Vienne: l’adjudante de gendarmerie harcelait-elle sa subalterne ? (Xavier BENOIT, La Nouvelle République)

Le regroupement des brigades de Charroux et Civray a-t-il conduit une gradée à rejeter une des militaires ? Dix ans après, elles ont déjà tout perdu.

“ Aviez-vous la consigne de “ casser du Charroux ” ? ”A cette époque, dans le cadre de la fermeture de brigade, les cinq militaires de Charroux avaient été intégrés à la communauté de brigades (COB) de Civray. Non sans mal visiblement. Dix ans après les faits, la justice poitevine a donc plongé dans les arrières cuisines de la gendarmerie. Avec un grand absent : la gendarmerie elle-même, du moins les supérieurs hiérarchiques de la compagnie et du groupement de l’époque.
Car les deux femmes présentes à la barre ne sont plus gendarmes depuis longtemps. La victime a été radiée pour cause de maladie consécutive aux faits. La prévenue n’est plus gendarme suite à une condamnation pénale : elle avait produit un faux suite à l’accident de voiture de sa fille.
Il restait donc ce harcèlement moral : la victime reprochait à sa supérieure un rapport sur une fenêtre non fermée, une punition pour le retard dans la prise d’une garde, des mauvaises notations, des souhaits de congés systématiquement refusés… « Le plus dur, pour moi, était d’être un mauvais gendarme du jour au lendemain (elle pleure). J’étais un bon gendarme depuis sept ans, à Charroux, j’étais très bien notée. J’allais passer mon concours d’officier de police judiciaire, intégrer une brigade ou une section de recherche. Tout ça, c’est du gâchis qui a eu des répercussions sur moi, mes enfants, mon conjoint… » Son conjoint est justement présent à ses côtés. « On est juste venu pour casser du gendarme. Mais moi, j’avais juste le droit de me taire. »
Traits tirés, l’ex-adjudante qui transporte aujourd’hui des enfants handicapés à Saintes pour un salaire de misère, s’est retranchée derrière les ordres : « J’ai exécuté ce qui était demandé. J’ai senti une certaine animosité. Oui, il y a eu un rapport sur une fenêtre non fermée mais j’essayais d’être équitable. »
« Aviez-vous la consigne de “ casser du Charroux ” ? », demande la présidente. « Non. Mais il y avait un certain clivage entre les militaires de Charroux et Civray. Quand on n’y arrive pas par la douceur… Oui, j’ai été directive. Mais les plannings, vacances, punitions, notations, ce n’était pas moi. Je pense que la hiérarchie n’a pas pris ses responsabilités. Cette COB de Civray-Charroux ne fonctionnait pas depuis des années. Quand je suis arrivée là-bas, j’étais seule, le commandant était parti en vacances, je n’avais pas été formée… » 
« Comment avez-vous vécu cette situation ? », l’interroge la magistrate. « Très mal (elle pleure). J’ai eu deux tentatives de suicide. L’une avec des médicaments, l’autre avec mon arme de service… »
Le procureur a requis une amende avec sursis. Les juges ont mis l’affaire en délibéré jusqu’au 15 mars.

Source: lanouvellerepublique.fr

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