A Mayotte, on touche le fond, au cercle-mess de la Légion, on tripote les fonds.
Décidément Mayotte, appelée aussi Maoré en shimaoré, ne cesse de se faire remarquer ces derniers temps par toute une série d’événements : mouvements de contestation populaire, barrages routiers, immigration clandestine massive etc. bref, des problèmes politiques graves qui ont nécessité ces dernières semaines la venue de la ministre des outre-mer.
Cette actualité chargée est sans aucun doute, la raison pour laquelle les médias locaux ont passé sous silence cette information de première importance : il y aurait eu au sein du Détachement de Légion étrangère de Mayotte sis à Dzaoudzi, un détournement de fonds au cercle-mess ! C’est du moins ce que nous révèle une lettre anonyme en date du 1er mars 2018 rédigée par un citoyen français soucieux de l’emploi des fonds privés destinés à cet organisme d’intérêt privé. Cette lettre destinée au Président de l’Adefdromil a été postée à Montpellier le 6 mars 2018.
Par principe, à l’Adefdromil nous demeurons indifférents aux lettres anonymes, mais le traitement énergique du fait divers dénoncé dans celle-ci mérite d’être révélé au grand public admirateur de la Légion étrangère toujours soucieuse de gloire et d’abnégation.
Cette fois, le fait d’armes concerne deux personnages importants : un adjudant-chef et un officier ! L’un est comptable, l’autre est en charge de la surveillance administrative. Jusque-là, rien d’anormal ! Sauf que, par l’argent alléché, notre adjudant-chef, Maréchal de la Légion, certainement bien sous tous rapports, aurait eu la faiblesse de s’approprier frauduleusement ou par inadvertance quelques deniers …je dis quelques, car la lettre ne précise pas le montant exact ! Là aussi, rien de bien méchant. Pour celles et ceux qui ne connaissent pas la définition du « détournement de fonds » voici celle donnée par Wikipédia : « Le détournement de fonds est l’appropriation frauduleuse de biens par une personne pour son propre intérêt à qui l’on avait fait confiance pour gérer l’argent et les fonds détenus par un autre individu ou par une organisation tiers. Les fonds peuvent être des fonds sociaux ou des fonds publics. ».
Là où le bât blesse, c’est l’attitude ambiguë de notre officier. Il serait soupçonné d’avoir fermé les yeux et d’avoir écrit des rapports douteux entre 2014 et 2017 afin de justifier très certainement le déficit du cercle-mess! Le corbeau ne le précise pas !
Comme toujours dans ce type d’affaire, c’est l’absence prolongée de l’un ou de l’autre qui permet à l’intérimaire désigné de mettre le doigt là où cela fait mal ! Et dans le cas d’espèce cela a dû faire très mal, car, chose extrêmement rare à la Légion, la gendarmerie s’est déplacée avec pour conséquence à terme : la radiation des contrôles de la Légion étrangère de notre Maréchal de la Légion !
Diantre ! Nous sommes surpris par tant de sévérité. La Légion étrangère qui n’abandonne jamais ses hommes nous avait habitués dans la gestion de ce type d’affaire à beaucoup plus de clémence et d’efficacité. Le pragmatisme légionnaire serait-il en voie de disparition ? En effet, je me souviens de ce légionnaire auteur d’un détournement de fonds conséquent au foyer de son unité, muté en Polynésie dans le but de se refaire la cerise pour réparer sa faute en reversant sa solde quasi intégralement au foyer truandé. Voilà une sanction qui a de la gueule ! Elle donne une seconde chance au pauvre légionnaire accablé par son geste de nécessiteux et permet dans le même temps de renflouer le foyer du soldat !
Et comme tout se délite dans cette armée professionnelle, toujours dans cette affaire de gros sous, le principe d’égalité de traitement n’aurait pas été respecté puisqu’il semblerait que notre officier ait été protégé, laissant ainsi libre cours à toutes les hypothèses, même les plus improbables.
D’ailleurs notre corbeau n’hésite pas à en suggérer une dans un français approximatif : « Aujourd’hui ceux qui sont au courant se doutent si c’est un détournement organiser seulement par deux personnes ou c’est une organisation à haut niveau en vue des sommes dérobées. ».
Pas complètement idiote son hypothèse mais nous ne sommes pas obligés de voir des complots partout surtout au sein d’une troupe extrêmement disciplinée. Tout le monde a en tête le chant que je cite de mémoire : « C’est une chose très importante, la discipline à la Légion ! L’amour du chef, l’obéissance sont de plus pures traditions !Etc.»
Aussi, Pour en avoir le cœur net et afin de tordre le cou à cette rumeur préjudiciable aussi bien à la Légion qu’à cet officier, il suffirait à Madame la Ministre des armées, soucieuse du juste emploi du moindre denier, d’envoyer un contrôleur général des armées à Mayotte afin d’effectuer un contrôle sur place ! Ce collaborateur indépendant de toute hiérarchie et dont le rôle est de vérifier l’application des règles de droit et les directives du ministre, sera particulièrement heureux de quitter les rigueurs du froid « Moscou Paris » pour exercer ses talents de contrôleur sous les cieux de Mayotte! Ce n’est, bien évidemment qu’une simple mais redoutable suggestion.
Indépendamment de tout cela, au final, cette lettre est frustrante! Elle ne dit pas si notre Maréchal de la Légion s’est vu décerner le certificat de bonne conduite dans la salle d’honneur du 1er RE, s’il a eu droit à la visite du Musée de la Légion étrangère à Aubagne et encore moins si une prise d’armes a eu lieu pour ses adieux aux armes.
Car à la Légion, l’impossible se fera !
Renaud Marie de Brassac
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