Extrait du livre (1).
Dans le Journal officiel du 17 mars 1997, Mme Evelyne Guilhem, députée, à la rubrique « Questions et réponses » attire l’attention du ministre de la Défense sur le cas de deux militaires, hors contingent, qui, à titre posthume, reçurent chacun une décoration. Alors qu’ils accomplissaient, sans arme, une mission humanitaire, ils venaient d’être « sauvagement assassinés » en République Centrafricaine quelques semaines auparavant. L’un, officier, reçut la Légion d’Honneur. L’autre, non officier, n’eut droit qu’à la médaille militaire. Cela montre bien que, même dans la mort, il y a deux poids deux mesures ! Madame Evelyne Guilhem, face à ce cas précis, ponctue sa surprise et formule un souhait auprès du ministre de la Défense. Comme le relate le Journal officiel :
« Dans l’éventualité où de tels faits odieux pourraient se reproduire, et comme les sentiments de la peine, eux, ne sont pas hiérarchisés, elle lui demande s’il ne conviendrait pas, eu égard aux familles pareillement éprouvées en de telles circonstances, de revoir la réglementation réaménagée récemment pour les officiers supérieurs afin de décerner la même décoration, en l’occurrence celle du premier ordre national, sans qu’il soit tenu compte du grade détenu, pour les personnels militaires victimes de leur devoir et de leur dévouement au service de la nation allant jusqu’au sacrifice de leur vie. »
La réponse à ce légitime problème soulevé est assez labyrinthique dans son apparente clarté et suffisamment fuyante puisqu’elle s’abrite derrière un texte qui n’est même pas à discuter :
« Dans ce cadre, la Légion d’honneur peut être accordée, dans le délai d’un mois, aux personnes tuées ou blessées dans l’accomplissement de leur devoir. Dans les faits, il apparaît que sont nommés à cette distinction, les seuls sous-officiers mariniers déjà médaillés militaires. En effet, ceux d’entre eux qui ne bénéficient pas de la médaille militaire se voient attribuer cette dernière décoration. »
La médaille militaire est assurément une haute distinction, personne ne le conteste. Toutefois, il semblerait logique qu’à mérite égal il y ait récompense semblable ! Pourtant, les gendarmes Thierry Bruneteau et Georges Klein, tués en Guyane le 22 septembre 1998, reçurent à titre posthume, et de façon tout à fait justifiée, la Légion d’honneur. On était en droit de penser qu’un précédent venait d’être créé. Malheureusement, ce ne fut pas le cas ! La gendarmerie, elle aussi, a réintégré la procédure traditionnelle. Cela revient à dire sur ce point précis, d’une façon simpliste et réaliste, que si deux militaires, un officier et un homme de troupe, accomplissent le même acte méritoire et tombent en accomplissant leur devoir, seul l’officier recevra, à titre posthume, la Légion d’honneur !
(1) Ce livre peut être commandé avec dédicace directement auprès de l’auteur contact@adefdromil.org ou Michel BAVOIL, 28 rue d’Edimbourg, 75008 Paris ( Prix 21 euros port compris)