Question écrite n° 06247 de M. Édouard Courtial (Oise – Les Républicains) publiée dans le JO Sénat du 19/07/2018 – page 3561
M. Édouard Courtial appelle l’attention de M. le ministre d’État, ministre de l’intérieur sur la forte augmentation des violences dont sont victimes les forces de l’ordre. En effet, à regarder les chiffres de 2017, il s’agit d’une tendance de fond : + 54 % de tirs en service dans la police, + 15 % pour les gendarmes qui subissent une hausse de 68 % du nombre de blessés. Plus récemment, avec le passage à tabac d’un couple de policiers en Seine-et-Marne à proximité de leur domicile devant leur fille de trois ans, une nouvelle étape est franchie. Ce sont des actes intolérables à l’encontre des forces de l’ordre qui se multiplient et qui impliquent une réponse exemplaire d’une grande fermeté à court terme mais aussi à plus longue échéance. Il y a urgence à mettre fin à une forme de laxisme ambiant et à entendre les appels de nos forces de l’ordre. Aussi, il lui demande de bien vouloir lui détailler les mesures qu’il entend prendre à la fois pour renforcer leur sécurité et lutter contre ce phénomène très préoccupant.
Transmise au Ministère de l’intérieur
Réponse du Ministère de l’intérieur publiée dans le JO Sénat du 14/02/2019 – page 848
Les policiers et les gendarmes assurent chaque jour, avec dévouement et détermination, professionnalisme et courage, le respect de la loi républicaine et la protection de nos concitoyens, dans des situations fréquemment difficiles et dangereuses, parfois au péril de leur vie. Ils font l’objet de violences et de menaces croissantes, d’atteintes de toutes sortes, à leur intégrité physique comme à leur image, et particulièrement ces dernières semaines. Les menaces et mises en cause atteignent parfois même les familles des forces de sécurité intérieure. Violences, menaces, outrages, injures, calomnies, etc. Tous ces faits sont inadmissibles et constituent des atteintes inacceptables à l’autorité de l’État. Tout est mis en œuvre pour en identifier les auteurs et les présenter à l’autorité judiciaire. Ces faits doivent en effet donner lieu à des réponses pénales fermes et rapides. Face à la multiplication des actes de violence et à l’aggravation des risques encourus, la protection des policiers et des militaires de la gendarmerie est une priorité du ministre de l’intérieur, qui attache aussi la plus haute importance à la défense de leur honneur et à la reconnaissance de leur engagement au service de la Nation. Tout doit être mis en œuvre pour donner aux forces de sécurité intérieure les moyens de remplir leurs missions dans les meilleures conditions possibles de sécurité. D’importantes mesures ont été prises depuis plusieurs années pour renforcer leur sécurité et ces efforts se poursuivent. La sécurité a été érigée par le Gouvernement au rang de priorité absolue. La question des moyens, humains et matériels, est essentielle. En 2019, le budget de la police et de la gendarmerie augmente de plus de 330 M€, gage de policiers et de gendarmes mieux équipés et mieux protégés, dotés de matériels répondant aux meilleurs standards. Ce budget permet de poursuivre la modernisation et l’amélioration des matériels qui concourent à leur protection : nouveaux véhicules, nouvelles armes et munitions, équipements de protection et d’intervention, etc. Par ailleurs, 7 500 postes supplémentaires de policiers et 2 500 de gendarmes seront créés durant le quinquennat. Ce renforcement de la capacité opérationnelle concourt à la protection des personnels en intervention. La sécurité des personnels passe aussi par des dispositions juridiques permettant de garantir chaque fois que nécessaire leur anonymat. D’importants progrès ont également été accomplis dans ce domaine avec l’entrée en vigueur en avril 2018 des mesures, prévues par la loi n° 2017-258 du 28 février 2017 relative à la sécurité publique, de protection de l’identité des policiers dans les procédures judiciaires. Le ministre de l’intérieur a également renouvelé ses instructions aux préfets afin que la protection fonctionnelle soit systématiquement offerte aux fonctionnaires de police et aux militaires de la gendarmerie chaque fois que leur action est injustement mise en cause. L’augmentation du nombre d’atteintes physiques à l’encontre des personnels de la gendarmerie ainsi que du nombre d’intrusions dans les casernes ont conduit le directeur général de la gendarmerie à renforcer très significativement les moyens dédiés à la protection physique des gendarmes et à la sécurisation des casernes. Ainsi, plusieurs mesures ont été mises en œuvre depuis 2017 telles que la possibilité pour tous les gendarmes de conserver leur arme de dotation lorsqu’ils ne sont pas en service, la possibilité pour les militaires adhérents à la fédération française de tir de s’entraîner dans les stands de tir de cette dernière avec leur arme de service. Au sein de la police nationale également, le port de l’arme individuelle en dehors du service a été étendu après les attentats de 2015 et peut désormais s’effectuer sur l’ensemble du territoire national et pendant les périodes de repos et de congés. C’est donc tant sur le plan des moyens que des méthodes que le Gouvernement agit pour améliorer les conditions de travail des forces de l’ordre, garantir en particulier leur protection, et redonner du sens à leur métier.
Source: JO Sénat du 14/02/2019 – page 848