Question écrite n° 07495 de Mme Brigitte Lherbier (Nord – Les Républicains) publiée dans le JO Sénat du 01/11/2018 – page 5532
Mme Brigitte Lherbier attire l’attention de M. le ministre de l’intérieur sur les mesures à prendre pour endiguer les velléités de pillage de notre patrimoine économique par des agents du renseignement chinois.
Le journal le Figaro a révélé fin octobre 2018 que des espions chinois sillonnent les réseaux sociaux professionnels – particulièrement Linkedin – pour piller très massivement des données sensibles, parfois au cœur de l’État. D’après des travaux de la direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) et de la direction générale de la sécurité extérieure (DGSE), plus de 4 000 cadres et employés de la fonction publique, d’acteurs de cercles d’influence ou de collaborateurs de grandes entreprises ont été visés par des « recruteurs ». La manœuvre est aussi simple qu’insidieuse. Les agents chinois proposent, contre grasse rémunération, de recevoir des notes dans lesquelles les informations confidentielles sont privilégiées, officiellement pour des clients. Dans les faits, ces informations sont directement transmises au MSE, le ministère chinois de la sécurité d’État. Une fois les proies ferrées, il est presque trop tard pour faire marche arrière, même lorsque les données ont été transmises involontairement ou de bonne foi.
Elle lui demande si le Gouvernement entend lutter sans concession contre ces agressions quotidiennes contre les intérêts politiques, économiques et diplomatiques de la France perpétrées par des autorités chinoises qui n’hésitent pas à menacer directement la souveraineté nationale.
Réponse du Ministère de l’intérieur publiée dans le JO Sénat du 31/01/2019 – page 580
L’activité des services de renseignement étrangers fait, de manière générale, l’objet d’un suivi très strict par la direction générale de la sécurité intérieure (DGSI). Consciente de la menace particulière que ces services représentent pour la souveraineté nationale, la direction investit des moyens importants pour les suivre. En matière de contre-espionnage, face à un adversaire disposant de moyens pléthoriques, le travail mené vise tout d’abord à identifier les acteurs menaçants, à déterminer leur degré de dangerosité, à caractériser des actions hostiles en matière de captation de renseignements et enfin à y apporter une réponse. En ce domaine, la DGSI agit en étroite coordination avec les autres services de la communauté française du renseignement et déploie également un volet partenarial très étoffé à l’international. Des actions spécifiques de sensibilisation sont par ailleurs conduites au profit des acteurs susceptibles de susciter l’intérêt des services de renseignement chinois. Dans le domaine de la protection économique, l’action de la DGSI consiste à préserver les savoir-faire et le potentiel d’innovation des entreprises françaises face aux risques d’ingérence étrangère et de perte de données stratégiques. La DGSI mène un travail d’enquête qui comprend des investigations ciblées sur des acteurs étrangers réputés particulièrement offensifs sur le territoire national et qui permet de détecter les vecteurs de déstabilisation ou de captation utilisés. La démarche de sensibilisation proposée par la DGSI intègre des recommandations de sécurité et des préconisations transmises directement à ses correspondants à l’occasion d’échanges réguliers. Dans ce cadre, la DGSI répond aux demandes de conférences de sensibilisation exprimées par des établissements publics et privés, protégés ou non par des réglementations. En 2017, environ 1 400 conférences de ce type ont ainsi été effectuées devant 76 000 auditeurs. La DGSI est régulièrement amenée à coopérer avec la direction générale du trésor du ministère de l’économie et des finances dans le cadre du dispositif de contrôle des investissements étrangers en France. Enfin, plus généralement, la DGSI dispose d’une compétence judiciaire exclusive pour traiter les atteintes aux intérêts fondamentaux de la nation, y compris dans le domaine de la cybercriminalité.
Source: JO Sénat du 31/01/2019 – page 580