Un rapport sénatorial s’inquiète de la

Samedi 23 juin 2001

De retour d’une série de déplacements dans des garnisons, Serge Vinçon, sénateur RPR du Cher et rapporteur spécial du budget de l’armée de terre, a rendu compte, jeudi 21 juin, devant la commission sénatoriale des affaires étrangères et de la défense, de « la baisse du moral », du « malaise » et de l' »amertume » qu’il a pu observer aujourd’hui dans les unités. « Parent pauvre des choix budgétaires », l’armée de terre subit « un trouble très fort » qui porte nombre de ses cadres, soumis « à la discrétion et à la discipline », à « se demander s’il leur faut faire du bruit et se livrer à la revendication bruyante pour être entendus ».

La modernisation de l’armée de terre s’est réalisée, note M. Vinçon, « dans une grande indifférence de la part de la communauté nationale ». Or, dans le même temps, l’armée de terre professionnalisée connaît des sous-effectifs importants par rapport aux prévisions pour 2002 et elle devra mettre en sommeil quelque 70 unités élémentaires, c’est-à-dire une compagnie par régiment.

De même, on constate « une détérioration de la disponibilité des matériels » (chars, hélicoptères et véhicules) et une réduction non négligeable de l’entraînement, qui fait dire à un général que le nombre des munitions tirées à l’exercice a été divisé par trois en quelques années. A « ce véritable sentiment de paupérisation » il faut ajouter les contraintes de la vie militaire sur les conditions de vie : soldes, aides au logement, « célibat géographique » dû à la mutation, frais de déménagement calculés sur un barème qui date de 1954, ou durée hebdomadaire de travail qui dépasse, dans l’armée de terre, les 42 heures et demie.

MENACES JUDICIAIRES

En opérations extérieures, la baisse des indemnités, appliquée depuis plusieurs mois, « est jugée maladroite, mesquine, voire injuste », selon le rapporteur sénatorial. Il considère que « tout cela donne le sentiment que l’on cherche à tout prix à rogner systématiquement les avantages, au moment où les sujétions inhérentes à ces actions n’ont jamais été aussi fortes », qu’il s’agisse du rythme de ces missions, souvent risquées, ou du « climat psychologique » dans lequel elles s’exercent, avec la menace de mise en cause fréquente des personnels sur le terrain judiciaire.

« Dans ce contexte morose », M. Vinçon déplore « un certain abattement », jugé « néfaste » pour le recrutement et la fidélisation des engagés. « Au-delà de ces motifs objectifs d’insatisfaction ou d’inquiétude, conclut-il, c’est la crainte d’une certaine indifférence du pays et des dirigeants politiques et d’un manque de reconnaissance que l’on perçoit » dans une communauté militaire qui doute de son avenir.

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