La procédure est rarissime autant que le procédé. Hier matin, le commandant du groupement de gendarmerie des Ardennes comparaissait devant la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Reims pour « manquement à ses devoirs d’officier de police judiciaire ». Il est reproché au colonel Nicolas Blériot son refus de désigner des gendarmes pour jouer le rôle de la victime et de l’agresseur lors de la reconstitution d’un double meurtre, en mai dernier. L’affaire a été mise en délibéré.
PAS une tête ne dépasse du rang. De la base au sommet de la hiérarchie de la gendarmerie, tous sont derrière le colonel Nicolas Blériot, commandant le groupement des Ardennes. Du général Jean Danède, patron de la région Champagne-Ardenne, aux pontes de la Direction générale de la gendarmerie nationale (DGGN) à Paris, tous sont fin prêts à crever l’abcès. Car la bataille entamée par cet officier à la carrière exemplaire n’est surtout pas celle d’un franc-tireur. Elle est au contraire celle d’un militaire responsable, compétent et obéissant… Mais aussi soucieux de préserver ses hommes.
C’est à ce titre que l’officier supérieur s’est attiré les foudres de la juge du pôle de l’instruction de Reims, Véronique Isart. Le 14 avril, celle-ci délivre une première commission rogatoire pour l’organisation de la reconstitution du double meurtre des Ayvelles, près de Charleville-Mézières. Les gendarmes répondent dans les règles de l’art à cette mission capitale pour la manifestation de la vérité qui consiste à faire rejouer les crimes sordides d’une fillette et de sa mère par son auteur présumé, Manuel Texeira.
« L’avis du général »
C’est en fait une seconde commission rogatoire « d’assistance à la reconstitution », délivrée le 23 avril, qui va mettre le feu aux poudres. La juge y exige qu’une femme gendarme joue le rôle de Florence, massacrée, comme sa petite fille, d’une vingtaine de coups de sabre. Détail : elle devra comme la défunte mesurer « 1,61 mètre pour 75 kilos ». Un gendarme, pris parmi le personnel masculin, devra être choisi pour mimer la scène de crime en cas de défaillance du mis en examen.
Le colonel Blériot refuse que son personnel se prête à cette parodie de scène de crime. « Mon client a pris toutes les précautions d’usage en sollicitant l’avis du général Jean Danède. La DGGN a par ailleurs été informée. Ce n’est qu’ensuite qu’il a adressé un courrier à la juge d’instruction pour motiver son refus de mettre à disposition des gendarmes masculin et féminin pour la reconstitution criminelle », indique Me Ahmed Harir, l’avocat carolo du colonel.
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