ambiance étrange au Palais de Justice de BORDEAUX, Vendredi 5 Septembre 2003
« Libération » du 8 Septembre en page 18, sous le titre « Le linge sale de la gendarmerie » (lire l’article en [cliquant ici]) nous conte par le menu le procès pour outrage que sa hiérarchie intentait au gendarme RENAUD, qui avait en Mai 2002 distribué des tracts en civil et en dehors des heures de service dans la ville de LIBOURNE (33), dans lesquels il dénonçait, sans le nommer, l’arrivée au sein de l’école, d’un gendarme spécialiste de la matraque qui avait sévi à St LAURENT du MARONI en GUYANE.
Un membre du conseil d’administration de l’ADEFDROMIL était présent à cette audience. Il la trouva étrange, et ressentit parfois un malaise comme citoyen ; mais il fut au final, rassuré et heureux de constater que cette lessive dans l’esprit de « LIBERATION », rendait son honneur de la gendarmerie, quelles que soient les étapes futures qui ne pourraient que conduire à une décision finale digne de notre justice.
Etrange, car les magistrats du siège et du parquet qui avaient tout le long de l’après-midi, fonctionnés comme magistrats de correctionnelle, se sont tout d’un coup, mués en magistrats de chambre militaire du Tribunal correctionnel de Bordeaux. L’observateur se pose la question de savoir si la loi est la même pour tous. En effet l’attitude des magistrats sembla changer, paraissant plus sévère, plus implacable. Le Président soudain très ferme, soumit le gendarme RENAUD, pendant une heure à une succession de questions, auxquelles il répondit avec clarté et franchise sans se départir un seul instant de son sang froid.
Etrange le duel entre l’avocat de l’accusé, Me FORTABAT LABATUT qui tentait d’entraîner le débat sur la psychiatrisation arbitraire, le harcèlement, et la réalité des tortures et autres sévices que dénonce RENAUD, et le Président qui tentait de son côté, de maintenir le procès pour outrage à un supérieur hiérarchique.
Etrange de la part du Procureur, énonçant le principe que « … les magistrats ont la nécessité de faire confiance aux gendarmes » mais gardait le silence devant les révélations d’actes de tortures et de barbarie confirmées par les témoins de la défense. Silence d’autant plus étrange que quelques heures auparavant, au cours de l’audience civile de correctionnelle, le même dénonçait avec force l’inacceptable acte de barbarie d’un prévenu qui avait marqué au cuteur une croix gammée dans le dos d’une victime, en rappelant à tous l’inacceptable période nazie. L’avocat de la défense dénonçait que le procureur se comportait en complice de l’accusation.
Etrange, que la partie civile, l’adjudant-chef DEDIEU, défendue par une avocate du barreau de Bordeaux, avocate du ministère de la Défense (?), ne fit témoigner aucun des subordonnés, camarades ou chefs de son client. Etrange, car elle n’interrogea pas non plus les témoins, et ne mit pas en cause leurs témoignages…
Etrange absence d’un officier (un colonel de gendarmerie) de Libourne convoqué, et qui demanda par courrier à certains témoins de ne pas se présenter. Une plainte pour subornation de témoins aurait été déposée par l’avocat de RENAUD.
Ambiance rassurante cependant, par les témoignages simples et professionnels des médecins militaires, en particulier, Stéphane LEWDEN ancien membre de l’ADEFDROMIL, Marc LEMAIRE, et le médecin de l’école de Libourne qui confirmaient que l’accusé avait subi psychiatrie arbitraire, harcèlement et pression de la hiérarchie.
Rassurante devant les courageux témoignages de camarades de l’accusé, qui confirmaient les actes de torture de barbarie, et la « mise au placard » de l’intéressé.
Rassurant et digne, le témoignage de l’ancien inspecteur général de la gendarmerie, le général d’armée LORANT, en deuxième section, qui n’hésita pas à faire des centaines de kilomètres pour venir témoigner au profit du gendarme RENAUD. Mesuré, précis et loyal, ce témoignage du « chef » qui veille aux intérêts de son subordonné fut et demeure exemplaire. Il fit la démonstration, que l’honneur du subordonné est bien lié à l’honneur du chef ; grâce lui en soit rendue. Puissent tous les chefs imiter cet officier général !.
Rassurant enfin le brio et la ténacité de l’avocat de RENAUD, qui défendit pied à pied les droits de la défense, puis démontait les « chefs » d’accusation reposant sur le Code de justice militaire ; puis, s’appuyant sur les témoignages déjà cités, rendait justice au gendarme RENAUD, en affirmant que son combat citoyen long et cruel pour dénoncer des actes de tortures et de barbarie, rendait son honneur à toute la GENDARMERIE.
Le procureur demande six mois de prison. Le délibéré au 7 Novembre.
L’association PJPJ et l’association des femmes de gendarmes soutiennent le combat du gendarme RENAUD ; L’ADEFDROMIL se joint à ces soutiens.
Lire également :
Le linge sale des gendarmes de Libourne