Sur son lit d’hôpital, le caporal accuse la Légion (J.-C.S.)

Hospitalisé depuis le 1er avril à Carcassonne, suite à un accident pour un travail, inadapté selon lui, un caporal du 4 e RE raconte son parcours du combattant…

« On nous dit que la légion c’est une grande famille, où l’on est solidaire : c’est la super désillusion. Quand quelqu’un est cassé, je sais que la Légion s’en fout. Je reviens du Tchad où j’ai ramené deux copains en morceaux dans des sacs plastiques, leurs femmes se démènent encore pour avoir une aide. Moi, je suis maintenant handicapé à 99 %. Peut-être que je monte à l’échafaud, mais tant pis, je vais me battre, il faut que les chefs assument« .

« Tu vas ramasser ». Le caporal Bruno Lavenant appartient au 4 e RE de Castelnaudary. Allongé sur son lit d’hôpital à Carcassonne, le légionnaire raconte :  » En 2006, à la suite d’une expertise médicale faite par un médecin militaire, j’ai été exempté définitivement de port de charges lourdes parce que j’ai de graves problèmes au dos.

Après six ans d’armée, j’ai été affecté en août 2009 à Castelnaudary. Au bout d’un certain temps, on m’a demandé de manipuler des cartons, malgré mes protestations. Durant deux semaines, on a déchargé à trois entre 10 et 14 tonnes de matériel chaque jour. Une semaine avant l’accident, je suis allé voir mon chef de service pour lui demander de résilier mon contrat, même si je suis tout proche de la retraite militaire, car je ne pouvais vraiment pas faire ce travail-là. Personne n’a rien voulu savoir, on m’a dit « c’est pas grave, tiens jusqu’au mois de juin ». Le vendredi 26 j’ai livré un camion de frais et de surgelé et en déchargeant j’ai eu une violente douleur, comme une électrocution. Je suis resté immobile longtemps. J’ai mis quatre heures pour faire les 120 kilomètres du retour. Le chef de section m’a laissé un message sur mon portable : « Reviens au régiment ou tu vas ramasser, c’est du cinéma, tu vas ramasser«  ».

Des explications. Le légionnaire précise que lorsqu’il arrive à la caserne le vendredi, il se trouve désemparé car, « à 5 minutes du week-end« , dans les bureaux, il n’y a plus personne, les « chefs de sections et de services sont partis« . Selon le témoignage du soldat, alors qu’il rencontre le lundi 29 mars le médecin du régiment qui lui signe « un arrêt de travail« , ce dernier est très surpris de voir le caporal affecté à un tel service. Il aurait aussitôt téléphoné au capitaine pour avoir « des explications« . Pourtant, mardi dernier, Bruno Lavenant apprend par le biais d’un autre légionnaire que le cahier de rapport mentionne qu’il sera puni pour ne pas s’être « rendu au travail« . Hypothèse qui semble confirmée par sa hiérarchie qui lui reproche de ne pas « avoir rendu compte » de l’événement. (Lire en encadré) Pression. Hospitalisé à Carcassonne depuis le 1 er avril, sept jours plus tard, le légionnaire « craque » et contacte la presse, ainsi qu’un avocat.

 » Depuis, le téléphone n’arrête pas de sonner, alors que jusqu’ici je suis resté seul comme un chien. Il a fallu sept jours pour que je puisse avoir un slip et des chaussettes de rechange… Maintenant, c’est la pression. Le commandant d’unité m’a dit, « Pourquoi tu nous mets dans cette merde en contactant la presse ? ». Depuis….

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Procédure amiable ou judiciaire (Midi libre)

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