SOLDATS ÉPUISÉS, MAL CONSIDÉRÉS, LOGEMENTS PITOYABLES… LES FEMMES DE MILITAIRES MANIFESTENT LEUR COLÈRE

MANIFESTATION – A l’appel d’un collectif, des femmes de militaires se regroupent ce samedi à 13 h, devant les Invalides à Paris. Dans un contexte de réductions du budget dédié aux armées, elles dénoncent les conditions de travail des soldats, et l’impact sur les familles.

lles se surnomment la « base arrière ». Sur Facebook, leur mouvement prend le nom, plus explicite, de « Femmes de militaires en colère », une page lancée fin juillet et suivie aujourd’hui par plus de  5.000 personnes.

Les femmes de militaires y étalent leurs revendications, et préparent leur « action choc », prévue ce samedi,  à 13 h, devant les Invalides à Paris. Ce qu’elles réclament ? Moins d’hommages, plus de moyens. Moins de belles paroles, plus d’actions concrètes.  L’énervement couve depuis déjà quelques temps mais l’annonce des coupes budgétaires avant l’été, et la démission forcée du général De Villiers ont fait bouillir la marmite. Qui déborde.  D’où cette manifestation, fait rare au sein de la Grande muette.

L’opération Sentinelle, la goutte d’eau ?

Sur la page Facebook, les commentaires affluent, dévoilant au passage un monde avec son propre langage. « Force et honneur » en bas de post ; « le Grand jour » pour parler de la manifestation. « Ami(e)s la descente est amorcée », écrit ainsi une organisatrice du mouvement. « Samedi, rallions-nous nombreu(ses) et solidaires pour faire entendre nos voix » ; « La révolte monte et gonfle de mois en mois ! Hommes et femmes épuisés, à genoux mais pas à terre. »Et, comme avant une attaque, les forces se préparent, à la veille de la manifestation : « Comme on dit chez nous « le sommeil est un acte de combat », donc reposez-vous bien avant la « bataille » de demain. Unies, nous serons invincibles ! », prédit une dernière.

L’Opération Sentinelle, qui mobilise 7.000 soldats déployés sur le territoire, alimente bien sûr les critiques. La goutte d’eau. Mais pas le seul grief. Le collectif demande « des conditions dignes et respectueuses pour les époux, compagnons, fils en mission OPEX et OPINT (opérations extérieures et intérieures) ». Sont dénoncés, entre autre, les « logements insalubres des soldats », les « repas qui ne sont pas assurés », l’obsolescence du matériel qui fait que, souvent, les familles engagent leurs propres dépenses pour acheter du matériel, gilet pare-balle aux duvets, chaussures, literie, envoi de colis de nourriture. Pour les soldats et leurs familles, les sorts sont liés, les problèmes s’entassent : vétusté des casernes, manque de sommeil, danger permanent, surendettement des familles à cause de retards de salaires…

Nos soldats risquent leurs vies pour gagner trois misérables centimes Natalia

Autre revendication : une meilleure prise en compte du syndrome post traumatique (SPT) des soldats. « Nous voulons une cellule de soutien et d’aide pour les soldats et familles, qui sont isolés face à cette maladie, et n’ont ni soutien ni aide pour en comprendre les symptômes », explique le collectif Femmes de militaires en colère, qui dénonce, par ailleurs, un « parcours administratif intolérablement long, 12 mois minimum, pour la reconnaissance du militaire atteint de SPT en tant que blessé de guerre. »

Derrière tout ça, et cette manifestation, les femmes de militaires entendent aussi faire mieux connaître leur monde et leur état d’esprit. « Beaucoup de citoyens se plaignent de voir nos hommes ou femmes protéger notre pays, ils en ont marre de les croiser dans les rues. Mais c’est pour leur sécurité », se plaint Natalia, en couple depuis 10 ans avec un militaire.

« C’est une honte de traiter des hommes qui risquent leur vie pour un pays gouverné par des gens qui leur crachent littéralement à la figure ! Aucune reconnaissance de leur part ! »,  s’insurge Maryline, une  femme de militaire « très en colère ».  Pour elle, l’opération Sentinelle a encore accentué ces mauvaises conditions de travail. « Nos soldats n’en peuvent plus ! Deux ans qu’on les trimballe en France de gauche à droite comme de vulgaires moutons, à un rythme effréné, loin de chez eux, mal logés pour un travail qui n’est pas le leur !  »

Pas de vie de famille, pas de vie sociale car l’on ne peut rien prévoir Odile, sur Facebook

Pour les familles , c’est dur. Le conjoint d’Odile est absent « 200 à 250 jours par an » : « Pas de vie de famille, pas de vie sociale car l’on ne peut rien prévoir », détaille-t-elle. « Le célibat géographique est imposé, étant donné le peu de casernes qui existent aujourd’hui. » Pour elle, « l’armée ne s’est pas adaptée aux nouvelles façons de vivre » : « Les femmes aujourd’hui travaillent et ont de bons jobs et ne suivent plus nécessairement leurs hommes dans leurs mutations. Pour ma part, mon conjoint dépense 400 euros de train par mois pour rentrer le week-end ! » Et les sacrifices consentis commencent à peser lourd, au vu de ce qu’elles perçoivent de la réalité, et de missions parfois mal-organisées : « Quand on leur refuse au dernier moment leur congé paternité alors qu’ils ont été demandés bien à l’avance, pour  ensuite les imposer comme bon leur semble… Tout ça pour se retrouver une nouvelle fois en Sentinelle et apprendre qu’il y a des gars en trop », souffle Laurène. Sacrifier sa vie de famille… pour rien.

« Et personne n’a idée de ce que l’absence représente pour les enfants. Un calendrier et des photos ne font pas tout… « , dit Emilie. « Nos époux méritent d’être mieux considérés à tous niveaux ». Pour Danièle, les femmes connaissent ces contraintes, et sont prêtes à les accepter. Mais la goutte de trop n’est pas loin. « Attention à ne pas dépasser certaines limites ».

Lire la suite de cet article sur lci.fr en cliquant [ICI]

Lire également

Les femmes de militaires manifestent leur colère à Paris

Les «Femmes de militaires en colère» appellent à manifester à Paris ce samedi

Les « Femmes de militaires en colère » ont manifesté à Paris

Une Castraise a fondé le mouvement des «Femmes de militaires en colère»

« Il faut que les gens sachent que les militaires n’ont aucun droit », témoigne la femme d’un militaire

Armée : les bleus à l’âme des kakis

À lire également