Florian R., 30 ans, vient de terminer sa formation d’officier de réserve. Vingt-cinq journées étalées de septembre à juin, et au bout un grade d’aspirant et une perspective qui l’enchante : défiler le 14 juillet à la tête d’une section de 18 jeunes réservistes de la marine. Mais le jeune homme ne vivra pas son rêve : le 8 juillet, il a été prié de cesser les répétitions et de rentrer chez lui. Ses supérieurs admettent avoir » engagé une procédure pour étudier quelle est sa place dans la marine. » En clair : il est à deux doigts d’être viré. Et tout ça, parce que Florian R. est tout fier d’être donneur de sang… Quelle histoire !
L’affaire (on la fait courte) commence en janvier. Le jeune homme porte un bel uniforme et se trouve être titulaire de la médaille des donneurs de sang. Il se verrait bien arborer sur son uniforme cet emblème de sa générosité. Ça tombe bien : un texte réglementaire, l’instruction n° 362/DEF/EMMIRH/CPM semble l’autoriser, en précisant : » Les titulaires du diplôme de donneur de sang bénévole peuvent porter leur insigne sur le côté droit de la poitrine sur toutes les tenues où le port des barrettes de décorations est autorisé. » Notre aspirant demande confirmation de la possibilité de porter son insigne, mais patatras !
Un courrier officiel lui précise que l’insigne ne peut être porté que » lors des manifestations publiques ayant un lien avec la promotion du don de produits et d’éléments du corps humain ou avec la transfusion sanguine, ce qui n’est pas le cas du défilé du 14 juillet 2010. » Fort déçu, Florian R. obtempère néanmoins en écrivant : » Je vous remercie pour cette décision dont j’accuse bonne réception et à laquelle je me conformerai. » Et c’est là que ça dérape… Convoqué dans la foulée chez un capitaine de vaisseau de l’état-major, l’aspirant s’y présente le 7 juillet, pour apprendre qu’il ne participera pas au défilé, et qu’il fait l’objet d’un bulletin de sanction.
« Votre participation a été annulée »
Il refuse de signer le document, et en demande copie, ce qui lui est refusé. Il monte ensuite dans un bus qui part pour les répétitions du défilé, est intercepté par des gradés de la marine et un gendarme, et doit rendre son paquetage. Dans l’après-midi, il reçoit un mail explicite : « Vous n’êtes plus autorisé à porter votre uniforme et (…) vous n’êtes plus concerné par l’ensemble des manifestations ayant trait au 14 juillet, en particulier par la réception donnée à l’hôtel de Brienne par le ministre de la Défense le 13 juillet. Je vous informe que votre participation a été annulée. »
Signe des temps sans doute, l’aspirant en colère prend le conseil d’un avocat. Ce dernier, Me Élodie Maumont, nous a confirmé avoir adressé le 8 juillet au commandement de la marine une » demande de réintégration pour la participation aux entraînements et au défilé du 14 juillet « , ainsi que l’annulation de la mesure de sanction envisagée.
À l’état-major de la marine nationale, on confirme l’ensemble des incidents, en estimant que l’aspirant a commis plusieurs erreurs successives et » qu’il est viré du défilé qui doit se passer dans une ambiance de bonne camaraderie « . Quant à la médaille des donneurs de sang, son port ne serait » pas du tout dans l’esprit marine où l’on joue plutôt la sobriété…
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Cette publication a un commentaire
Comme tout militaire, j’aime les Pin’s.
Si possible remis lors d’ une belle prise d’armes.
Et sans qu’il ait été besoin d’aller à la riflette au préalable.
Selon mon analyse personnelle, pauvreté autant qu’abondance peuvent nuire.
1 Dans ce cas bien précis : « (…) À l’état-major de la marine nationale, on confirme l’ensemble des incidents, en estimant que l’aspirant a commis plusieurs erreurs successives (…) ». Il semblerait surtout que l’attitude du jeune homme ait sérieusement indisposé ses supérieurs, depuis un moment : » Quand on demande à chaque fois un ordre écrit, on sent un juridisme qui n’a pas sa place chez nous, surtout quand on est un aspirant de réserve avec huit jours de service. » (…) » A voir sur le fond.
2 Quant aux règles régissant le port des décorations, françaises et étrangères, par un militaire français en tenue, elles sont strictes et de lecture claire.
En cas de doute, il peut toujours être fait appel à la grande chancellerie de la Légion d’honneur.
A ce jour, ni la médaille des donneurs de sang, ni la médaille du Travail ne font partie des insignes homologués.
3 Et pourtant, parlant de rigueur et d’homologations… Il est possible de remarquer, au hasard des coursives et des prises d’armes :
– les bourreaux de travail en état-major, rien sur chemise à col souvent douteux ;
– les snobs, Légion d’honneur, Mérite, Croix de guerre des TOE, VM et rien d’autre ;
– les sapins de Noël, y compris le ruban rouge du défunt Bokassa 1er, la TABDT et le collier du chien ;
– infiniment plus grave, les porteurs d’ordres religieux (interdits depuis le Petit Père Combes), de plus à titre héréditaire (interdit là encore par notre République).
S’il en a le temps, que l’aspirant de la marine à trente jours de service actif envoie son avocat compulser, pas du tout au hasard, les registres de l’ordre de Malte, puis prendre quelques clichés.
Pour ma part, j’applique strictement les règles régissant le port de la tenue en général, ainsi que des décorations, tant françaises qu’étrangères, en tenue.
Car j’estime que c’est faire honneur à notre République, à notre institution militaire, à mon corps d’appartenance. Et à moi-même.
Le reste relève philosophiquement du Grand Guignol.
A ne pas toutefois mettre dans le même sac les très estimables donneurs de sang et autres travailleurs émérites, y compris les bénévoles Hospitaliers de Malte, par rapport à ceux qui, en toute légalité certifiée par la grande chancellerie, arborent à chaque instant des décorations étrangères provenant de certains pays peu respectueux de nos valeurs républicaines fondamentales.
Le port des décorations étrangères est, il convient de le rappeler, facultatif pour un militaire en tenue, sauf lors des relations officielles avec le pays considéré.
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