Chef de file du Nouveau Centre (NC) et possible candidat à ce titre à la présidentielle de 2012, Hervé Morin est ministre de la Défense.
France-Soir : Neuf ans après le début de la guerre en Afghanistan, la coalition mène encore là-bas d’intenses combats, et 2009 aura été l’année la plus meurtrière. 3.750 militaires français sont déployés. Quel diagnostic portez-vous sur la situation militaire ?
Hervé Morin : Il faut garder à l’esprit que l’Afghanistan est un puzzle d’ethnies et de vallées très contrastées. Ce n’est pas un pays unitaire, mais un pays de clans, de tribus. Nos compatriotes n’entendent malheureusement parler de l’Afghanistan que lorsqu’un de nos soldats y est tué. En vérité, quand on regarde les deux zones dont nous avons la responsabilité militaire, la situation progresse. La montée en puissance de l’armée nationale afghane que nous formons est significative. Notre objectif principal est de commencer, dès la fin de l’année, à transférer aux Afghans certaines zones, comme nous l’avons déjà fait à Kaboul. C’est seulement si nous ne parvenions pas atteindre cet objectif que nous aurions des questions à nous poser !
Barack Obama a annoncé un début de désengagement militaire mi-2011. La France a-t-elle le même calendrier ?
Nous constatons, dans la région de Surobi où nos soldats sont déployés depuis deux ans, que le niveau de sécurité est sensiblement plus élevé. Oui, nous pouvons espérer être en mesure, pour l’année 2011, de transférer des zones à l’armée et à la police afghane.
Un an après le retour de la France plein et entier au sein de l’Otan, qu’est-ce que cela a changé pour notre défense ?
Désormais, nos militaires participent aux décisions de commandement et d’organisation des opérations de l’Otan. Non seulement nous sommes acteurs mais, en plus, nous participons à l’écriture du scénario. Par ailleurs, un Français – le général Stéphane Abrial – occupe un poste-clé au moment où l’Alliance atlantique se réforme et redéfinit son concept stratégique. Enfin, nous pouvons faire avancer l’Europe de la défense sans que nos partenaires européens nous soupçonnent de vouloir affaiblir l’Otan.
«Pour la vente du Rafale au Brésil, nous sommes confiants»
Barack Obama prône un monde débarrassé des armes nucléaires. La France, elle, tient bec et ongles à sa force de dissuasion et à son indépendance en ce domaine…
La France, dans ce domaine, est exemplaire. Nous avons réduit d’un tiers notre arsenal nucléaire. Nous sommes le seul pays au monde à avoir indiqué en toute transparence le nombre de têtes nucléaires dont nous disposons : moins de 300. Et nous sommes les seuls avec les Britanniques à avoir ratifié le traité interdisant les essais nucléaires. On peut toujours rêver de la perspective d’un monde sans armes nucléaires, mais la vérité c’est que, pour commencer, les autres nations doivent faire au moins les mêmes efforts que ceux que nous avons consentis. N’oublions pas que 90 % de l’arsenal nucléaire mondial est russe et américain !
Vous ne manquez jamais une occasion d’être le « VRP » de l’industrie française d’armement à l’export. Où en sont le dossier de l’achat du Rafale par le Brésil et les négociations avec les Emirats arabes unis et la Suisse ?
Nous sommes confiants. Les Brésiliens ont annoncé une décision autour du 15 mai. Les discussions progressent de manière constructive avec les Emirats. La Suisse, quant à elle, a terminé ses essais comparatifs, et je ne doute pas que les résultats soient extrêmement favorables au Rafale. J’ai proposé à nos amis suisses de pouvoir profiter de notre espace aérien car le leur est contraint, et de mettre à leur disposition des facilités sur la base aérienne de Luxeuil. Nous pourrions même avoir une maintenance commune sur les avions.
La France s’apprête à vendre à la Russie un important navire militaire, un bâtiment de projection et de commandement (BPC). Les Américains ne voient pas cela, dit-on, d’un très bon œil…
Qui peut croire un instant que cela va bouleverser l’équilibre stratégique du monde ? Je pense qu’il est temps de démontrer que l’on peut avoir autre chose qu’un beau discours avec la Russie. Nous ne pouvons pas parler d’un climat de confiance, de paix et de sécurité en Europe, et faire comme si le mur de Berlin n’était pas tombé.
Face à Boeing, la firme EADS peine à pouvoir participer en toute transparence au très important appel d’offres américain – de plusieurs centaines de millions d’euros – portant sur l’achat d’avions ravitailleurs. Ce dossier assombrit-il les relations franco-américaines ?
Les Américains donnent des leçons sur la liberté du commerce et la libre concurrence pure et parfaite ! N’oublions pas que ce marché, nous l’avions remporté à l’origine.
On ne reste pas ministre de la Défense toute sa vie. Si vous deviez quitter votre responsabilité demain, de quoi resterez-vous le plus fier ? Avez-vous des regrets ?
Il y a des projets que je porte depuis….
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