Le ministère de la Défense, qui doit rassembler ses services dans un pentagone français, espérait vendre pour 2 milliards d’euros ses biens immobiliers libérés. Problème : alors que la rigueur menace, les montages financiers capotent et le ministère se retrouve sans ces recettes, prévues pour financer le projet.
En ces temps de rigueur, toute recette est bonne à prendre pour les ministères. Du côté de la Défense, la question est d’autant plus importante, que les principaux services et l’Etat major doivent être réunis en 2014 rue Balard, dans le XVe arrondissement de Paris. Un Pentagone français, rassemblant 10 000 personnes. Un projet sensé faire des économies, mais qui reste dans l’immédiat à financer. Les nouvelles installations doivent être confiées à un opérateur privé. Coût pour le ministère : un loyer de l’ordre de 100 millions d’euros par an durant 30 ans. Soit 3 milliards d’euros. D’où cette idée des têtes pensantes de la Défense : vendre les biens immobiliers du ministère qui vont se libérer ! Des cessions immobilières tout de même estimées à 2 milliards d’euros.
Montages croquignolesques
Problème, ces sessions, sur lesquelles comptait le ministère, ne vont pas se réaliser… Deux sénateurs, Didier Boulaud (PS) et François Trucy (UMP), se sont penchés sur la question. Leur communication faite en commission des Affaires étrangère est claire : « A travers les cessions, la politique immobilière doit également apporter à la Défense un complément de financement très significatif pour faire face aux besoins de paiement à court terme. L’élément central de cette stratégie réside dans une vente anticipée des immeubles occupés par le ministère à Paris, plusieurs années avant le déménagement à Balard. (…) Un an et demi après le démarrage de la LPM (loi de programmation militaire), ce schéma initial doit être complètement révisé. Les montages envisagés n’ont pu se concrétiser ».
Des « montages » pour le moins croquignolesques : huit immeubles devaient être achetés en bloc par une société de portage, créé pour l’occasion, entre la Caisse des dépôts et consignation et la Sovafim, société d’Etat d’abord créée pour écouler le patrimoine immobilier de Réseau ferré de France. Cette société de portage aurait été chargée de la valorisation de ces biens. Pour vendre ses huit immeubles parisiens, le ministère de la Défense demandait 744 millions d’euros. Mais la Sovafim et la Caisse des dépôts n’en ont proposé que 520 millions… « soit 30 % de moins qu’espéré par l’Etat », écrivent les sénateurs. « Ça a bloqué l’affaire », explique à Public Sénat Didier Boulaud. L’Etat a donc refusé de vendre son bien à un organisme d’Etat, car il ne proposait pas assez d’argent à l’Etat…
Différer le « Balardgone » ?
Ces couacs tombent mal pour la Défense. Le ministère doit en effet économiser 4,8 milliards d’euros – au pire – pour son budget 2011-2013, 2,4 milliards au mieux, comme le révèle sur son blog le journaliste de Libération Jean-Dominique Merchet. Et les recettes escomptées, prévues dans la loi de programmation militaire, vont manquer. « Comment l’Etat va compenser ces non-recettes ? On a compté les œufs dans le cul de la poule ! » résume…
Lire la suite sur le site www.publicsenat.fr en cliquant [ICI]