Alors qu’il s’apprêtait à prendre tranquillement sa retraite avec le bénéfice de l’article 5, le LCL X… commandant le Détachement Avancé des Transmissions à La Réunion vient de se voir signifier une mise en examen avec contrôle judiciaire dans l’affaire de harcèlement moral présumé qui l’oppose à l’Adjudant LEBIGRE.
Le dossier détenu par le juge d’instruction doit être suffisamment lourd et éloquent, pour que ce magistrat interdise à un commandant d’unité de pénétrer sur les lieux de son commandement, et de prendre contact avec l’adjudant LEBIGRE, ou de tout autre témoin de l’affaire. Il n’est pas évident qu’il existe un précédent dans l’histoire de l’armée française.
Au Ministère de la défense comme à la DRM, le silence dans les rangs et le profil bas sont de rigueur. On ne plaisante pas avec le devoir de réserve !
Idem au sein du DAT, où l’on entendrait frémir une onde hertzienne dans la moiteur tropicale. Genre alerte cyclonique.
Dans un message laconique et d’une grande concision, la Direction du Renseignement Militaire a quand même informé le général commandant Supérieur des Forces Françaises du Sud de l’océan indien en ces termes : « pour raison de service, le LCL X… n’est plus en mesure, à compter de ce jour, d’exercer le commandement du DAT ».
Qu’en des termes galants ces choses-là sont dites…
Dans un pathétique effort pour sauver la face, le Commandant du DAT, privé de fait de son commandement, a été officiellement placé en permission jusqu’à son départ en retraite. Son successeur, un officier pourtant muni officiellement d’un titre de permission, a été dépêché en catastrophe sur l’Ile pour prendre les consignes et superviser les 15 jours d’intérim assurés par un sous-officier supérieur.
A vouloir défendre l’indéfendable et sauvegarder contre toute évidence le principe dogmatique d’infaillibilité du chef, la gestion interne et militaire de ce dossier a tourné au fiasco. Elle s’oriente vers une fin du genre cauchemar !
Il est plus que temps, pour la justice citoyenne, de passer. Elle devra faire toute la lumière sur la réalité des faits, leur gravité éventuelle, les raisons pour lesquelles ils ont pu perdurer dans l’indifférence « centrale » générale au risque d’en broyer la (mais plutôt les) victime(s).
L’ADEFDROMIL formule le double voeu que cette affaire serve véritablement d’exemple dans les pépinières du commandement militaire, mais incite également les victimes potentielles à se faire connaître et à se défendre.
RAPPEL
1er août 2002 : Suspension par le juge des référés de la tentative de rapatriement sanitaire de l’adjudant LEBIGRE sur la France (pour allégations psychiatriques, avec la complicité active ou passive du service de santé des armées local).
18 septembre 2002 : L’adjudant LEBIGRE est muté à Mayotte.
25 septembre 2002 : L’ADEFDROMIL fait savoir sur son site (lire l’article en [cliquant ici]) que toute mutation prononcée à l’encontre de l’adjudant LEBIGRE doit être considérée comme un déplacement d’office.
1er octobre 2002 : Le Général J. PARIS DE BOLLARDIERE, directeur adjoint de la DPMAT, annule l’ordre de mutation pour Mayotte.
14 octobre 2002 : L’ADEFDROMIL publie l’article « Le Merle siffleur aurait-il du plomb dans l’aile ? » – lire l’article en [cliquant ici].
Du 18 au 20 octobre 2002 : Sur ordre du Directeur du renseignement militaire, une enquête de commandement est effectuée au sein du DAT par le général de brigade aérienne SIMON et le capitaine ROBIN.
22 novembre 2002 : Dans un article paru dans Le POINT, le journaliste Jean GUISNEL met en cause l’enquête de commandement du Général SIMON et révèle le rôle majeur joué par l’ADEFDROMIL dans cette affaire – lire l’article en [cliquant ici].
28 novembre 2002 : Suite à l’article du Point, le préfet MARLAND, directeur de cabinet civil et militaire du ministre de la défense signe, sous la pression d’un quarteron de généraux en pré-retraite, une note interdisant l’adhésion à l’ADEFDROMIL au motif que celle-ci aurait un caractère syndical ! « Une véritable chasse aux sorcières » est lancée dans les armées sans succès ! L’armée de l’air ira jusqu’à agrafer l’interdiction d’adhérer à l’ADEFDROMIL à chaque bulletin de solde ! Genre : mieux vaut faire taire les gens qui soulèvent les problèmes que de chercher des solutions.
11 décembre 2002 : Le ministre de la défense modifie positivement la feuille de notes de l’adjudant LEBIGRE.
4 juillet 2003 : Mise en examen du Lieutenant-colonel X… pour harcèlement moral et mise sous contrôle judiciaire.
OUF!
Renaud Marie de BRASSAC
Vous pouvez nous adresser vos observations sur ce dossier par courrier électronique à contact@defdromil.org ou en nous écrivant à ADEFDROMIL 14, rue Fould Stern 60700 PONT SAINTE MAXENCE.
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