«Pourquoi vous en être pris au personnel de santé ? Vous leur en voulez ? », interroge Géraldine Frizzi, présidente du tribunal correctionnel. « Je voulais m’échapper. Quand je bois je ne sais plus… Les souvenirs… Les douleurs… », répond laconique à la barre du tribunal un prévenu pas comme les autres.
« C’est un paradoxe insupportable de s’en prendre à ceux qui apportent leur aide »
Ce 11 septembre 2017, vers 1 heure du matin, après avoir fait une crise de démence éthylique au cours de laquelle il brise de nombreux objets à son domicile à Forcalquier, cet ancien légionnaire de 58 ans, natif de Pologne, est transporté aux services des urgences de Digne. À son arrivée, très agité, il fait un doigt d’honneur au médecin qui l’accueille, puis frappe avec ses béquilles une infirmière et une aide-soignante qui se blesse en chutant au sol. Un infirmier intervient alors pour protéger ses collègues féminines, le ceinture pour l’allonger sur le lit de soin. Mal lui en prend, il reçoit un coup de poing qui lui casse le nez et deux dents. Il faudra l’intervention de cinq policiers pour calmer l’énergumène. « C’est un paradoxe insupportable de s’en prendre à ceux qui apportent leur aide et soignent », dit Meggan Delacroix-Rohart, substitut du procureur de la République réclamant quatre mois d’emprisonnement assortis d’un sursis avec obligation de soins.
Le tribunal condamne le paraplégique agresseur et colérique à six mois de prison avec sursis et mise à l’épreuve pendant deux ans, obligation de soins et obligation d’indemniser les victimes. Dans un premier temps, y compris la consignation à valoir sur les intérêts civils, il doit verser un total de 2 650 €. 1000 € en attente d’une expertise médicale et 600 € pour le préjudice moral pour l’infirmier victime du coup de poing. 300 € plus 300 € pour l’aide-soignante blessée. Enfin 150 € plus 300 € pour l’infirmière malmenée.